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Fraudes financières sur les réseaux sociaux: Comment éviter les pièges des arnaques en ligne?

Selon les experts, il faut toujours adopter une approche sceptique face aux offres qui semblent trop belles pour être vraies.
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Les arnaques financières sur les réseaux sociaux deviennent de plus en plus courantes à Maurice. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ? Pourquoi les Mauriciens sont-ils influencés facilement ? 

Avec l’approche de la période festive, les risques sont-ils plus élevés ? Quelles sont les précautions à prendre ? Éléments de réponses.

Depuis quelque temps, plusieurs cas d’arnaques et de fraudes financières ont été rapportés à la police. Le plus marquant demeure un cas de ‘ponzi scheme’ sur la plateforme Telegram, où plus de 4 000 victimes auraient été bernées. Depuis le 13 novembre, plusieurs plaintes ont été enregistrées par les Casernes centrales. Selon un premier constat, Rs 150 millions auraient été détournées. Un autre cas rapporté concerne une femme qui aurait perdu Rs 290 000 en souscrivant à un plan d’investissement sur la plateforme B&M Mall.


L’augmentation des arnaques financières sur les réseaux sociaux peut être attribuée à plusieurs facteurs, estime le Dr Didier Samfat, directeur de la cybersécurité chez Baker Tilly. « En effet, les arnaques ont toujours existé. Autrefois, cela se faisait face à face. Mais avec l’émergence de nouvelles technologies, les méthodes d’arnaques ont évolué de manière numérique », explique-t-il. Selon lui, les réseaux sociaux offrent une plateforme mondiale permettant aux arnaqueurs d’atteindre un public beaucoup plus large. Ils peuvent cibler des individus dans différents pays sans avoir besoin de se déplacer physiquement.

Par ailleurs, il avance que les arnaqueurs s’adaptent constamment aux nouvelles technologies, développent des techniques plus sophistiquées et exploitent les tendances actuelles, comme les crypto-monnaies, pour attirer leurs victimes. « Avec l’émergence de l’intelligence artificielle, leur tâche devient encore plus facile. Ils sont capables d’écrire des textes très convaincants qui permettent de hacker le cerveau de leurs victimes. C’est ce qu’on appelle le social engineering », avance Didier Samfat.

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Dr Didier Samfat, directeur de cybersécurité chez Baker Tilly.


Amit Bakhirta, CEO d’Anneau, affirme pour sa part que tout nouvel outil ou technologie (y compris la numérisation) est utilisé par les bonnes personnes pour le bien et par les mauvaises personnes pour commettre le mal. Un exemple simple, dit-il, est un couteau. « Plus nous avons accès à la numérisation et aux nouvelles technologies, plus les fraudeurs les utiliseront pour commettre des crimes. Les gens doivent donc s’en méfier et en être conscients, et placer leur argent uniquement auprès d’institutions crédibles et réglementées », soutient-il. 

Imrith Ramtohul, conseiller en investissements et analyste financier, soutient que les principales raisons qui expliquent les cas d’arnaque sur les réseaux sociaux sont un manque d’éducation financière ainsi que le désir de gagner de l’argent rapidement. « En conséquence, les investisseurs ont tendance à oublier les risques, d’où la nécessité de faire des recherches et des vérifications diligentes. En général, il faut faire preuve de patience lorsqu’on investit », déclare-t-il.

Risque élevé en fin d’année 

Qui dit décembre, dit paiement du boni. Si certains Mauriciens vont dépenser leur argent dans l’achat de cadeaux et de produits de consommation, d’autres chercheront des moyens pour investir dans des plans. Didier Samfat estime que la vigilance doit être redoublée en période de fin d’année. « Les malfaiteurs savent très bien que les gens auront un revenu plus élevé comparé à d’autres mois. Ainsi, ils vont tenter tous les moyens pour arnaquer les gens, par exemple, en les incitant à investir dans le Bitcoin », fait-il ressortir. Par ailleurs, ajoute-t-il, les achats de produits sur Facebook, TikTok et Instagram doivent se faire intelligemment. 

