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Glissement

Le rapport de la Banque mondiale, livré jeudi, a de quoi inquiéter. Selon ce document, intitulé Inclusive Growth and Share Prosperity in Mauritius, la société mauricienne n’évolue pas dans le bon sens. Au lieu de s’enrichir, de plus en plus de Mauriciens glissent dans la pauvreté. Ils ne cueillent pas les fruits de la croissance. En fait, les rédacteurs du rapport ne font que confirmer une tendance visible depuis plusieurs années et qui n’a pu, jusqu’ici, être renversée. En cinq ans, soulignent les spécialistes de la Banque mondiale, le nombre de familles qui pourrait du jour au lendemain se retrouver dans la pauvreté a augmenté considérablement. Il est passé de 10,2 % en 2007 à 12,7 % en 2012. Sur 100 familles de la classe moyenne, environ 13 se trouvent donc dans une situation fort délicate. À cela, précise le document, il faut ajouter les jeunes couples qui ont davantage de difficultés à arrondir leurs fins de mois. La Banque mondiale elle-même qualifie cette situation d’ « inquiétante ». Certes, la pauvreté absolue a reculé très sensiblement, mais la pauvreté relative a, elle, augmenté. Plus de 7 000 familles sont embourbées dans la pauvreté absolue. Et très peu d’entre elles parviennent à s’en extirper. Pourtant, chaque année, le gouvernement pompe des milliards de roupies des contribuables dans sa soi-disant lutte contre la pauvreté. Si l’on dépense autant et que le nombre de défavorisés continue d’augmenter de manière alarmante, il s’agit forcément d’argent mal dépensé. L’approche du problème doit être totalement revue et corrigée. Alors que les gouvernements successifs aiment claironner que Maurice est le meilleur élève d’Afrique dans à peu près tout, le pays fait très pâle figure dans les classements qui comptent vraiment. En termes de revenus par tête d’habitant, Maurice est 63e parmi les 84 pays en développement. En d’autres mots, parmi les élèves moyens, elle est pratiquement en bas de tableau. En parlant de classement important, comment ne pas évoquer le rapport annuel sur les inégalités entre femmes et hommes préparé par le Forum économique mondial... Rendu public durant la semaine écoulée, elle place Maurice à la 120e place sur 145 pays. Mais on s’éloigne un peu du sujet. La Banque mondiale explique ce glissement de la classe moyenne vers la trappe de la pauvreté par une distribution inégale de la richesse. Les riches s’enrichissent et la classe moyenne s’appauvrit. La Banque mondiale se dit « perplexe » quant aux hausses salariales qualifiées de « disproportionnées » entre le secteur public et le secteur privé. Les fonctionnaires ont perçu des hausses salariales de l’ordre de 23,5 %, alors que dans le secteur privé, elles n’ont été que de 7 % durant le même laps de temps. Cette disparité augmentera davantage en avril, avec la publication du nouveau rapport du Pay Research Bureau. Pourtant, ce n’est pas le secteur public qui crée la richesse d’un pays, mais bel et bien le privé. Cela pour dire que des anomalies, il y en a pas mal au niveau de notre économie. Et tant que nos politiciens n’adopteront pas une vraie stratégie pour tout changer, de plus en plus de citoyens se verront piégés dans la spirale de la pauvreté.
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