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Guerre en Ukraine : la situation sur le terrain au 53e jour

Des pompiers tentant d'éteindre un incendie dans un immeuble résidentiel après un bombardement dans le centre de Kharkiv, le 17 avril 2022

Marioupol tombera-t-elle ? Ce port stratégique du sud-est de l'Ukraine est la cible de bombardements ininterrompus depuis le début de l'invasion par les forces russes, qui ont enjoint les derniers défenseurs de la ville de déposer les armes, au 53e jour du conflit.

La prise de la ville, qui pourrait être imminente, permettrait aux Russes de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d'Azov en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014. "La Russie et ses supplétifs semblent se préparer à déclarer la victoire dans la bataille de Marioupol", assure l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Voici un point de la situation, à partir d'éléments des journalistes de l'AFP sur place et de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

- Le Sud -
La Russie a lancé un ultimatum aux derniers défenseurs ukrainiens de Marioupol, soumise à un déluge de feu depuis le début de l'offensive russe le 24 février. 

Le ministère russe de la Défense a demandé aux derniers combattants ukrainiens retranchés dans le complexe métallurgique d'Azovstal d'évacuer les lieux dimanche avant 13H00 (10H00 GMT). "Tous ceux qui auront abandonné les armes auront la garantie d'avoir la vie sauve", a assuré le ministère sur Telegram.

L'ultimatum a expiré sans que les derniers défenseurs de Marioupol ne rendent leurs armes.

La situation dans la ville est "inhumaine", avait affirmé samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, appelant les Occidentaux à fournir "immédiatement" les armes lourdes qu'il réclame depuis plusieurs semaines.

Dans la région d'Odessa, "la défense antiaérienne russe a abattu en vol un avion de transport militaire ukrainien, livrant un important lot d'armes fournies à l'Ukraine par des pays occidentaux", a affirmé samedi le ministère russe de la Défense.

- L'Est -
Les forces russes ont bombardé samedi une raffinerie de pétrole dans l'est de l'Ukraine, à quatre kilomètres de Lyssytchansk, tout près de la ligne de front, selon les autorités locales.

Elles "continuent de redéployer des équipements de combat et de soutien depuis le Bélarus vers l'est de l'Ukraine, y compris dans des lieux proches de Kharkiv et Severdonetsk", selon le ministère britannique de la Défense.

Selon l'ISW, les Russes ont continué à mener de petites offensives autour d'Izyoum, Popasna et la région autour de Roubijné et Severodonetsk, "parfois avec de l'artillerie, parfois avec des forces mécanisées". 

Mais il estime que leurs offensives ont peu de chances d'être plus efficaces que celles autour de Kiev en mars, "à moins que les Russes changent leur modèle opérationnel de façon significative". Notamment parce que les Ukrainiens ont témoigné de leurs capacités de résistance dans le combat urbain.

- Kiev et le Nord -
Les forces russes ont annoncé avoir bombardé dimanche une nouvelle usine d'armement près de Kiev, pour le troisième jour consécutif, mettant à exécution leur menace d'intensifier leurs frappes contre la capitale ukrainienne après la destruction jeudi du fleuron de leur flotte en mer Noire, le Moskva.

Une usine de matériel militaire fabriquant notamment des tanks avait déjà été visée samedi dans la banlieue de la capitale.

A Kharkiv, cinq personnes ont été tuées dimanche dans une série de frappes, selon les secours.

- L'Ouest -
L'Ukraine a affirmé samedi avoir détruit quatre missiles de croisière tirés par des avions russes ayant décollé du Bélarus voisin sur la région de Lviv (Ouest).

- Bilan humain -
Aucun bilan global récent des victimes n'était disponible, mais le nombre de civils tués est à l'évidence très lourd. Rien qu'à Marioupol, les autorités ukrainiennes ont évoqué quelque 20.000 morts. Selon le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial David Beasley, plus de 100.000 civils y sont au bord de la famine, manquant également d'eau et de source de chauffage.

Les autorités ukrainiennes ont annoncé dimanche la suspensions des couloirs humanitaires pour l'évacuation des civils dans l'Est, faute d'accord avec l'armée russe.

Sur le plan militaire, le président Volodymyr Zelensky a indiqué vendredi qu'environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués depuis le début du conflit et quelque 10.000 autres blessés.

Le Kremlin a récemment admis de son côté des "pertes importantes". Le 25 mars, il avait reconnu la mort de 1.351 soldats pour 8.825 blessés. Certaines sources occidentales vont jusqu'à 12.000 morts. 

- Réfugiés et déplacés -
Plus de cinq millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février, selon les chiffres du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) samedi.

L'Europe n'a pas connu un tel flot de réfugiés depuis la Deuxième guerre mondiale.

L'ONU estime aussi à 7,1 millions le nombre de déplacés à l'intérieur du pays.

Au total, ce sont donc presque 12 millions de personnes, soit plus d'un quart de la population, qui ont dû quitter leur foyer soit en traversant la frontière, soit en trouvant refuge ailleurs en Ukraine.

© Agence France-Presse

 

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