La France a adressé ce lundi un ultime adieu à son ancien président Jacques Chirac, qui va être inhumé dans la plus stricte intimité après avoir reçu un hommage solennel en présence de quelques 80 personnalités étrangères, dont Vladimir Poutine.
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Drapé de bleu-blanc-rouge, le cercueil de Jacques Chirac, décédé jeudi à l'âge de 86 ans, a remonté la nef de l'église parisienne Saint-Sulpice, sous les yeux de près de 2.000 invités. A l'entrée, la foule massée sur le parvis a applaudi l'entrée du corps dans l'église.
Le deuxième plus grand édifice religieux de la capitale française, derrière la cathédrale Notre-Dame, toujours fermée au public après l'incendie qui l'a ravagée le 15 avril, était comble, avec 80 personnalités étrangères, chefs d'Etat et de gouvernement, anciens dirigeants et membres de famille royales.
Outre Vladimir Poutine, ses homologues italien Sergio Mattarella et congolais Denis Sassou Nguesso, les Premiers ministres libanais Saad Hariri et hongrois Viktor Orban étaient présents, ainsi que l'ex-président des Etats-Unis, Bill Clinton, le roi Abdallah de Jordanie et l'émir du Qatar, Tamim Bin Hamad Al-Thani.
Souffrant, le roi du Maroc Mohammed VI sera représenté par son fils, le prince Moulay El Hassan.
Le chef de l'Etat Emmanuel Macron recevra ensuite certains de ces visiteurs pour un déjeuner.
Ce lundi est décrété journée de deuil national en France, avec minute de silence dans les administrations et les écoles, honneurs funèbres militaires.
"Il aimait les gens"
À l'annonce du décès jeudi de Jacques Chirac, malade depuis plusieurs années, nombre de personnalités dans le monde avaient tenu à honorer la mémoire de ce grand fauve de la politique française, maire de Paris pendant 18 ans, plusieurs fois Premier ministre, président de la République de 1995 à 2007.
Vladimir Poutine qui, dans une interview au Financial Times en juin avait fait part de son admiration pour Chirac, le désignant comme le dirigeant étranger l'ayant le plus impressionné dans sa carrière, avait ainsi salué jeudi un leader "sage et visionnaire".
Les condoléances des Etats-Unis ont quelque peu tardé: Jacques Chirac s'était illustré en disant "Non" à la guerre en Irak en 2003. "Ayant dédié sa vie au service public, l'ancien président Chirac a travaillé sans relâche pour préserver les valeurs et les idéaux que nous partageons avec la France", a déclaré le secrétaire d'Etat Mike Pompeo dans un communiqué dimanche.
Après une cérémonie réservée à la famille, les honneurs militaires ont été rendus lundi matin à Jacques Chirac aux Invalides à Paris.
Les Français, eux, lui ont rendu un dernier hommage sur le trajet du convoi funéraire jusqu'à l'église Saint-Sulpice.
"Il était proche des simples. Il aimait les gens. Il disait ce qu'il pensait avec son franc parler. On manque aujourd'hui de responsables politiques qui vont au contact", a témoigné Florien, un ambulancier de 26 ans venu de province.
Déjà dimanche, plusieurs milliers d'anonymes se sont pressés à l'hôtel militaire des Invalides - qui héberge notamment le tombeau de Napoléon - pour aller se recueillir devant le cercueil de M. Chirac.
"Elle sacre les morts"
Ces citoyens, souvent émus, ont longuement patienté pour pouvoir défiler devant le cercueil de l'une des grandes figures de la droite française dont la longévité, entre brillants succès et échecs cuisants, a démontré une exceptionnelle capacité de rebond.
"Ma mère est très très réconfortée en ayant vu ces images" à la télévision, a déclaré sa fille Claude Chirac au sujet de sa mère Bernadette, elle-même très "fragilisée" et qui n'est pas apparue publiquement depuis le décès de son époux.
À l'église Saint-Sulpice, le service solennel s'est déroulé en présence, côté français, des anciens présidents François Hollande, Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d'Estaing.
"La France est toujours paradoxale: elle veut des rois et elle leur coupe la tête, elle dégage les vivants et sacre les morts, elle est aussi bien dans la nostalgie que dans la recherche de la nouveauté", a commenté lundi François Hollande.
Jacques Chirac n'avait jamais été aussi populaire que depuis qu'il avait quitté le pouvoir, bien qu'il ait été le premier président français à être condamné par la justice - en 2011 alors qu'il n'était plus au pouvoir - dans une affaire d'emplois fictifs.
La classe politique française était largement représentée. Mais la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen, dont le père avait fait de Jacques Chirac un "ennemi", a renoncé à s'y rendre, après les réserves de la famille Chirac sur sa présence.
Jacques Chirac, au fil d'évolutions politiques parfois sinueuses, a toujours affiché un rejet intransigeant de l'extrême droite.
Selon le souhait de son épouse, il sera inhumé au cimetière parisien du Montparnasse dans le caveau où repose leur fille aînée Laurence, décédée en 2016.
AFP
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