Un avis que partage Amit Bakhirta. « Les risques sont invariablement plus élevés en période de fin d’année », renchérit-il. Selon lui, les gens doivent être prudents et s’appuyer uniquement sur des institutions crédibles et réglementées, et ne pas acheter en ligne des produits et des services auprès de commerçants inconnus.


Les précautions à prendre

Soyez sceptique face aux offres qui semblent trop belles pour être vraies
Afin de ne pas tomber dans ces pièges, Didier Samfat estime qu’il faut tout d’abord adopter une approche sceptique face aux offres qui semblent trop belles pour être vraies. « Si quelque chose semble trop alléchant, cela pourrait être une arnaque », avance le directeur de cyber sécurité.

Éducation financière  

Imrith Ramtohul est d’avis que l’éducation financière permettra aux gens d’éviter de tomber dans des pièges. « Le niveau de culture financière de la population mauricienne pourrait s’améliorer davantage avec des séminaires, des conférences, des publications dans les médias et l’introduction de cours sur ce sujet à l’école à l’avenir », avance le conseiller en investissement.

Se renseigner sur les offres 

« Au cas où un investissement ou un produit en ligne vous attire mais vous n’êtes pas trop sûr de sa légitimité, faites un petit de travail de recherche sur Internet », recommande Didier Samfat. Ce dernier parle notamment de la vérification des sites Web, trouver des amis en commun, voir les commentaires et les feedbacks sur les réseaux sociaux, entre autres. « Il y a beaucoup de Mauriciens qui vendent des produits sur les réseaux et la plupart sont sérieux. C’est toujours rassurant de faire une recherche sur le vendeur avant de faire les achats », indique-t-il. 

Amit Bakhirta ne dira pas le contraire. « Qu’il s’agisse d’une entreprise, d’une marque ou d’une personne totalement anonyme, il faut s’assurer de vérifier auprès du régulateur et d’autres parties non liées, leur crédibilité », dit-il.  Concernant les commentaires sur les réseaux sociaux, il est d’avis que ceux-ci peuvent également être falsifiés. « Il faut donc être prudent et en être conscient », avise-t-il.

Recherchez des conseils avec des professionnels   

Il est important de rechercher des conseils d’investissement avec des professionnels, est d’avis Imrith Ramtohul. « À travers cela, vous allez avoir la confirmation si le produit d’investissement ou le promoteur est réglementé par la Financial Services Commission ou par la Banque de Maurice », dit-il.


Ces premiers signes (redflags) qui indiquent qu’il s’agit d’une arnaque 

L’anonymat de la personne ou de la société serait, selon Amit Bakhirta, le premier signe quand il s’agit d’une potentielle arnaque. « C’est un signal d’alarme à ne surtout pas ignorer si la société n’est pas une entité agréée, enregistrée et réglementée, ou si personne n’a jamais entendu parler de la société et des protagonistes », fait-il comprendre. Par ailleurs, les rendements supérieurs au marché avec des garanties de performance et peu ou pas de risques sont d’autres facteurs à considérer.

« Il faut surtout demander dans quoi votre argent est-il investi », souligne-t-il. En outre, le CEO d’Anneau affirme que dans des cas d’arnaque, les rendements sont souvent trop constants quelles que soient les conditions du marché. « Ceci est irréaliste dans le monde réel où les investissements sont volatils par nature », poursuit-il.  

Un autre redflag serait le modèle commercial très complexe, secret ou difficile à comprendre. Le manque de transparence, les plateformes et les systèmes de paiement obscurs utilisés, les excuses ou retards dans les informations et les formalités administratives sont, selon Amit Bhakirta, d’autres signes d’avertissement. 
 
Pour sa part, Imrith Ramtohul avance que lorsque les rendements semblent trop beaux pour être vrais, cela est déjà un signe d’alerte. « Il est également nécessaire de comprendre comment le promoteur est en mesure de verser un rendement très élevé. Il s’agit généralement d’une arnaque. De plus, être invité à investir via les médias sociaux pourrait également suggérer une arnaque », indique-t-il.

