L’année dernière, DIS-MOI s’est embarquée, avec l’aide financière de la Haute Commission australienne à Maurice, dans un ambitieux programme de formation en ligne en droits humains. Il vient de se clôturer aux Seychelles.
Ce programme devait toucher 200 citoyens du sud-ouest de l’océan Indien, aux Comores (Grande Comores et Anjouan), Maurice (Maurice,Rodrigues et Agalega), Madagascar et les Seychelles. La formation initiait les apprenants aux droits humains dans une pédagogie participative qui faisait appel même aux chanteurs de l’océan Indien à l’instar de Zulu ou Patrick Victor, chanteur seychellois très connu. À l’issue de la formation en ligne, une délégation de DIS-MOI allait compléter le programme dans un atelier de travail d’une journée.
Ce mardi 2 avril, s’est déroulé au CARE HOUSE à Mahé la clôture de la formation aux Seychelles.
Le lancement a été effectué devant Eline Moses, membre fondatrice de DIS-MOI Seychelles, l’Ombudsman des Seychelles, Madame Nichole Tirant Gerardhi, Natasha Morris, 2e Secrétaire de la Haute Commisssion australienne et l’Ambassadeur Faure, Secrétaire d’État.
Eline Moses, maîtresse de cérémonie pour la circonstance, a d’emblée situé l’enjeu de cet événement pour les Seychelles. Elle a remercié les participants pour leur assiduité et leur sérieux. Prenant la parole, Lindley Couronne, directeur du Secrétariat régional de l’OING DIS-MOI a fait un rapide historique de l’évolution de l’humanité, pour démontrer que les droits humains est un concept très récent et qu’aucun pays n’a de leçon à donner à d’autres dans ce domaine, car nous apprenons tous. Il s’est aussi dit fier que DIS-MOI ait pu, à travers ce cours, ‘koster pep ocean Indien’ pour reprendre la belle expression de Patrick Victor, chanteur seychellois, il y a 45 ans de cela. En cela, a-t-il affirmé, les artistes ‘voient plus loin que l’horizon ’ et aident aussi à leur manière à transformer la vie.
L’Ombudsman, Nichole Tirant Gerardhi, qui a été elle-même activiste des droits humains, a prononcé un discours émouvant. Elle s’est attardé sur la lutte pour les droits humains aux Seychelles et les efforts inlassables entrepris par les précédents défenseurs des droits humains, tel le regretté Matthew Servina, directeur du CEFAD. « Notre persistance et détermination commencent à porter leurs fruits et nous avons foi que les prochaines générations reprendront le flambeau pour améliorer la vie dans la cité »
Natasha Morris, représentante de la Haute Commission d’Australie, a situé l’engagement de l’État australien pour les droits humains, rappelant que son pays est membre du Human Rights Council et, en tant que tel, a une responsabilité d’affronter les défis mondiaux en matière des droits humains, tels que l’abolition de la peine de mort, l’égalité des genres et la violence contre les femmes qui est « inacceptable, n’importe où, n’importe quand ». Elle est revenue sur l’aide apportée à DIS-MOI par le Direct Aid Programme australien et a assuré que l’Australie continuera à apporter son support aux initiatives qui visent à améliorer les sociétés.
Finalement, l’ambassadeur Faure, lors de son intervention a félicité DIS-MOI pour « son excellente initiative et pour son travail impressionnant ». S’adressant aux 22 participants du programme de formation en ligne, il a dit sa conviction qu’ils renforceront la société civile, forts des outils qu’ils auront acquis.
La société civile joue un rôle crucial pour la démocratie, la transparence et la bonne gouvernance. Il est revenu sur l’établissement de la Commission des droits de l’homme et la nomination du Juge Renaud et de son équipe et a salué les membres qui étaient présents dans la salle. Il est aussi revenu sur le fait que l’État seychellois a participé pour la première fois au Universal Periodic Review et a fait des recommandations à huit pays pour qu’ils respectent les traités et autres engagements qu’ils ont pris. Il a terminé en souhaitant bonne chance à la nouvelle équipe de DIS-MOI Seychelles.
Bonne ambiance
L’atelier de travail s’est déroulé dans une excellente ambiance et était d’un excellent niveau. Il faut dire que les participants avaient pour la plupart un vécu dans l’engagement social et politique, à l’instar de Marie Noelle Azemia, ex-parlementaire, Fatma Bibi du NCC.
À l’issue de ce programme touchant ces pays du sud ouest de l’océan Indien, le défi, désormais, est de pérenniser ces structures embryonnaires. Cela demandera du temps et un engagement collectif de toute l’équipe DIS-MOI de l’océan Indien.
