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Hygiène dans les hôpitaux : des recommandations pour réduire les infections nosocomiales 

Selon un rapport du ministère de la Santé et de l’OMS, les hôpitaux publics locaux sont des foyers d’infections et ne répondent pas aux normes internationales.

Les hôpitaux locaux sont des foyers d’infections et sont loin d’être aux standards internationaux concernant l’hygiène. C’est ce qu’indique un rapport conjoint de l’Organisation mondiale de la santé et du ministère de la Santé en date de décembre 2021. Les infections nosocomiales sont un problème majeur. Des solutions sont proposées pour remédier à la situation. 

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Les infections nosocomiales qui sont attrapées par des patients et le personnel soignant sont un problème majeur depuis des années à Maurice. C’est ce qu’indique un rapport de l’OMS et du ministère de la Santé. Il fait aussi ressortir que Maurice est un mauvais élève en matière d’hygiène et très loin des standards internationaux. 

« Les infections en milieu hospitalier sont une menace significative pour la sécurité des patients et des personnes qui travaillent dans le secteur. Il y a un besoin d’améliorer les traitements, d’empêcher de futures contaminations et d’établir une culture de sureté dans les centres de soins de santé », fait observer le rapport. Une panoplie d’initiatives est préconisée pour améliorer la situation. 

Un médecin généraliste dans le privé explique qu’une infection nosocomiale est en principe absente au moment de l’arrivée du patient et se déclare au minimum 48 heures après l’admission. « C’est le temps d’incubation pour considérer que le contact avec l’agent infectieux a bien eu lieu pendant l’hospitalisation et pas avant. Cette contamination peut se faire au moment des soins prodigués ou en dehors de tout acte médical », explique notre interlocuteur. 

Protocole

Afin d’améliorer la situation, le médecin estime que l’accent doit être mis sur un protocole pour les différents gestes médicaux et paramédicaux. Les bonnes pratiques d’hygiène, la formation des professionnels, la surveillance des infections acquises à l’hôpital sont primordiales. 

« A priori on a deux espaces bien définis dans un système hospitalier, l’espace à haut risque qui comprend les salles d’opération, les soins intensifs et les espaces moins risqués. L’idéal pour les espaces à moindres risques serait d’avoir un protocole simple. Pourquoi pas un seul produit ? Le Tersano, par exemple. C’est un nettoyant et un désinfectant à la fois. C’est un bactéricide et un virucide agréé, entre autres, par la Food and Drug Administration (FDA). Une solution aqueuse d’ozone stabilisée est obtenue à partir de l’eau courante », ajoute notre interlocuteur. 

Adhésion aux normes sanitaires 

Pour sa part, le Dr Harry Phoolchand, qui est spécialisé en médecine du travail, fait observer que ce problème ne date pas d’aujourd’hui. Il y a eu d’autres rapports sur les infections nosocomiales dans le passé. 

« Il y a une hausse du nombre de cas. Environ dix-huit sur 100 patients contractent une infection en milieu hospitalier. Des audits ont montré que des personnes retournent chez elles avec une infection », regrette le médecin. 

Il déplore que des employés du service de santé ne respectent pas les normes. « Très souvent avec la charge de travail, le personnel hospitalier oublie de se désinfecter les mains. Il n’y a que 12 % qui adhèrent aux règles. Il y a aussi ceux qui se plaignent qu’il n’y a pas de solutions hydroalcooliques ou de papier pour s’essuyer les mains. Les employés doivent avoir à porter de mains ce qui est nécessaire pour respecter les normes sanitaires après avoir ausculté ou donné des soins à un patient », poursuit-il. 

