Interview

Hemant Gunnasya, Divisional Officer de la brigade des incendies : «La sécurité pour les bâtiments résidentiels sera réglementée»

Hemant Gunnasya

Révélations du ministre des Collectivités locales : plusieurs bâtiments commerciaux et publics ne détiennent pas un Fire Certificate et ceux abritant des résidences n’ont pas l’obligation d’en avoir. Toutefois, affirme Hemant Gunnasya, Divisional Officer, des services des pompiers, ces manquements au niveau des résidences seront pris en compte par de nouveaux règlements à être promulgués bientôt.

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Quelles sont les procédures pour que les services des pompiers octroient le permis d’opération d’un commerce ?
Selon la Local Government Act, tous les commerces ont besoin d’un permis d’opération. D’abord, il faut que le commerçant soumette sa demande, soit en écrit sur un formulaire, soit via le Online Service, accompagné d’un plan du bâtiment devant abriter le commerce. Et dans les cinq jours qui suivent, notre service effectue une inspection des lieux. On vérifie si les normes établies sont respectées, comme les sorties de secours et les équipements pour combattre le feu, entre autres. Ce n’est qu’à ce moment-là, et à notre satisfaction, que la fire clearance est délivrée.

« Les pompiers ne veulent pas être les arroseurs arrosés ».

Et si ces normes ont été enfreintes ou pas du tout respectées ?
Dans ces cas-là, on accorde un délai d’un mois au commerçant pour remédier à la situation et on effectue une nouvelle inspection. Et si rien n’est à notre satisfaction, on lui accorde un nouveau délai de 15 jours et il a une semaine pour y remédier. Sinon, on annule sa demande et le commerçant devra tout recommencer.

Et, si malgré tout, le commerçant fait fi de vos délais et de votre avertissement d’annulation ?
Il va opérer, certes, mais dans l’illégalité.

Nos lois, comme la Business Facilitation Act, prévoient de permettre à un business de commencer ses opérations et ensuite se tourner vers le côté administratif pour les permis d’opération. N’est-ce pas un misnormer ?
C’est la loi et nous devons faire avec. On est conscient qu’un homme d’affaires, qui veut investir à Maurice, ne va pas attendre longtemps pour démarrer ses activités, sinon il va voir ailleurs. D’où l’esprit de cette loi.

Étrangement, nos lois n’ont aucune disposition pour que les bâtiments à usage strictement résidentiel ne soient dans l’obligation de suivre les procédures pour l’obtention d’un certificat des services des pompiers. Pourquoi ce loop hole ?
Nos lois ne faisaient aucune provision pour les bâtiments résidentiels d’avoir un certificat des services des pompiers. Elle touchaient essentiellement les lieux de travail, comme les hôtels, les industries et une poignée d’autres lieux. Les bâtiments étaient exemptés. Et, à notre niveau, on ne pouvait imposer ces règles de précaution, aussi élémentaires qu’elles soient. Il y avait un loop hole dans nos législations.

Mais de nouveaux règlements devraient entrer en vigueur bientôt et les bâtiments résidentiels tomberont sous nos lois et devront obligatoirement avoir ce certificat des services des pompiers. Tout sera réglementé afin d’assurer la protection des résidents de ces bâtiments, comme des extincteurs, des escaliers de secours qui doivent obligatoirement être munis d’alarmes, d’un shaft, qui est un équipement qui empêche le feu pris dans un lieu spécifique, d’atteindre les deux escaliers de secours, entre autres.

« Pour le bâtiment de 22 étages de Mauritius Telecom, on n’a pas besoin d’un camion à échelle télescopique en cas d’incendie… »

Les services des pompiers possèdent trois camions spécialisés pouvant envoyer des échelles jusqu’au 15e étage d’un bâtiment. Qu’en est-il si ce building dépasse plus de 15 étages, vous pliez bagages ?
Un de ces camions date de 1987 et nous le conservons comme un back-up, un camion de rechange, mais son côté télescopique a besoin d’être réparé et nous devons faire appel à de l’expertise étrangère. Tant qu’à l’autre, il est dormant.

La question était de savoir que se passerait-il si le feu envahit un bâtiment de plus de 15 niveaux…
Prenons un exemple : pour le bâtiment de Mauritius Telecom de 22 étages, on n’a pas besoin d’un camion à échelle télescopique en cas d’incendie, car à l’intérieur de chaque étage, il y a des escaliers pré-sécurisés qui sont déclenchés automatiquement et qui rendent les sorties de secours safe. Puis, à l’intérieur, il y a des tuyaux flexibles (hose) connectés à une source d’eau, des bouches d’incendie.

Pourtant, de ces dizaines de milliers de bâtiments non-résidentiels, quelque 1 314 ne sont pas pourvus de ces précautions élémentaires mais nécessaires pour combattre un incendie, comme la Government House et certaines casernes des pompiers. Comment expliquer un tel manquement ?
C’est peut-être une blessing in disguise qui pousserait certains à abide by the law et s’adapter aux nouvelles normes de sécurité en vigueur depuis quelques années déjà.

Peut-on obliger les propriétaires de vieux bâtiments résidentiels de plusieurs étages de respecter les normes de sécurité alors que rien n’avait été prévu, en termes infrastructurels, pour les accueillir ?
Dans ces cas précis, au niveau des services des pompiers, on effectue des visites des lieux et faisons un constat pour voir dans quelle mesure ces normes de sécurité peuvent être appliquées à ces vieux bâtiments pour le bien des résidents.

Les services des pompiers semblent abattre un bon travail, mais ne sont pas connus du grand public. Un manque de communication de votre part ?
À notre niveau, on mène des campagnes de conscientisation à travers les médias et surtout avec le public à travers des sessions de travail publiques. Tout dépend du public qui écoute nos conseils, car il a aussi sa part de responsabilité. On lui dit qu’il faut placer sa bonbonne de gaz ménager à l’extérieur et si une telle chose est impossible du fait qu’il habite au 4e étage, on lui trouve une alternative. Le citoyen doit veiller à sa propre protection. D’ailleurs, si un citoyen a besoin de nos conseils, nos portes sont ouvertes 24/7 et il y a une hotline, le 154, qui lui est destinée. Puis, nous sommes ouverts aux suggestions.

Par pure curiosité : est-ce que le bâtiment de quelques niveaux qui abrite le quartier général des services des pompiers à rue Deschartres, Port-Louis, respecte les normes de sécurité en termes d’incendie, pour éviter de vous comparer aux cordonniers mal chaussés ?
Nous avons inspecté tous les recoins de ce bâtiment et nous nous sommes assurés que les normes les plus strictes de sécurité d’incendie et autres dangers soient respectées. Sans jeu de mots, les pompiers ne veulent pas être les arroseurs arrosés (rires).

 

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