Victime d’un accident du travail en 2018, Jean Alain Mootoosamy, 57 ans, perd sa main droite. Il peine depuis à retrouver un emploi. Il a réclamé des dommages de plus de Rs 7 millions à son ancien employeur devant la Cour suprême.
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Une victoire ? Pas tout à fait. Mais au moins, cet argent lui permettra de financer les études de ses deux enfants, vu qu’il ne travaille pas. Jean Alain Mootoosamy, 57 ans, a obtenu Rs 1,9 million à l’issue d’un accord avec son ex-employeur, le 5 mai. Il l’avait traîné devant la Cour suprême, lui réclamant des dommages de Rs 7 484 520 après qu’un accident du travail lui a coûté la main droite.
« Cet argent n’est pas suffisant pour ce que j’ai vécu », lâche Jean Alain Mootoosamy. Le jour où sa vie a basculé, il s’en rappelle comme si c’était hier. Et pourtant, confie ce père d’une fille de 13 ans et d’un garçon de 9 ans, « je tente tant bien que mal d’oublier… en vain. Ma vie ne sera plus jamais la même. Cet accident a laissé des séquelles à jamais dans ma vie ».
Nous sommes le 15 juin 2018. Jean Alain Mootoosamy se trouve sur son lieu de travail à Terre-Rouge. Il exerce comme « machine operator » pour une compagnie engagée dans la fabrication de tuyaux PVC. Ce jour-là, il a pour tâche de nettoyer un mixer. « Alors que je nettoyais la machine, j’ai glissé sur le sol qui était humide. En perdant l’équilibre, ma main droite s’est retrouvée sous la machine », raconte-t-il.
SOUTIEN FAMILIAL
Grièvement blessé, il est conduit d’urgence à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, à Port-Louis. Une radiographie révèle que plusieurs os de sa main droite ont été fracturés. Le quinquagénaire subit une intervention chirurgicale au cours de laquelle quatre de ses doigts sont amputés. Il ne lui reste alors que son pouce.
Après avoir passé quatre mois à l’hôpital, Jean Alain Mootoosamy est autorisé à regagner sa demeure. Mais sa vie n’est plus la même. Souffrant d’atroces douleurs, il finit par subir une seconde intervention chirurgicale en juin 2019. Sa main droite est alors amputée. Outre la physiothérapie, il suit toujours des traitements à l’hôpital.
« Il fallait qu’on s’occupe de moi, qu’on m’aide pour m’habiller. » En raison de son handicap, il ne peut plus pratiquer de sport. Ni faire du vélo ou de la moto. Comme un malheur ne vient jamais seul, son épouse Marie, qui est la seule à subvenir aux besoins de la famille depuis son accident, perd son emploi en novembre 2019, la compagnie pour laquelle elle travaillait ayant fermé ses portes. Jean Alain Mootoosamy tente alors de trouver un job au sein de son ancienne entreprise. En raison de son état de santé, il rentrera bredouille.
Il veut retravailler
Depuis janvier 2020, Jean Alain Mootoosamy bénéficie d’une prothèse. L’adaptation prend du temps, confie-t-il. Il fait tout pour y arriver, d’autant qu’il veut pouvoir retravailler. Il dit avoir postulé un emploi de vigile l’année dernière. « Je garde espoir d’obtenir ce poste. » Jean Alain Mootoosamy veut pouvoir épauler son épouse. « Elle ne s’est jamais découragée. Elle est une battante et je veux suivre son exemple. En dépit du fait que la compagnie pour laquelle elle travaillait a fermé ses portes, elle a immédiatement trouvé un autre emploi. Elle est dans le secteur du nettoyage. »
Mon épouse et mes enfants ont toujours été là pour moi"
La famille ne peut que se fier sur la pension d’invalidité de Rs 14 000 qu’il touchait. « Maintenant, je ne reçois aucune aide sociale. » C’est Caritas, poursuit le quinquagénaire, qui leur est venu en aide. « Sans Caritas, cela aurait été difficile de s’en sortir. »
Toutes ces épreuves auraient pu le faire sombrer. Au contraire, sa famille, dit Jean Alain Mootoosamy, a été un roc pour lui. C’est grâce à l’amour inconditionnel et le soutien de son épouse qu’il dit avoir pu retrouver goût à la vie et reprendre ses activités du quotidien. « Mon épouse et mes enfants ont toujours été là pour moi. Ils m’ont soutenu énormément et m’ont aidé à surmonter cette épreuve si pénible. »
Le procès
C’est le 23 mai 2019 que Jean Alain Mootoosamy s’est tourné vers la Cour suprême pour réclamer des dommages de Rs 7 484 520. Sa plainte était dirigée contre son ancien employeur et la Mauritius Union Assurance Co. Ltd (MUA), qui assurait les salariés.
Dans sa plainte, Jean Alain Mootoosamy avait accusé la compagnie d’avoir failli à ses obligations d’assurer la sécurité de ses employés en leur fournissant des équipements adéquats pour éviter qu’un tel incident se produise. Il avait retenu les services de Mes Vikash Rampoortab et Bebakur Rampoortab (avoué).
Le 5 mai 2022, à l’appel du procès devant la juge Shameen Hamuth Laulloo, Me Emilie Doger de Speville qui remplaçait Me Patrice Doger de Speville, Senior Counsel, a fait savoir qu’un accord a pu être trouvé entre les parties. Me Vikash Rampoortab ayant confirmé ses dires, la juge a ratifié l’accord.
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