À Résidence Mère Teresa, mercredi 4 février, Nawaz Noorbux, directeur de l’information de Radio Plus et Malenn Oodiah, sociologue et cofondateur avec le groupe Beachcomber de Fondation Espoir Développement, ont développé la thématique de « La Démocratie Citoyenne Participative », avec comme panelistes Marie Anne Laganne (ONG), Eric Bell (Fondation Espoir et Développement), Devina Lobine (Université de Maurice) et Nicolas Ritter (PILS).
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La notion de démocratie participative est apparue en raison des lacunes que renferment celle de démocratie représentative, incarnée par les élus et mandatés pour mettre en œuvre leurs engagements. « Or aujourd’hui, partout dans le monde, et à Maurice » , fait ressortir Malenn Oodiah, « les citoyens réclament plus de démocratie, ils professent une véritable défiance de la politique telle qu’elle s’exerce depuis ces dernières années. Ils veulent avoir la possibilité de se faire entendre. » Mais, comment doit s’exercer cette volonté et, quelles sont ses courroies de transmission ?
Les lacunes du gouvernement
Depuis ces dix dernières années, la société civile et les Organisations non-gouvernementales (ONG) se sont investies dans le champ social, afin de palier les lacunes du gouvernement et, souvent des ONG comme PILS ont été les premières à attirer l’attention du gouvernement sur des problématiques naissantes. Ce qui ne signifie nullement, selon Nicolas Ritter, que les pouvoirs publics aient failli sur toute la ligne. « Je voyage beaucoup et à l’exception de certains pays de l’Europe du Nord, je me suis rendu compte que la situation à Maurice n’est pas plus mauvaise qu’ailleurs. Nous avons des outils tels qu’une presse libre et un système judiciaire qui, sur papier, est indépendant. » Toutefois, il reste encore à construire une réelle identification à notre quadricolore, au lieu du repli ‘mobann’, martèle Marie Anne Laganne.
Ce n’est pas au revendeur d’électroménagers proche de Résidence Mère Teresa de venir résoudre les problèmes sociaux des habitants»
Loin de se désespérer de l’engagement des jeunes, Devina Lobine se réjouit de la participation de nombreux jeunes aux élections de novembre 2019. Elle estime que les jeunes ont beaucoup d’idées qui peuvent être exploitées, et pour canaliser celles-ci, elle propose la mise sur pied d’un National Youth Council, avec différentes commissions qui feraient des propositions au gouvernement. La jeune universitaire en appelle à des actions de mobilisations concertées. Or, semble lui répondre Eric Bell, toute action des citoyens destinée à se faire entendre doit être structurée. Il en va, en premier lieu, pour toute démarche s’inscrivant dans la démocratie participative.
Société civile
Souvent galvaudé, le terme société civile peut aussi conduire à la confusion si aucune définition ne vienne lui attribuer un véritable sens. Et à Malenn Oodiah d’indiquer qu’elle est riche et variée, avec ses organisations syndicales et patronales, ses ONG et associations caritatives. Cette distribution exige que ces propositions soient prises en compte par le gouvernement, car ce sont des organisations qui travaillent sur des thématiques aussi variées que l’éducation, la santé, la drogue, les droits humains ou le Sida. Mais, comme souvent, l’absence de financement ou la difficulté à y accéder freine les bons sentiments qui animent ces organisations. Depuis que la gestion des fonds du CSR a été étatisée, certaines ONG sont privées de moyens pour la mise en œuvre de leurs projets, fait observer Marie Anne Laganne. Cet état de fait, ajoute Malenn Oodiah, fait craindre le risque d’une instrumentalisation politique des critères de sélection pour les demandeurs. En dépit de cette inquiétude, Nicolas Ritter estime que le CSR a du bon, car il a forcé les ONG à se professionnaliser car le bénévolat a ses limites. « Pour certaines tâches, il faut recourir au service des professionnels qu’il faut rémunérer. Même à d’autres postes, comme celui du secrétaire, il fait des salariés », fait-il valoir. Toutefois, pour consolider leur crédibilité, insiste-t-il, il faut mettre sur pied un cadre juridique qui définit leur taille, leur champ d’intervention, les grilles de salaire, sans oublier l’obligation d’être redevables et de demeurer à l’écoute de ceux qui recherchent leurs services.
Responsabilité du gouvernement
La responsabilité du gouvernement dans l’action sociale a été mise en avant pour faire valoir qu’il incombait à celui-ci de financer des projets déterminés par les ONG fiables. « Ce n’est pas au revendeur d’électroménagers proche de Résidence Mère Teresa de venir résoudre les problèmes sociaux que rencontrent les résidents de la localité », s’est écrié Nicolas Ritter.
Le forum-débat a aussi donné la parole aux résidents de la localité, qui n’ont pas hésité à louer le travail de réhabilitation accompli par la Fondation Espoir Développement et l’Église chez eux, après les émeutes de février 1999. Ils étaient tout aussi heureux, comme l’avouera un autre résident de voir ‘tant de micros’ dans les lieux. Le prochain forum-débat aura pour thématique ‘Le développement’, véritable enjeu à multiple facettes, selon Malenn Oodiah, avec les enjeux liés au climat, des piliers économiques menacés et, en ce moment, les incertitudes liées au coronavirus.
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