Faits Divers

Incendie à l’entrepôt de Shoprite : le dernier foyer circonscrit après 44 heures

Sandesh Dineshwar Domah, aussi connu comme Sandesh, s'était retrouvé prisonnier des flammes dans l'entrepôt de Shoprite.

Les pompiers sont parvenus à éteindre, mardi après-midi, le terrible incendie qui s’était déclaré à l’entrepôt de l’hypermarché Shoprite, à Trianon, 44 heures plus tôt. Cependant, Dineshwar Domah, 24 ans, qui a été piégé par les flammes, demeure introuvable. La douloureuse attente se poursuit pour son père, Purmessur, et ses proches.

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La journée de mardi a été chargée pour les combattants du feu. Une nouvelle stratégie a été adoptée afin de venir à bout du quatrième foyer d’incendie dans le bâtiment de 500 m2. Les sapeurs-pompiers ont de nouveau fait face à une épaisse fumée noire et à une forte chaleur émanant de l’entrepôt.

Sous le commandement de l’Acting Chief Fire Officer de la Fire Rescue Services, Asok Kumar Kehlary, les pompiers sont passés à l’offensive. « Nous avons augmenté nos capacités, afin de circonscrire l’incendie. Nous faisons face à des feux épars que nous arrivons à maîtriser », explique un des responsables des opérations.

Au moins soixante autres sapeurs-pompiers de diverses stations ont participé aux opérations, effectuant des relais. Les soldats du feu ont utilisé douze jets et ont augmenté leur arrivée d’eau pour être plus efficaces. « Nous faisons face à une forte chaleur et nos avançons avec une visibilité réduite. Il y a eu de la ventilation latérale et verticale et trois ouvertures ont été faites par la toiture », explique Dorsamy Ayacooty, Assistant Chief Fire Officer, également sur place pour les opérations.

Purmessur Domah n’a pas quitté les lieux
du sinistre.

C’est vers 14 heures que le dernier foyer a été éteint. Mais le combat est loin d’être terminé. Dineshwar Domah, prisonnier des flammes, est toujours porté manquant. « Nous avons commencé un exercice de déblayage. Il y a des boîtes en carton qui obstruent certains accès de l’entrepôt » , ajoute l’Acting Chief Fire Officer.

L’entrepôt est doté de quatre chambres froides. « L’intensité du feu (1 800 °C à 2 000 °C) a endommagé les mécanismes de ces chambres de conservation », ajoute l’officier. Pour l’heure, lors d’une première vérification dans ces chambres, les pompiers n’ont pas trouvé le jeune homme disparu.

À 20 heures mardi, plusieurs soldats du feu se sont rendus sur place, afin d’enlever les débris qui restent de ce sinistre. « Nous avons espoir de retrouver le disparu », dit Dorsamy Ayacooty. Les recherches se poursuivent.

À ce stade les enquêtes menées par la Central Investigation Division de Rose-Hill et l’unité de la Fire Investigation Unit n’ont encore rien révélé sur l’origine de ce sinistre. Les sapeurs-pompiers attendent que la situation se stabilise, afin de procéder à de plus amples vérifications dans l’entrepôt.

«pa kapav kit mo zanfan»

La famille du jeune homme disparu est toujours sans nouvelle. « Mo pa kapav kit mo zanfan mo ale ! Mo pankor manzer, monn zis bwar delo. Mo diabetik, mo pran zis mo bann konprime », lache Purmessur Domah, 57 ans. Depuis dimanche, ce père de famille n’a regagné son domicile que pour quelques minutes. Ses proches et lui ne quittent plus l’enceinte de l’entrepôt.


Ashok Kumar Kehlary, Acting Chief Fire Officer : «Nous ne sommes pas sous équipés»

Ashok Kumar Kehlary a souligné que les produits stockés dans l’entrepôt ont dégagé de la fumée toxique. « Il faut faire ressortir que les pompiers ont travaillé dans des conditions difficiles. Les couloirs étaient obstrués par les marchandises. Mais nous pouvons rassurer tout le monde que nous disposons de  tous les équipements nécessaires », a-t-il affirmé.

Les hommes disposaient de quatre pompes de la marque Rosebauer. « Cette pompe est si puissante qu’elle peut remplir une piscine olympique en quatre minute », a confié un soldat du feu.


Les pompiers ont avancé à l’aveugle dans une fournaise

Les premières enquêtes n’ont encore rien révélé sur les causes de l’incendie.

