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Firoz Ghanty, artiste : «Je ne reconnais aucune autorité»

« VIVA la MUERTE !… Hominum Mundum » est le titre de l’exposition que tient Firoz Ghanty à l’Institut français de Maurice jusqu’au 10 septembre. Le vernissage a lieu ce mercredi 24 août. L’artiste explique que l’exposition est née d’une de ses réflexions sur l’Homme et de ses nombreuses interrogations, notamment sur la mort.

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Vous avez présenté l’exposition « La mort, l’ultime raison » en août 2015. Comment a-t-elle été accueillie par le public ?
Chacun réagit différemment à l’art dépendant de son niveau intellectuel et culturel. De par ses sujets sensibles, l’exposition a étonné certains et choqué d’autres. Mais elle a été très bien accueillie.

Un an après, vous revenez une fois de plus avec le thème de la mort. Quelles sont vos inspirations ?
Je travaille sur ce thème depuis très longtemps. Ce n’est que la seconde fois que le mot « mort » est utilisé dans le titre de mon exposition. La mort, la vie, le sexe et la culture sont des sujets qui concernent l’Homme. La mort étant l’une de ses premières occupations, je me suis toujours interrogé sur ce sujet. Selon les philosophies des religions, les gens meurent et vont au paradis. Il y a la rédemption et la réincarnation. Mais je dis que l’Homme a peur de mourir. Il faut ramener les choses à leur plus simple expression et dire tout ce qui naît doit mourir. Il n’y a rien après.

Pourquoi donc cette éternelle interrogation ?
L’éducation, la religion et la culture nous poussent à accepter les choses sans discuter. C’est comme les citoyens ordinaires acceptant l’autorité de l’état ou de la religion. Depuis tout petit, je me pose des questions. Je n’accepte rien sans essayer de comprendre pourquoi et comment. Je remets tout en cause. J’ai commencé par défier l’autorité des enseignants. J’étais également en conflit avec les parents. Mais ils m’ont donné la possibilité de vivre ma vie. Je ne reconnais aucune autorité ! Je n’ai pas peur de m’exprimer et je suis persuadé qu’en tant qu’Homme, j’ai le droit d’interroger. Et cela se reflète dans mes œuvres, mes créations, mon discours, ma vie et ma relation avec les autres.

Pourquoi toujours associer le noir à la mort ?
Justement, c’est une des questions que je me suis posées. Le noir est associé à la souffrance et à tout ce qui est négatif. C’est en fait raciste. Les Occidentaux ont inventé cela dans leur culture et comme le monde entier a été colonisé à un moment, les différents peuples ont repris certaines notions des cultures occidentales. Mais je trouve que le noir est beau et lumineux !

Est-ce que vos œuvres trouvent preneurs facilement ?
À Maurice, de moins en moins ! Parce que je ne suis pas politiquement correct. Je ne suis pas dans le jeu des communautés. Je ne suis pas un lèche-cul. Il y a des gens qui n’ont pas peur d’avoir mon travail chez eux. Cependant, depuis quelques années, j’en vends surtout aux étrangers. Malgré le combat que je mène depuis 40 ans, les Mauriciens sont culturellement rétrogrades. J’aime bien recevoir les gens lors du vernissage et voir leurs réactions. S’ils apprécient ou pas, ce n’est pas mon problème. Leurs réactions ne changent pas ce que je suis !

 

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