Interview

Good Governance and Integrity Reporting Bill - Gérald Lincoln: «Un texte louable mais potentiellement malsain»

Gérald Lincoln
Country Managing Partner, de Ernst and Young, Gérard Lincoln, qui vient d’être nommé Receiver de l’ex-Bramer Bank, dont la tâche consiste à réaliser les actifs de cette institution. Il trouve l’objectif du Good Governance and Integrity Reporting Bill louable, mais ajoute que la loi peut rendre la situation malsaine, si elle est appliqué par de mauvaises mains. Comment avez-vous été choisi par la Banque de Maurice et en quoi consiste votre mission d’administrateur de l’ex-Bramer Bank ? Précisons tout d’abord que je ne suis pas l’administrateur de la Bramer, mais le nouveau Receiver. Ce sont des subtilités importantes. J’ai répondu présent à l’appel de la Banque de Maurice, qui m’a sollicité pour remplacer les Receivers de PricewaterhouseCoopers (PwC). Ma mission consiste à réaliser les actifs qui sont restés derrière dans la Bramer suite à la vente du business de celle-ci à la National Commercial Bank. C’est principalement le « bad book » de la Bramer, estimé à environ Rs 5 millards. Mais cela ne risque-t-il pas d'être un dossier compliqué à gérer, puisque ayant déjà été "handled" par vos compétiteurs, Oosman et Bonieux?  Je pense qu’entre professionnels nous avons des protocoles de collaboration pour faciliter la passation de témoin. C’est ce que mes confrères de PwC font. Serez-vous appelé à collaborer avec le Special Administrator de la BAI, Yacoob Ramtooola, qui est d'une autre firme également, la BDO ? Sans doute oui. D’ailleurs, je l’ai déjà rencontré. N'avez-vous pas déjà été contracté par la FSC dans le cadre de la mise sous Special Administratorship de la BAI ?  Il était question que Ernst & Young agisse comme « overseer » de la vente des biens de la BAI par PwC. Mais, finalement, cela n’a pas été nécessaire. Ernst & Young fait partie du Big Four des firmes d'audit. Actualité oblige, l'audit proposé par le gouvernement à travers le Good Governance and Integrity Reporting Bill, est-il, selon vous, un bon moyen de traquer les cas d'enrichissement illicite ? Le principe est louable.  Les biens mal acquis seront repris.L’idée c’est que ce soit uniquement les gens qui ne peuvent pas expliquer comment ils ont acheté les biens en question qui soient sanctionnés. Toute personne honnête qui gagne sa vie dignement n’est pas concernée. Donc, une société plus juste, plus éthique, plus « sustainable ». Comment expliquez-vous le débat provoqué par ce projet de loi ?  Le souci, je pense est par rapport à l’application de cette loi. Les gens ont peur qu’elle soit mal appliquée, et qu’elle devienne une arme entre les mains de certains. Je ne suis pas légiste, mais je comprends qu’il y a des soucis aussi par rapport à la Constitution. Cette loi pourrait remettre en cause les droits fondamentaux des citoyens. J’avoue que je ne maîtrise pas les détails. Une autre source d’inconfort c’est que cette loi incite à la dénonciation, avec en plus des récompenses à la clé. Ça pourrait être malsain. L'ancien de la London School of Economics que vous êtes, conviendrez-vous à dire que 2015 a été une année économique décevante ? Nous réalisons quand même 3,5% de croissance. Pour être déçu il faudrait que nos attentes aient été supérieures à cela. À mon avis, la performance économique ne peut décoller immédiatement après  un changement de régime à la tête d’un pays.  Il y a un temps de transition, de mise en place de nouvelles orientations et ensuite l’exécution de cette nouvelle stratégie. Nous avons depuis quelques mois une stratégie définie par le Premier ministre, et nous n’avons plus qu’à la mettre à exécution pour qu’elle devienne une réussite économique. Je reste confiant quant à la capacité des Mauriciens à répondre à l’appel. Nous avons un capital humain extraordinaire dans ce pays et sommes capable d’accomplir de très belles choses. On en reparle à la fin de 2016…
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