Des médecins français doivent commencer ce lundi 20 mai à stopper les soins qui maintiennent en vie Vincent Lambert, un patient en état végétatif depuis plus de 10 ans, devenu malgré lui le symbole du débat en France sur la fin de vie.
Validée par une décision de justice fin avril, l'interruption des soins prévoit, selon une source médicale, l'arrêt des machines à hydrater et alimenter, ainsi qu'une sédation «contrôlée, profonde et continue» de cet homme aujourd'hui âgé de 42 ans. Le protocole de fin de vie pourrait durer de deux à quatre jours.
Mais l'éprouvante bataille juridique et morale qu'est devenue «l'affaire Lambert» n'est pas terminée.
Farouchement opposés à l'arrêt des soins, ses parents ont annoncé dimanche qu'ils allaient effectuer de «nouveaux recours», sans plus de précisions.
Il s'agirait de la quatrième procédure en six ans dans cette affaire qui déchire la famille de Vincent Lambert, tétraplégique et plongé dans un état végétatif depuis un accident de la route en septembre 2008.
Dimanche, veille du jour prévu pour l'arrêt des soins, les parents ont multiplié les initiatives. Outre les nouveaux recours, leurs avocats ont également réclamé la radiation et des poursuites à l'encontre du docteur Vincent Sanchez, qui dirige le service des soins palliatifs et l'unité «cérébrolésés» de l'hôpital Sébastopol de Reims (nord-est) où M. Lambert est hospitalisé sous haute sécurité.
Une manifestation a également été organisée devant l'hôpital, où une centaine de personnes ont scandé «Vincent n'est pas en fin de vie» et dénoncé, à l'instar de Viviane Lambert, sa mère, «une euthanasie déguisée».
Samedi, les parents avaient exhorté dans une lettre ouverte le président Emmanuel Macron à intervenir pour le maintien des traitements. Ils s'appuient notamment sur une demande vendredi d'un organisme de l'ONU, le Comité international des droits des personnes handicapées (CIDPH), demandant de nouveau à la France de ne pas suspendre les soins dans l'attente de l'examen du dossier sur le fond.
Mais Paris répète que ces mesures conservatoires «sont dépourvues de caractère contraignant» et met en avant le «droit du patient à ne pas subir d'obstination déraisonnable».
Acharnement thérapeutique en question.
Face à ceux qui s'opposent à l'arrêt des soins, la femme de Vincent Lambert, Rachel - qui s'exprime très rarement - son neveu François et cinq frères et sœurs du patient, dénoncent depuis des années un acharnement thérapeutique.
Le patient, ancien infirmier, n'a pas laissé de directives anticipées. Son épouse et son neveu affirment qu'il avait pris position contre tout acharnement thérapeutique.
L'arrêt des soins de Vincent Lambert s'inscrit bien «dans le cadre de la loi», a estimé dimanche Jean Léonetti, père de la loi régissant la fin de vie en France. Il a également estimé que cette décision est «d'autant plus douloureuse» pour les parents "qu'elle est tardive".
Tragédie intime à l'origine, cette affaire déballée sur la place publique est devenue depuis des années le symbole du débat sur la fin de vie et a donné lieu dimanche à des interventions politiques et religieuses.
François-Xavier Bellamy, tête de liste de l'opposition de droite aux élections européennes, a demandé «du temps» et appelé le président Macron à intervenir.
«Le président de la République ne veut pas aller à l'encontre de décisions de justice», a réagi Nathalie Loiseau, tête de liste de la majorité aux européennes.
Samedi, la Conférence des évêques était également intervenue sur le dossier Vincent Lambert pour s'interroger sur la «précipitation pour le conduire vers la mort».
AFP
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