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Gracié par la Commission de pourvoi en grâce : un ex-détenu se retrouve sans abri

Sheik Monawar Ali Fardeen Okeeb

Sheik Monawar Ali Fardeen Okeeb est l’un des 184 détenus à avoir retrouvé la liberté sur les 212 prisonniers ayant bénéficié d’une grâce présidentielle, à l’occasion du 25e anniversaire de la République. Les 28 autres ont un « Remand Sheet ».

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Fardeen, âgé de 35 ans, a purgé une peine de trois ans de prison. Il a été surpris d’entendre son nom cité et affiché sur la liste des détenus ayant bénéficié d’une grâce présidentielle.

Fardeen purgeait sa peine à la prison de Richelieu où il travaillait à la cuisine. Il devait retrouver la liberté le 24 avril. « J’avais l’impression que le père Noël était passé plus tôt pour moi, quand le matin du dimanche 12 mars, alors que j’étais dans la cuisine, un officier de la prison m’a annoncé que j’avais bénéficié d’une rémission de peine. La présidente de la République, agissant sur le conseil de la Commission de pourvoi en grâce, a décidé d’accorder à plusieurs détenus une rémission de peine d’un à deux mois. »

Peu avant midi, Fardeen était un homme libre. Mais une fois dehors, il s’est retrouvé désespérément seul, sans un lieu où dormir et sans travail. Sa mère est décédée et son père ne voulait plus entendre parler de lui. « J’estime avoir payé pour ma faute. Je demande une seconde chance dans la vie. Je ne veux plus retourner en prison. Certaines personnes affirment que la prison, c’est comme un hôtel cinq-étoiles où on est logé, nourri et blanchi. Moi, je préfère encore dormir dans la rue que de me retrouver derrière les barreaux. La vie andan est très dure, tant sur le plan physique que psychologique. On y vit dans une atmosphère de terreur malsaine. La cigarette vaut son pesant d’or et il faut fumer dans des lambours artisanaux pour économiser le tabac. Je lance un appel aux jeunes : evit gagn ‘case’ lapolis pou pa al dan prizon. Quand vous y êtes, c’est trop tard. On ne peut plus revenir en arrière. À ce moment-là, vous saurez de vous-même si vous êtes dans un établissement cinq-étoiles ou en enfer », confie Fardeen, très amer.

Encadrement

Fardeen souhaiterait un encadrement et trouver du travail. Comme lui, de nombreux prisonniers sont perdus une fois que les grilles de la prison s’ouvrent devant eux. Gérer, profiter de cette liberté et se réinsérer socialement s’annoncent des plus difficiles. Fardeen a donc lancé un appel à l’aide.

L’ONG Kinouete, qui œuvre pour la réinsertion des ex-détenus, n’est pas restée sensible à cet appel. Rendez-vous a été fixé le même jour. Jonathan, travailleur social de l’ONG, explique l’association vient en aide aux ex-détenus en diverses étapes : « Nous avons appris que cette personne est sans domicile fixe. Il y a urgence. Même si nous devons nous déplacer, nous ferons de notre mieux pour rencontrer cet homme au plus vite. Ce n’est qu’après ce premier contact que nous pourrons le guider et lui venir en aide de manière appropriée. Nous devons l’interroger pour savoir s’il a reçu une formation professionnelle. Nous allons d’abord l’aider à trouver un abri, puis dans ses démarches pour sa réinsertion professionnelle. »

 

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