 Les principales raisons qui expliquent les cas d’arnaque sur les réseaux sociaux sont un manque d’éducation financière ainsi que le désir de gagner de l’argent rapidement. »

Les procédures à suivre si on est victime d’une arnaque 

Au cas où une personne découvre qu’elle a été victime d’une arnaque financière sur les réseaux sociaux, elle doit d’abord faire une déposition à la police, explique Didier Samfat. Le CEO d’Anneau abonde dans le même sens. « Il faut rassembler toutes les informations et les détails relatifs à l’arnaque et déposer une déclaration à l’unité de cybercriminalité du CCID (de préférence) et/ou à la station de police le plus proche », appuie-t-il. 

Par ailleurs, s’il s’agit d’une entreprise, il est important, selon lui, de consulter d’abord un avocat, puis de déposer à l’unité de cybercriminalité du CCID (de préférence) ou à la police en fonction du type de cyberfraude à laquelle la société a été soumise. 
Cependant, Imrith Ramtohul déplore que même si les personnes affectées signalent l’affaire à la police, la plupart des gens perdent malheureusement de l’argent après que l’arnaque a été découverte. « Cela s’est produit dans de nombreux pays au fil des ans, y compris à Maurice », avance-t-il.

Suttyhudeo Tengur, président de l’APEC : «Il ne faut pas se laisser embobiner pour devenir une proie facile» 

L’argent attire l’argent. C’est ce qu’affirme le président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC). « Avec le paiement des bonis de fin d’année couplé avec les salaires, il y aura beaucoup d’argent en circulation. D’où commencera l’aventure financier pour les Mauriciens », fait-il savoir. Pour lui, en cette période, le danger de tomber dans des pièges financiers est bel et bien présent.  « Chacun voudra faire fructifier ses gains par d’autres gains plus faciles où des promesses à la Ponzi feront surface.

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Suttyhudeo Tengur, président de l’APEC.

Les arnaqueurs de tous poils seront là, cherchant des proies faciles avec des promesses des plus farfelues », fait-il ressortir. Ainsi, il insiste que les Mauriciens exercent une vigilance exemplaire pour ne pas tomber dans leurs pièges. « Il ne faut non plus pas oublier que l’argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître. Donc, ne courrez pas derrière l’argent facile ou mal gagné », prévient notre interlocuteur. 

Ce dernier soutient que bien souvent, ces escrocs utilisent les réseaux sociaux pour contacter leurs futures victimes. « Ils vous proposent des schemes mirobolants pour vous attirer. Puis, ils vont disparaître avec votre argent rudement gagné », martèle le président. Et d’ajouter que si on reçoit un appel d’un numéro pour un investissement en ligne, il faut s’assurer d’abord de qui s’agit-il (nom, adresse et références dont track record…) et surtout avoir plus de détails pour les besoins de vérifications auprès de Mauritius Telecom. 

« Il ne faut pas se laisser embobiner pour devenir une proie facile. Il faut être toujours aux aguets. Même si on a quelques détails sur la personne, il faut toujours être méfiant et déterminer si la personne représente une institution financière ou pas. Si vous sentez que l’appelant hésite à vous donner les détails voulus, c’est certain que c’est un escroc en puissance à l’autre bout du fil », prévient le président de l’APEC.


 

Sandi Putchay, coach de vie : «Les gens à la recherche de « good feeling » sont les plus vulnérables»

La recherche de «good feeling» (sentiment de bien-être) est l’une des raisons principales qui rendent des gens vulnérables aux escroqueries financières. C’est du moins ce que pense le coach de vie, Sandi Putchay. Ce dernier explique que les escrocs utilisent souvent des tactiques pour exploiter les émotions des individus, les incitant à prendre des décisions impulsives basées sur le désir d’obtenir un bénéfice financier rapide ou une situation favorable. 

Sandi

« Certains individus peuvent être motivés par la cupidité et la recherche de gains rapides. Les escrocs exploitent cette avidité en offrant des investissements ou des opportunités qui semblent trop beaux ou belles pour être vrai(e)s », soutient notre interlocuteur. D’autres, poursuit-il, sont également influencés par le besoin d’approbation sociale. « Par exemple, si une personne voit un proche ou un ami réussir, cela peut l’inciter à suivre aveuglément sans faire suffisamment de recherches », fait-il remarquer.

 

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