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Flambée des prix des matériaux - Maisons écolos : une alternative peu connue

Les prix des matériaux de construction ont connu une hausse significative ces derniers temps, ce qui a conduit de nombreux Mauriciens à chercher des alternatives plus économiques. Parmi ces options, l’on retrouve les maisons containers et les panneaux polystyrènes. 

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Quatre ans déjà que Samantha (prénom d’emprunt) vit dans une maison container. Gardant jalousement sa vie privée, la trentenaire ne dira pas où. Cette native de la capitale évolue dans le domaine de la plantation. Elle a toujours eu la main verte et aime les pratiques écologiques. 

« C’est une aventure écologique par le choix de carrière que j’ai fait. Cela me permet de limiter mes va-et-vient de ma maison à mon lieu de travail. Auparavant, je devais voyager tous les jours. Ce n’est plus le cas. J’ai acheté une maison container qui est une option facile et écologique », explique-t-elle. 

Elle a saisi l’opportunité lorsque son amie qui possédait une maison container lui a proposé de l’acheter. « Cela ne m’a pas coûté trop cher. J’ai déboursé Rs 50 000 pour le conteneur et le transport. Il y avait des travaux à faire comme le traitement anti-rouille et l’étanchéité. Pour cela, j’ai dépensé entre Rs 50 000 et Rs 60 000 », explique Samantha qui est consciente que la construction d’une maison conventionnelle aurait coûté beaucoup plus cher.

Elle concède que vivre dans une maison container est avant tout un « style de vie » car la surface est restreinte. « C’est le concept minimaliste. C’est le style de vie que j’ai adopté. J’ai l’âme écologique. Je suis sensible à la protection de l’environnement. Donc, vivre dans une maison container fait partie de ma conviction écologique et minimaliste », souligne-t-elle. 

Samantha déclare avoir le strict minimum dans sa maison container. Elle affirme qu’elle savait qu’elle ne pourrait pas avoir tout le confort et s’y était préparée. « Par exemple, je n’ai pas suffisamment d’espace pour accueillir des invités. Si je reçois des amis, c’est à l’extérieur. Je passe mon temps dans une seule pièce. Pour l’électricité aussi, c’est le strict minimum. Dans ma cuisine, j’ai l’essentiel. Je ne peux pas cuisiner de plats spéciaux ou faire des gâteaux », explique-t-elle.

Malgré les contraintes, elle est contente de son choix. Sa petite vie paisible et minimaliste lui plaît. « Cela fait quatre ans, si cette vie ne me plaisait pas, je n’aurais pas continué à vivre ainsi. »

À l’heure actuelle, fait-elle ressortir, il est difficile de construire une maison conventionnelle. « La plupart des personnes des personnes doivent contracter un emprunt pour bâtir une maison. Ces personnes passent leur vie à repayer leur dette. Elles n’arrivent pas à jouir de leur vie », avance-t-elle. 

De son côté, Nathalie a abandonné le milieu corporate pour se lancer dans la production de légumes et fruits bio en 2020. Avec son époux, ils ont fait le choix d’aménager une maison container en prévision de leur retraite. Le couple disposait déjà de deux containers qui étaient utilisés pour garder des équipements et pour un coin bureau.  

« Nous aspirons à prendre notre retraite d’ici 10 ans. Nous avons aménagé une maison avec les deux containers. C’est prêt. Nous y habitons de temps en temps. Cela nous évite de faire le va-et-vient. Mon époux et moi avons beaucoup travaillé à l’étranger. Nous aspirons à une vie tranquille, une petite maison avec de la nourriture qu’on cultive. C’est la photo idéale », dit-elle.

Comme Samantha, Nathalie affirme qu’acheter un terrain et construire une maison conventionnelle aurait coûté cher. « Nous avons déjà notre ferme près de Bois-Rouge. Nous nous sommes dit que c’était possible d’y installer une maison container. L’endroit est idéal pour une petite maison. L’idée minimaliste nous séduit. Après tant d’années à vouloir tout avoir, j’ai réalisé que nous n’avions pas besoin de grand-chose », soutient Nathalie

Elle a fait des investissements, notamment pour la production d’électricité qui a nécessité l’installation de panneaux solaires. « Nous sommes autonomes en termes d’électricité et nous récupérons l’eau de pluie. Malgré ces investissements, cela reste plus abordable qu’une maison conventionnelle. »

Questions à…Zaheer Allam, urbaniste : «Les ouvriers ne sont pas formés aux pratiques écologiques»

zaheerAvec la hausse des prix des matériaux de construction, les maisons écologiques peuvent-elles être considérées comme une option valable ?
Oui. Nous observons des changements dans les comportements et les pratiques dans le secteur de la construction en réponse à diverses préoccupations, notamment la pandémie de Covid-19, les conflits géopolitiques et les enjeux environnementaux. 

Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et l’augmentation des coûts des matériaux ont incité les acteurs de la construction à repenser leur approche. De plus, la prise de conscience croissante de la nécessité d’adopter des pratiques plus durables et respectueuses de l’environnement a encouragé les professionnels à rechercher des solutions innovantes pour construire de manière plus écologique.

Il est possible de concilier les préoccupations économiques et environnementales. La planification minutieuse, la conception intelligente et l’utilisation de matériaux de construction écologiques peuvent réduire les coûts tout en minimisant l’impact sur l’environnement. L’intégration de la nature dans les projets de construction, par exemple avec des toits végétalisés, des murs végétaux et des espaces verts, permet non seulement de réduire l’empreinte carbone, mais aussi d’améliorer la qualité de vie des occupants.

Il est également important de considérer l’adoption de solutions passives telles qu’une bonne isolation et une orientation optimale de la maison pour tirer parti de la lumière naturelle et de la chaleur solaire. L’utilisation de technologies vertes telles que les panneaux solaires et les systèmes de récupération d’eau de pluie peuvent également réduire la consommation d’énergie et d’eau à long terme.

Il y a une perception selon laquelle adopter des pratiques écologiques revient plus cher. Qu’en est-il réellement ?
De plus, certaines personnes peuvent penser que la construction verte est plus coûteuse. Cependant, ce n’est pas toujours le cas, car de plus en plus de personnes recherchent des alternatives écologiques et nous observons l’émergence de nouveaux produits sur le marché. 

Le défi réside toutefois dans le fait que tous les travailleurs ne sont pas formés pour les mettre en œuvre et que la résistance au changement ne provient pas toujours des concepteurs, mais également des constructeurs. Par conséquent, il est essentiel de sensibiliser l’ensemble de l’industrie à ces nouvelles pratiques et de fournir une formation appropriée pour permettre une mise en œuvre efficace de ces solutions durables.

Est-ce que cela prendra du temps avant que la construction de maisons écologiques s’ancre dans nos mœurs ?
Bien que la sensibilisation à la durabilité et à l’écologie dans le secteur de la construction soit en constante évolution, cela n’est pas encore ancré dans nos habitudes. La pratique traditionnelle reste encore dominante et la transition vers des pratiques plus durables peut prendre du temps.
Cependant, il y a une prise de conscience croissante de l’importance de la durabilité et de la nécessité d’agir pour réduire l’impact environnemental de la construction. Nous pouvons donc espérer que grâce à une sensibilisation accrue, des incitations financières, des réglementations plus strictes et des innovations technologiques, la construction verte deviendra progressivement la norme plutôt que l’exception. 

Mais cela nécessite un effort soutenu et la participation de tous les acteurs de l’industrie pour faire évoluer les pratiques et les mentalités.

Les options durables à considérer

Voici quelques pratiques durables qui pourraient être adoptées, selon Zaheer Allam :

  • Utiliser des matériaux de construction écologiques tels que le bois certifié FSC, le bambou, les briques de terre compressée et les blocs de béton de chanvre.
  • Intégrer des éléments naturels dans la conception des bâtiments, tels que des toits végétalisés, des murs végétaux et des espaces verts, pour aider à réduire l’empreinte carbone et à améliorer la qualité de vie des occupants.
  • Adopter des pratiques de construction durables, telles que la réduction des déchets de construction et la gestion efficace de l’eau et de l’énergie.
  • Encourager l’utilisation de technologies vertes telles que les panneaux solaires, les systèmes de récupération d’eau de pluie et les mini éoliennes pour réduire la consommation d’énergie.
  • Promouvoir les constructions compactes et polyvalentes qui s’adaptent aux besoins changeants des occupants et réduisent l’empreinte carbone.
  • Mettre en place des réglementations strictes pour encourager la construction durable et réduire les impacts environnementaux négatifs de l’industrie de la construction.
 

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