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Hansraj Shewdeen : Le vieil homme et le rotin

Il est tombé dans la marmite de la vannerie lorsqu’il n’avait que 16 ans. Aujourd’hui, à 90 ans, Hansraj Shewdeen exerce toujours son métier de rotineur. L’âge de la retraite est encore loin de sonner pour lui.

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Sa maison se trouve au fond d’une longue allée en terre. Des chiens aboient sur notre passage. On le voit de loin. Imperturbable, assis sous une varangue ouverte, il s’adonne au cannage d’un sofa. On explique à Hansraj Shewdeen le but de notre visite et il nous invite à nous asseoir.

Le vieil homme est une figure très connue à Chemin-Grenier, non seulement pour ses travaux en rotin et en osier, mais aussi son talent de chanteur. On continue de faire appel à lui pour chanter dans des mariages hindous et des fêtes familiales. Malgré son grand âge, il conduit sa motocyclette pour aller faire des courses ou pour livrer un sofa qu’il a réparé dans le voisinage. Autre fait notable : il n’utilise pas des verres pour travailler. « Je peux même lire les journaux sans lunettes », confie-t-il.

Très affable, Hansraj dira que le propriétaire d’un campement lui a passé une commande de quatre sofas, dont le fond est en métal et qu’il doit revêtir d’osier. C’est non sans un brin de fierté qu’il fait part qu’il a lui-même tourné le métal pour donner au sofa la forme voulue. Il en fait le rempaillage avec le plus grand soin. Aucun bout ne doit dépasser. À plusieurs reprises, le vieil homme dira que c’est du bon travail. Il a réclamé Rs 4 000 pour un sofa.

Hansraj Shewdeen reçoit plusieurs commandes des établissements hôteliers du pays, des magasins et des habitants de la région Sud. Selon le nonagénaire, il peut fabriquer différents modèles de sofas et de chaises en rotin et osier, allant du classique au style plus moderne. Il fabrique aussi des sofas balançoire sur commande et entreprend des réparations. Outre les chaises, tables et sofas, il confectionne des paniers en osier. Tout en travaillant, il explique qu’il faut au préalable laisser le rotin ou l’osier tremper pendant une vingtaine de minutes pour les rendre plus maniables. Il faut aussi chauffer le rotin avant de le tourner pour monter les assises.

Moins de travail

Hansraj a commencé à travailler à l’âge de 16 ans. Il a été initié au métier de la vannerie par quelqu’un qui louait la maison de son père. Pendant quelques années, il a fabriqué des paniers avant de se lancer dans la production des chaises, sofas et tables en rotin. Tout en tressant, il relate qu’à une certaine époque, il comptait jusqu’à une dizaine d’ouvriers dans son atelier. À présent, il n’en compte plus que trois. « À une certaine époque, on gagnait bien. Aujourd’hui, c’est devenu dur. Il y a moins de travail, la mode a changé et les jeunes achètent du mobilier moderne qui, une fois abîmé, est jeté ». Et de poursuivre qu’auparavant, il avait des revenus jusqu’à Rs 100 000 par mois mais qu’aujourd’hui, le montant est nettement inférieur.

D’ailleurs, les gens n’achètent plus comme auparavant les meubles en rotin dont les prix ont considérablement augmenté. Ainsi, fait part le vieil homme, un lot de 50 kg de rotin qui se vendait à Rs 2 000 coûte aujourd’hui Rs 20 000. Ce qui l’a contraint à revoir, lui aussi, les prix de ses produits à la hausse. Ainsi, le prix d’un sofa qu’il vendait à Rs 750 est passé au fil du temps à Rs 2 250. Et un panier à Rs 200. Le vieil homme peut s’enorgueillir d’avoir toujours travaillé à son propre compte. « J’ai toujours été mon propre patron », dit-il.

Pendant une vingtaine d’années, Hansraj Shewdeen a également travaillé comme marchand de poisson jusqu’à 11 heures avant de s’adonner par la suite à ses travaux de vannerie. Ce métier qui lui a permis d’avoir une bonne situation dans la vie continue de l’accompagner comme un compagnon inséparable.

 

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