En septembre 2012, le métier d’huissier a été libéralisé à la suite d’un amendement au Court Usher’s Act. Dix ans après, on dénombre environ 15 huissiers libéraux à Maurice. Le point avec Swadick Jaddoo, le plus jeune de la profession, et le doyen, Aboo Saoud Saumtally.
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Après 13 ans comme huissier de la cour, Swadick Jaddoo quitte la fonction publique en juin 2022. Un mois après, il obtient sa licence pour devenir huissier libéral dans le privé. Âgé de 39 ans, il est le plus jeune de cette profession libre. Cela fait six mois qu’il a rejoint le bureau de son mentor, Aboo Saoud Saumtally. Âgé de 77 ans, cet ancien chef huissier de la cour est le doyen de la profession. Ils occupent un bureau dans une suite du St James Court, à Port-Louis.
Pourquoi avoir quitté la fonction publique pour rejoindre le privé ? « La principale raison est que je voulais me mettre à mon compte. Une des principales attributions du métier d’huissier, en général, est la remise des documents légaux aux parties ou, comme on le dit, la signification des documents », explique Swadick Jaddoo. « Ce n’est pas aussi simple que l’on pourrait le penser. Ce n’est pas comme si je prends ma voiture et je vais à une adresse et que la personne en question va m’attendre », ajoute-t-il.
Un travail de recherche en amont s’impose. Évoluant désormais dans le privé, il dit avoir plus de temps à consacrer à cette tâche. « J’ai senti que, pour pouvoir me donner à 100 % à ce travail, je devais rejoindre le privé. »
L’huissier de la cour, en revanche, doit remplir, pour ainsi dire, deux fonctions. Il doit se rendre en cour pour s’acquitter de ses tâches administratives. Ce n’est que dans l’après-midi qu’il sort pour effectuer la signification des documents aux parties concernées ou encore le travail de terrain.
Les avoués se tournent de plus en plus vers nous pour faire servir leurs documents. L’huissier libéral est réputé pour sa rapidité et aussi sa flexibilité»
S’il a rejoint le privé, confie Swadick Jaddoo, c’est également en partie grâce à l’ancien chef huissier Aboo Saoud Saumtally. Celui-ci est le premier à avoir prêté serment comme huissier libéral en septembre 2012. « Il m’a convaincu de rejoindre son bureau et qu’il a déjà une clientèle. Une fois rassuré, j’ai décidé de sauter le pas. Aujourd’hui, nous avons établi un partenariat. »
Si Swadick Jaddoo est conscient que la plupart des huissiers libéraux sont des huissiers de la cour à la retraite, il se dit convaincu que cela reste un métier à pourvoir. « Je suis content d’avoir fait le pas. C’est vrai que dans la fonction publique, j’avais un salaire fixe, mais je n’avais pas l’impression de m’épanouir. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Je découvre de nouvelles aventures. Je suis en contact direct avec des avocats, notaires et avoués, entre autres. »
L’avantage du métier d’huissier libéral, fait-il ressortir, est qu’il est appelé à faire des constats, des inventaires et aussi la signification de saisies de biens immobiliers et véhicules, entre autres. Aussi, à la différence de certains huissiers de la cour, il peut opérer et servir des documents à travers le pays. A contrario, ceux qui sont rattachés à un tribunal précis peuvent uniquement desservir leur juridiction.
Swadick Jaddoo concède néanmoins que ce n’est pas un métier facile et que l’écart de salaire entre le privé et la fonction publique n’est parfois pas grand. « Quand nous allons signifier à une personne un ordre d’éviction, il faut être accompagné de la police. Cela est aussi le cas pour les ordres de saisie », fait-il savoir.
Quant à Aboo Saoud Saumtally, qui est aussi le responsable des relations publiques des huissiers libéraux, il avance que ce métier présente bien des avantages. « Les avoués se tournent de plus en plus vers nous pour faire servir leurs documents. L’huissier libéral est réputé pour sa rapidité et aussi sa flexibilité. » Libéré de ses fonctions de la cour depuis sa retraite, il a plus de temps à consacrer à cet aspect de son travail.
Toutefois, il se dit attristé que sa profession ne bénéficie pas d’un statut semblable à celui des avoués et des avocats du privé. Des réformes s’imposent pour qu’il puisse fonctionner avec plus d’efficacité, martèle-t-il. « Ailleurs dans certains pays, les huissiers peuvent eux-mêmes vendre à l’encan une voiture saisie. Ici, ce travail est confié à un encanteur. C’est dommage car, souvent, c’est nous qui faisons tout le travail de recherche pour traquer le véhicule. Mais c’est l’encanteur qui touchera une commission sur la vente de la voiture, dont la saisie a été signifiée par l’huissier libéral », fait savoir Aboo Saoud Saumtally. Autre contrainte : la loi ne permet pas, selon lui, de signifier un document légal par courriel.
Les huissiers libéraux se sont regroupés en association et attendent d’être reconnus pour pouvoir se hisser au niveau des huissiers internationaux. Pour Aboo Saoud Saumtally, il reste encore « un long chemin à faire ».
Parcours du plus jeune huissier libéral
Après ses études secondaires, Swadick Jaddoo travaille pendant cinq ans comme clerc d’avoué à l’étude de Me Anwar Abbasakoor. Après quoi, il entreprend des études de droit par correspondance. En février 2008, à l’âge de 24 ans, il rejoint la fonction publique comme Clerical Officer. Il postule entre-temps le poste d’huissier de justice. Il participe et réussit aux examens prescrits par les juges de la Cour suprême. Il entame alors sa carrière d’huissier de la cour en juillet 2009.
Salaire : entre Rs 50 000 et Rs 100 000 par mois
En moyenne, un huissier libéral peut toucher entre Rs 50 000 et Rs 100 000 par mois. Toutefois, ils ont des frais de location et aussi le salaire du personnel à gérer. Pour ceux de la profession, la question de salaire dépend de l’assiduité au travail et de la réputation que s’est bâtie la personne.
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