La signature d’un partenariat entre l’horloger mauricien Mikado et le bijoutier de Dubaï, Jawhara, le 9 décembre, marque une étape de développement importante pour l’enseigne mauricienne. Ses produits artisanaux sont désormais fabriqués à Dubaï et distribués dans toutes les succursales de Jawhara.
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«C’est un partenariat de prestige pour Mikado, puisque notre enseigne étend son rayonnement dans les principaux pays du Moyen-Orient », expliquent Rajen et Anand Chakowa, deux des principaux directeurs de la compagnie Mikado et formés en horlogerie en Angleterre et en Afrique du Sud.
Le 19 décembre, à leur principal bureau, situé à Bell-Village, la journée va s’étendre jusqu’à tard dans la nuit. « On va faire la tournée de nos principales succursales, c’est à cette période que nous réalisons nos meilleurs chiffres d’affaires. Nous l’avons toujours fait, mais chaque réveillon de Noël, nous tenons à vérifier le rythme des ventes, le profil des clients et leurs choix », fait observer Rajen Chakowa.
Avec ses 13 magasins situés à travers Maurice, l’enseigne s’apprête à célébrer son demi-siècle d’existence. Dans le rétroviseur, les deux frères – l’aîné Vic vient rarement à Bell-Village depuis quelques ennuis de santé - revoient encore le petit atelier de Vacoas, où leur père Manilall réparait les premières montres Seiko de Maurice.
Montres Seiko
L’atelier a vu le jour vers la fin des années 1950, lorsque leur père, horloger de formation, se voit confier le service après-vente des montres Seiko, importées par la famille Currimjee. « Avant d’aller à l’école, Vic et moi passaient à l’atelier puis en revenant, nous y nous retournions, ce qui nous a permis de nous familiariser avec la mécanique de l’horlogerie », raconte Rajen.
Durant cette période pré-indépendance, les principaux clients de Manilall sont le personnel de la Royal Navy et les montres avaient pour noms Mestis, Nelson et autre Civic, hormis la japonaise Seiko. Mais, bientôt, à la demande des Currimjee, Manilall part installer son atelier Manilall & Sons dans un endroit plus spacieux, à la rue Sir William Newton, à Port-Louis, où ils assurent officiellement le service après-vente de Seiko.
« À l’époque, cette marque se vendait à Rs 700, une grosse somme, mais Seiko était le numéro un de la montre au Japon », fait observer Anand. Mais, visionnaires, les Chakowa savent qu’il faut se diversifier, en enrichissant leur offre. C’est la raison qui emmènera Rajen à Tokyo pour engager des discussions avec l’agence Orient. « Notre agent là-bas leur a expliqué que nous commercialisions déjà la marque Seiko.
Pour les fabricants d’Orient, c’était donc un gage de sérieux, et ils souhaitaient que leur marque soit aux cotés de Seiko. C’est comme ça que nous avions obtenu leur confiance ».
Ils passeront une première commande de 150 montres Orient. Deux ans plus tard, la commande est de 3 000 pièces. La raison est simple, explique Rajen : « La stratégie de marketing, dès le départ était simple : nous avons voulu vendre des montres de bonne qualité, à un cran en-dessous de la haute gamme, mais dans un espace luxueux, et servie par des vendeuses formées. Depuis toujours, nous avons maintenu la qualité des services, surtout celui de l’après-vente ».
Marques japonaises
Si au Japon, Orient se classe après Seiko et Citizens, à Maurice, c’est Orient qui trône au classement des marques japonaises. C’est qu’après avoir perdu Seiko, et devenant ainsi les concurrents des Currimjee, la famille Chakowa a mis le paquet sur la promotion de Orient, devenue un peu leur ‘bébé’. « Nous avons créé un rallye Orient, qui a connu un succès retentissant, puis Orient a sponsorisé la MBC. C’était suffisamment pour lancer et consolider Orient à Maurice ».
Graduellement, le développement économique de Maurice aidant, Mikado a enchaîné l’ouverture d’autres succursales, d’abord à Rose-Hill, suivie de Quatre-Bornes et une deuxième à la rue Desforges. En 2016, l’enseigne, avec ses 13 magasins et ses 40 salariés, était devenue la première horlogère de Maurice.
Mais, en véritables observateurs des mutations socio-économiques de Maurice, tant en régions urbaines que rurales, les frères Chakowa étudient en détails leurs offres et la clientèle.
« Dans un passé pas trop récent, nous avons observé que certains centres et autres galeries s’étaient implantés dans des régions sans aucune véritable étude de marché au préalable. Nous, comme d’autres commerçants, nous avons dû fermer boutique ».
Les tissot à Rs 40000
Une des conséquences de ces mésaventures est que les frères Chakowa tiennent, aujourd’hui, en ligne de compte la composition sociale des localités où leurs enseignes sont implantées et leurs offres sont déterminées par le pouvoir d’achat des habitants.
« Dans certaines régions, nous ne mettons pas en vente des montres trop chères, mais les clients peuvent en passer commande. En revanche dans les malls, nous offrons une palette complète de montres et de toutes les marques de notre catalogue. Les grands centres commerciaux urbains et du littoral ont l’avantage de posséder un espace parking très grand, puis ils restent ouverts jusqu’à tard et, enfin, tous possèdent un foodcourt.
Dans un de nos magasins situés dans une localité modeste, on peut vendre un Casio dans la fourchette de Rs 1 500 à Rs 5 000. Dans une autre, installée dans un coin chic, dans la même marque, on trouve des Casio entre Rs 15 000 a 25 000. Mais le plus cher reste les Tissot, dont des exemplaires se vendent à Rs 40 000 ».
À l’heure des smartphones qui remplissent un certain nombre de nos tâches quotidiennes en nous indiquant l’heure, la date, les numéros de téléphone, est-ce que la montre est-elle encore utile ? « Certainement, répondent les frères Chakowa.
La montre est un indicateur de statut social, puis, elle a été conçue de manière pratique, comme celle d’être accrochée à notre poignet. Bien-entendu, elle vit à l’heure du temps, comme la montre assortie d’un smartphone. Mais, depuis ces derniers temps, on revient à la montre classique, fabriquée en Suisse, à la main, numérotée et en petites quantités. Elles sont destinées à des connaisseurs, des collectionneurs, des passionnés ». Mais elles ne sont pas prêtes d’être commercialisées sur le sol mauricien.
« À Mikado, comme d’autres hommes d’affaires, nous attendons d’être rassurés sur le plan économique avant tout nouvel investissement, nous souhaitons consolider nos bases avant tout », font les frères Chakowa.
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