Plusieurs éléments expliquent pourquoi cet incendie de l’entrepôt de l’hypermarché Shoprite a duré presque 48 heures. L’absence de visibilité et la sécurité des pompiers en sont les raisons majeures. C’est ce qu’a affirmé Ashok Kumar Kehlary, Chief Fire Officier par intérim. «  Les pompiers ont souvent dû rebrousser chemin après dix mètres de progression, car leur sécurité était menacée.  »

L’entrepôt abritait quatre foyers d’incendie qui étaient alimentés par des piles de boites d’une hauteur de cinq mètres. Ces boites renfermaient des bouteilles de parfum, des détergents, des boissons alcoolisées, entre autres produits.

Selon une source de la Government Fire and Rescue Service (GFRS), ces colonnes de feu menaçaient le bâtiment et il fallait que les pompiers passent devant pour éteindre le brasier. Les pompiers ont utilisé près de 1 000 bouteilles d’oxygène.

C’est là qu’intervient l’élément de sécurité. Avec une personne déjà portée manquante, pas question de perdre un pompier ou d’en blesser un. Les soldats du feu ont donc procédé pas à pas et ont évalué les dangers tous les cinq à dix mètres.

La disposition des étals, l’étroitesse des allées, ne permettaient pas aux pompiers d’avancer librement. De plus, avec l’incendie, plusieurs tonnes de débris s’étaient répandues au sol, obstruant le passage. Avec une température à faire fondre le métal et la fumée aveuglante, le tout dans un espace confiné, la tâche des pompiers était plus que compliquée. C’est pourquoi ils ont mis du temps pour arriver au dernier foyer, afin de le confiner à une étendue de 100 mètres carrés avant de le circonscrire.

Stocks en partie épargnés

Une équipe de la GFRS a effectué un premier constat visuel après que l’incendie a été éteint. Cette source souligne que les stocks de marchandises, situés sur les côtés ouest et nord de l’entrepôt, ont été en partie épargnés par l’incendie. Quant à l’hypermarché Shoprite, l’eau a pénétré par le côté nord, causant des dégâts minimes près des étals de poissons.

De la fumée a aussi envahi l’hypermarché, mais pas de dégâts majeurs à signaler, à première vue. Il faudra toutefois attendre le rapport des experts. Quant à l’entrepôt, des débris jonchent le sol et une première équipe de Search and Rescue de la GFRS a dégagé une voie pour faciliter l’accès pour une autre équipe. Celle-ci recherche l’employé disparu et fouille chaque mètre carré de décombres.

Toutefois, la cause de l’incendie reste inconnue. Les débris et l’eau ont altéré les éléments qui pourraient donner des renseignements sur l’origine de l’incendie. Une source indique que la police, les pompiers et les éléments du laboratoire scientifique enquêteront à partir d’aujourd’hui.


Deux réunions du comité de crise en moins dix heures

Un comité de crise a été mis sur pied, mardi 14 novembre sous la présidence du ministre des Collectivités locales, Mahen Jhugroo. Ce comité est composé des représentants des pompiers, de la police, de la Special Mobile Force, du Groupement d’Invention de la police mauricienne (GIPM), du ministère de l’Environnement, du ministère de la Santé, du Forensic Science Laboratory (FSL), de la mairie de Quatre-Bornes. 

Une équipe du ministère de l’Environnement a effectué des tests dans les zones d’habitation des environs du Trianon Shopping Park, à Sodnac, Jumbo Phoenix et Trianon. Le Permanent Secretary du ministère, Soodevi Soobron, a expliqué que ce sont des appareils appelés Portable Gaz Analyzers qui ont été utilisés pour ces tests. «  Nous avons envoyé les échantillons prélevés lundi pour analyses. Les résultats démontrent que l’air ne contient pas d’éléments dangereux comme du nitrogène dioxyde, entre autres. » Aucune plainte n’a été déposée à la mairie de Quatre-Bornes pour pollution, selon la mairesse Soolekha Jepaul-Raddhoa.

Une asthmatique a eu du mal à respirer lundi

Les fenêtres des maisons situées à l’arrière du Trianon Shopping Park sont fermées. Les ruelles étaient désertes mardi après-midi. Les habitants ont préféré rester enfermés chez eux. Chez la famille Joyekorun, Esha explique que c’est lundi après-midi que l’atmosphère est devenue invivable. « C’est lorsque les pompiers ont ouvert le toit de l’hypermarché que les fumées épaisses se sont échappées. Avec le vent, l’air est devenu irrespirable. Ma sœur a éprouvé des difficultés à respirer, elle souffre d’asthme. » Même son de cloche pour Sanan qui habite la localité. Ce père de famille précise avoir fermé les fenêtres et les portes de sa maison. « Nous avons eu dû mal à respirer lundi. Heureusement, ce ne fut plus le cas mardi. Nous nous sommes enfermés pour ne être malades.»

 

 

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