Un journaliste azéri, Rahim Namazov, blessé par balle dans le dos, sa femme, Aïda, tuée: un couple en exil en France a été la victime d'un véritable guet-apens, vendredi matin à Colomiers dans la banlieue de Toulouse. Selon les premiers éléments de l'enquête, vers 9H00, le couple qui a trois enfants venait de déposer la plus jeune à l'école et venait de se garer au pied de son immeuble de quatre étages quand il a été pris pour cible par des tirs provenant d'une autre voiture.
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Au total, sept balles ont été tirées par une arme de poing. Aïda Namazov, 39 ans, touchée à la tête est décédée. Son époux de 39 ans a été blessé dans le dos, et son pronostic vital est engagé, selon une source policière. Sur place, un périmètre de sécurité a été très vite mis en place, a constaté un journaliste de l'AFP. Des rubans jaunes marqués "police technique et scientifique" interdisaient tout accès à l'allée et à la place de parking pour handicapé où le véhicule du couple, une Jaguar, était garé.
Des inspecteurs de la police judiciaire chargés de l'enquête procédaient aux constatations dans ce quartier résidentiel proche du lycée international de Colomiers où les coups de feu ont été entendus. Rahim Namazov a été emprisonné, puis menacé de mort et expulsé de son pays, selon l'Association des journalistes de Toulouse (AJT) qui l'avait rencontré en 2010.
Dans une vidéo postée sur Youtube le 23 décembre 2010, après son arrivée, il déclarait avoir "écrit dans (son) journal qu'il fallait s'attendre une nouvelle fois à des élections truquées et illégales". "C'est pour cela que j'ai été arrêté trois fois, emprisonné 10 jours de suite à chaque fois. La dernière fois, on m'a passé à tabac. On m'a cassé une dent. Ils m'ont prévenu : après les élections, tu vas mourir, et ta famille aussi. Parce que tu nous gênes. Après ces menaces, j'ai décidé de m'enfuir", déclarait-il alors.
"S'il s'avère que cet assassinat est lié aux menaces de mort qu'il avait reçues, c'est une atteinte extrêmement grave contre la liberté de la presse", a déclaré à l'AFP Sylviane Baudois, vice-présidente de l'AJT, ignorant si M. Namazov avait encore une activité de journaliste. Le couple était en exil en France depuis 2010. Mais personne n'avait signalé cette présence aux autorités de la ville ni comme exilé politique ni comme journaliste, a déclaré à l'AFP la maire PS de la commune Karine Traval-Michelet.
L’Azerbaïdjan, république du Caucase sortie de l’ex-URSS en 1991, est un pays très répressif et très autoritaire depuis la prise du pouvoir par l’ancien chef du parti communiste Heydar Aliyev en 1993, auquel son fils a succédé en 2003. Le pays arrive 162 sur 170 dans le classement 2017 de la Liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières.
Selon la Dépêche du Midi, Namazov avait récemment contacté le commissariat de Colomiers pour dire qu'il se sentait menacé. Le couple était seul au moment des tirs. Une de ses filles se trouvait en classe de neige, tandis que la plus jeune était à l'école, selon l'entourage de la famille. Son fils de 15 ans, scolarisé en classe de 3ème au collège Victor Hugo voisin a été pris en charge par une cellule psychologique après avoir entendu les coups de feu alors qu'il se trouvait chez lui, au rez-de-chaussée de l'immeuble.
La maire de Colomiers a assuré qu'on ne pouvait pas s'empêcher de penser à "un éventuel règlement de comptes politique" en raison du profil de Rahim Namazov, "journaliste torturé et emprisonné dans son pays" et ayant "obtenu le statut de réfugié politique en France". "Il ne faut pas faire d'amalgame. Cette attaque n’a aucun lien avec les attentats terroristes qui se sont produits la semaine dernière dans l’Aude", a-t-elle cependant insisté.
Elle juge "intolérable" le fait qu'en 2018, un journaliste venu se mettre sous la protection de la France puisse être victime d'une "si violente agression".
AFP / PASCAL PAVANI
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