Infrastructures

Le Dr Harry Phoolchand ajoute que les infrastructures adéquates sont de mise pour offrir un meilleur soin aux patients. « Revenant au gel hydroalcoolique, on doit en avoir un peu partout et pas uniquement dans des nursing stations. Or, il y a un manquement au niveau des infrastructures. Si on souhaite remédier à la situation, une amélioration des infrastructures s’impose. » 

Culture 

Pour ce dernier, il s’agit aussi de culture et de sensibilisation. « C’est facile d’organiser des séminaires pour le personnel hospitalier. Il faut que les employés adhèrent à un changement de culture. S’il y a des manquements, c’est également dû au fait que certains sont insouciants. C’est une attitude qu’il faut changer. Il faut de plus un bon leadership pour qu’on puisse inspirer aux employés à faire des efforts sur le plan de l’hygiène surtout quand ils prodiguent des soins aux patients. » 

Mentalité 

D’autre part, notre interlocuteur préconise un changement de mentalité des Mauriciens. « C’est un fait que souvent l’état des infrastructures dégénère à cause des Mauriciens qui ne les valorisent pas. Ils endommagent des infrastructures, par exemple, des toilettes. Cependant, la situation s’est améliorée quand on a rendu des toilettes payantes. C’est là qu’ils ont changé de comportement. À ce niveau, un changement de mentalité est impératif. » 

Nettoyage régulier 

Pour le médecin, la Covid-19 a fait réaliser que les infections se propagent rapidement s’il n’y a pas une bonne hygiène et un respect des règles sanitaires. Pour le Dr Harry Phoolchand, le nettoyage régulier des hôpitaux est de rigueur. « Il y a plusieurs produits pas chers qui peuvent être utilisés pour la désinfection, surtout les surfaces les plus utilisées. Ce qui peut facilement se faire après chaque patient. »

Meilleure gestion

Il ose espérer que ce rapport ne va pas dormir dans un tiroir comme les précédents et que les actions préconisées seront mises en application. « Il faut mettre sur pied un système avec des personnes responsables de l’hygiène. Une meilleure gestion aiderait grandement à réduire les infections nosocomiales », dit-il. 

Des systèmes de surveillance souhaités

La sensibilisation et la formation du personnel soignant sont préconisées. Une autre mesure recommandée est d’instaurer des systèmes de surveillance pour s’assurer que les normes soient respectées. Il est aussi conseillé de revoir le fonctionnement de la structure de surveillance existante au ministère de la Santé. Un National IPC Committee aura la tâche d’élaborer et de mettre en place des stratégies et des politiques, mais aussi d’enquêter sur des cas d’infections en milieu hospitalier. Le rapport fait aussi mention que des Regional IPC Committees comprennent les responsables des ressources humaines, des médecins, microbiologistes, pharmaciens d’hôpital, administrateurs d’infirmiers, Charge nurses et Ward managers, mais aussi une Infection control nurse. La sécurité du patient est recommandée, afin d’éviter qu’il n’attrape des maladies et ne développe des pathologies. Ce qui permettrait d’éviter des décès.

Ashwamed Dinassing, directeur des services de santé : «Nous étudions la possibilité de former le personnel soignant pour un protocole de désinfection plus efficace»

« Il y a un programme appelé Infection Prevention and Control (IPC). La désinfection des hôpitaux se fait tous les jours et même plusieurs fois par jour quand il le faut. Dans chaque centre de santé, il y a du personnel formé pour cet exercice. Nous utilisons un produit préparé à Maurice, selon les recommandations et directives de l’Organisation mondiale de la santé. Si celle-ci nous conseille d’utiliser un autre produit, le sujet sera étudié évidemment. Nous envisageons la possibilité d’avoir un diplôme pour les infirmiers et infirmières quant à l’IPC. La formation de plus de personnes permettra d’avoir un protocole de désinfection plus efficace.»  

Maurice mauvais élève 

Selon le rapport, Maurice observe 25 % des normes pour empêcher les contaminations à la Covid-19 en milieu hospitalier. Un autre exemple : seuls 8 % des patients qui avaient besoin d’être isolés pour pouvoir guérir l’ont été. De plus, seulement 13 % du personnel soignant était vacciné contre l’influenza. Le risque qu’un patient hospitalisé attrape une pneumonie était de 9,5 %, alors que le risque d’attraper une infection lors d’une intervention chirurgicale était de 17 %. La prévalence d’organismes résistants aux médicaments dans le service des soins intensifs était de 68 %. Des antibiotiques étaient prescrits pour les bonnes raisons à l’hôpital dans 47 % des cas.

 

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