Eline Moses, membre fondatrice de DIS-MOI Seychelles : «J’ai toujours eu la passion d’aider les autres»
Eline est un de ces êtres qu’on aurait du mal à placer dans une boîte. Femme aux multiples facettes, elle est derrière l’organisation du cours en ligne DIS-MOI et a mené cette tâche avec rigueur. Elle nous livre son nouveau défi avec DIS-MOI.
Qui est Eline Moses?
Je suis une Seychelloise qui vit à Bel-Ombre, village situé au nord-ouest de Mahé, l’île principale des Seychelles. Je suis mariée, j’ai deux enfants. Je suis maintenant self employed, après avoir été fonctionnaire comme Analyst Programmer, puis Programme Manager à la Marine Parks Authority, puis employée au Programme des Nations Unies pour le Développement (UNDP) comme Communication et Information Manager. J’ai aussi travaillé dans une compagnie privée, la Barclays Bank.
Vous avez vraiment la bougeotte ou est-ce le désir de goûter à diverses expériences ?
On n’a qu’une vie et ne goûter qu’à une seule expérience professionnelle n’est pas compatible à mon caractère, je suppose.
Qu’est ce qui vous a motivé à créer DIS-MOI Seychelles ?
Je suis quelqu’une qui a cette passion d’aider les autres et partager ma connaissance. J’adore mon pays natal et voudrais lui être utile. Donc, quand Lindley Couronne m’a approché et quand j’ai été convaincue du travail de l’organisation, je n’ai pas hésité une seconde.
Il y a des conditions objectives aux Seychelles, dans son évolution socio-politique qui font qu’un mouvement général des droits humains comme DIS-MOI, surtout dans son expérience d’éducation aux droits humains et son travail avec les jeunes, sera extrêmement utile à consolider la culture des droits humains.
Quels seront justement les principaux axes de votre action à DIS-MOI Seychelles ?
N’oubliez pas que nous sommes qu’embryonnaires. Il faudra donc commencer par le commencement : rédiger nos statuts, former notre comité exécutif et nos commissions, et enregistrer l’organisation auprès des autorités. Il est crucial que notre équipe DIS-MOI Seychelles partage la même vision et ait une stratégie à court et moyen termes. Mais pour répondre directement à votre question, travailler avec les jeunes et sensibiliser les citoyens seychellois sur les principales problématiques des droits humains sera primordial pour nous.
Vous êtes la cofondatrice du Citizens Democracy Watch et avez une expérience d’observatrice des élections dans la région et sur le continent africain. Qu’avez-vous appris de cette expérience ?
D’abord, il faut dire que la façon dont les pays africains organisent les élections est différente. Chaque contexte est différent, que ce soit à Madagascar, au Niger ou au Lesotho. Parfois, il y a une insécurité ambiante, mais on est encadré et les risques sont donc minimisés.
Rodney Maria travaille à l’Ambassade de France, il sera un des piliers de DIS-MOI Seychelles
Cette formation a été une formidable expérience, je dirais même une aventure dans le monde des droits humains. Elle m’a aidé, d’abord à connaître mes droits en tant qu’être humain. En tant qu’ancien président d’un Parents Teacher’s Association, cela m’a aussi fait découvrir plusieurs questions relatives aux droits des enfants. J’ai toujours pensé à me joindre à une organisation pour être dans une collectivité et pouvoir aider les autres. Je remercie DIS-MOI de m’avoir donné cette opportunité. La lutte de DIS-MOI pour une Convention des droits des personnes âgées a été un déclic pour moi et m’a ouvert les yeux sur cette problématique.
Hitcham Hoareau, le plus jeune participant est un jeune engagé auprès de l’ONG Stand up, Step up Seychelles
La formation en ligne m’a été bénéfique à plus d’un titre. J’ai appris comment les lois internationales sont passées et le fonctionnement de l’ONU, de l’Union Africaine, entre autres. Je pense que ces cours devraient être accessibles à tous les jeunes de l’océan Indien. Car, c’est une formation qui nous fait mieux comprendre le monde dans sa complexité.
Fatma Bibi est responsable de l’éducation et de la formation au National Children Council (NCC)
Je n’ai pas peur de dire : cette formation en ligne dans laquelle je me suis embarquée a été une expérience qui a changé ma vie. Je suis spécialiste des droits des enfants de par ma fonction au National Children Council, mais je ne connaissais pas les droits humains dans leur globalité, et surtout les principes sous-jacents.
Ce que j’ai retenu : c’est que les droits des individus vulnérables, tels que les femmes, les enfants, les travailleurs migrants, les personnes à handicap, sont détaillés et pris en compte dans différentes Conventions. Mais la façon dont les États membres de l’ONU traitent ces Conventions est déplorable. Il devrait avoir une meilleure volonté politique pour les faire respecter. Je voudrais, avec cet outil que j’ai reçu, continuer à travailler pour la cause des droits humains et être ainsi utile à ma société.
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