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Grand-Sable: la réussite d’une association féminine

Géraldine Fine-Aristide montrant les accessoires utilisés pour la campagne de sensibilisation sur le changement climatique.
Certains villages côtiers sont l’objet de fortes houles et de raz-de-marée en raison du changement climatique. Par conséquent, de nombreux pêcheurs sont privés de leur gagne-pain. Comment vit-on quand on est femme de pêcheur et que celui-ci est au chômage ? « L’union fait la force », dit le proverbe. Les habitantes de Grand-Sable, petit village situé au sud-est de l’île, ont trouvé la solution au problème du chômage. Regroupées au sein de la Grand-Sable Women Planters, Farmers and Entrepreneurs Association, elles ont mis sur pied un programme d’empowerment, qui les rend autonomes financièrement et qui a obtenu une reconnaissance internationale. Leur projet a été primé, lors d’un sommet des chefs d’État des PEID sur le changement climatique à Apia, capitale des îles Samoa, en septembre 2014. Le projet de cette association de 25 femmes comporte des mesures d’adaptation au changement climatique au niveau communautaire. Il va sans dire que son succès repose dans une grande mesure sur l’aide technique et financière que ces femmes ont reçue. Mais à la base de cette réussite, il y a surtout la volonté de ces femmes de s’en sortir et de ne pas se laisser vaincre par la fatalité.

«Extrêmement vulnérables»

La présidente de l’association, Géraldine Fine-Aristide, qui avait présenté le projet à la conférence des Samoa, ne le cache pas. « Nous sommes pauvres et nous avons pris conscience que nous étions extrêmement vulnérables face aux effets du changement climatique. Il a donc fallu s’organiser. Que faire quand nos époux ne peuvent travailler en raison des raz-de-marée ? Parfois, cela peut durer des jours, surtout quand le village est inondé, car les habitants d’ici vivent coincés entre la montagne et la mer. Il faut bien nourrir nos enfants. Avec l’aide du ministère de l’Environnement, de Pamela Bappoo-Dhundoo, responsable du GEF Small Grants Programme, et d’autres organisations, nous avons créé cette association et nous faisons des produits qui nous permettent d’avoir des revenus et de contribuer au budget familial ». Contrairement à de nombreuses associations féminines qui se sont lancées dans la broderie et d’autres produits artisanaux, la Grand Sable Women Planters, Farmers and Entrepreneurs Association a choisi un tout autre créneau. Elle fabrique des savonnettes et prépare de la confiture à partir des algues que ses membres recueillent en mer. Tout cela, avec l’aide des techniciens du Mauritius Research Institute et de l’université de Maurice. Interrogée sur les techniques de fabrication de savonnettes et de confitures, Géraldine Fine-Aristide explique que le secret est bien gardé. Rien ne peut être divulgué sans l’accord de Pamela Bappoo-Dhundoo dont l’organisation, Global Environment Fund, qui finance plusieurs petits projets à Maurice, est une émanation du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Autonomisation

Ce n’est pas la seule activité de la Grand Sable Women Planters, Farmers and Entrepreneurs Association. Ces dames s’adonnent aussi à la culture de vétiver et de citronnelle dans leur arrière-cour. Elles les vendent à une association féminine de Curepipe, spécialisée dans la fabrication d’essence et d’huile aromatiques. Le ministère de l’Environnement a mis en place un programme de sauvetage d’urgence pour les habitants de Grand-Sable, de Petit-Sable et des villages côtiers de Deux-Frères et de Quatre-Soeurs. Il soutient également la démarche d’autonomisation de l’association, en confiant aux membres la confection de sacs durables en toile, dans le cadre de son programme de lutte contre l’utilisation de sacs en plastique. Pour assurer le succès de ce projet, le ministère a fait don de deux machines à coudre à l’association en 2013.

Biodiversité marine

Les membres ont aussi été initiées à la culture de palétuviers (mangroves). Une pépinière de jeunes palétuviers a été créée, d’où sont prélevés les plants pour réaménager les parties de la plage qui en sont dépourvues. Ces plantes aux racines multiples retiennent le sable, réduisant ainsi les effets de l’érosion de la plage. Elles servent aussi d’habitat aux crabes et à d’autres mollusques, ce qui contribue à enrichir la biodiversité marine. Les membres de l’association se rendent dans les écoles primaires et dans d’autres villages côtiers pour sensibiliser leurs habitants. Les effets du changement climatique et les mesures d’adaptation et d’atténuation à prendre pour les contrer sont abordés. Ces femmes sont aussi très actives au sein de la Community Disaster Response Team. Elle a été mise en place par le National Disaster Risk Reduction Management Centre, qui coordonne les opérations de sauvetage en cas de catastrophes naturelles. Avec d’autres habitants des villages précités, elles ont été formées par différentes organisations de secours, dont la police, les pompiers, la Special Mobile Force, la National Coast Guard et la Croix-Rouge, pour aider à sauver des vies humaines en cas d’inondations et de raz-de-marée. Elles sont bien rodées à ces opérations de sauvetage et seront les premières à intervenir en pareille circonstance.
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