Economie

Finances : la Banque centrale paie le prix fort pour stabiliser le circuit monétaire

bom

À force d’éponger l’excès de liquidités sur le marché, la Banque de Maurice essuie des pertes, débouchant sur un débat sur le rôle, d’une part, et limites, d’autre part, du régulateur bancaire à intervenir pour stabiliser l’écosystème financier mauricien.
Pour les 12 mois se terminant au 30 juin 2018, la Banque centrale a annoncé des pertes nettes de Rs 587,2 millions. Excluant le coût associé aux interventions sur le marché, les profits auraient été de Rs 1,78 milliard, est-il dit dans le rapport annuel publié sur le site de la Banque de Maurice, le vendredi 14 décembre.

Publicité

Pourquoi ces interventions? Sont-elles nécessaires ? D’abord, le point. Les banques commerciales se retrouvent avec un excès de liquidités en roupies et en devises étrangères au fil de leurs activités. Si cet argent s’accumule, c’est le système monétaire qui est faussé. Par exemple, le taux d’intérêt à l’épargne baisse. Le rendement sur les bons du trésor chute, mettant (en cas extrême) la politique monétaire du pays à mal. Un excès en devises – sans intervention de la Banque centrale – pourrait fausser le taux de change. Par exemple, un euro à Rs 37 n’est pas favorable aux exportateurs et hôteliers. Un dollar à Rs 33 nous arrange au niveau des importations. Mais il pose problèmes en termes de recettes.

Pour empêcher une telle situation et utilisant les moyens à sa disposition, la Banque de Maurice a émis des obligations avec de multiples maturités pour éponger ces excès. Qui dit obligation, dit intérêt à payer. Donc, pour l’année financière se terminant au 30 juin, le coût a été de Rs 2,4 milliards contre Rs 1,9 milliard lors de la précédente année financière Qui plus est, le régulateur bancaire a épongé à cette date un montant total de Rs 92 milliards contre Rs 70 milliards il y a une année.

« La Banque de Maurice est un régulateur. Elle ne peut être comparée à une banque commerciale, tenue à générer des profits pour ses actionnaires. Dans ce cas précis, la Banque centrale est intervenue pour que le système financier opère dans les meilleures conditions sans entraîner une appréciation ou une dépréciation excessive de la monnaie. Il est essentiel d’analyser le rôle et la performance de la Banque centrale au-delà du simple exercice comptable qu’est le bilan financier », explique le Dr Takesh Luckho, économiste. « Si ces pertes avaient pour source une mauvaise gestion des fonds à sa disposition sous forme d’investissements ayant mal tourné, le questionnement sur le management aurait alors toute sa pertinence. »

Et d’ajouter : « La Banque centrale a ses limites en termes d’intervention pour stabiliser l’écosystème financier. Ce ne serait guère étonnant qu’elle ralentisse ses actions. »

D’ailleurs, ces interventions, même si elles sont onéreuses, sont bénéfiques pour le pays. Les réserves sont en hausse, suffisantes pour couvrir les importations et services du pays pour plus de 10 mois en cas de crise majeure.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !