C’est l’appréhension dans les régions où les carcasses des animaux affectés par la fièvre aphteuse ont été enfouies. Si certains expriment des craintes, d’autres disent que les bêtes ont été enterrées dans des fosses assez profondes.
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À Vallée-des-Prêtres, nous croisons Sangeet Rughoobeer, un éleveur qui a perdu tout son cheptel. Il explique qu’aucune odeur ne se dégage de ces fosses. Il nous a même montré l’endroit où les bêtes abattues ont été enfouies. « Plusieurs personnes ont exprimé leur mécontentement quand les carcasses ont été enterrées près des zones résidentielles. Les responsables de cette opération ont fait creuser des trous de 10 mètres, y ont versé de la chaux, puis ont placé les carcasses qui ont été recouvertes de chaux et de terre. C’est quasi impossible que ces fosses dégagent une quelconque odeur. »
Concernant la compensation accordée aux éleveurs, Sangeet Rughoobeer trouve le montant raisonnable. Mais il précise qu’il lui faudra plusieurs mois pour remettre son élevage à flots. « Je ne sais quoi faire. J’ai une famille à nourrir », dit-il. Mais ce dernier a déjà sa petite idée en tête. « Je compte regrouper mes autres amis qui ont perdu des bêtes afin de fonder une société coopérative », confie-t-il.
« Aucune odeur »
Un peu plus loin, nous rencontrons Irshad. Ce dernier affirme que des carcasses ont été enfouies dans un terrain près de chez lui, la semaine dernière. « Jusqu’ici, on n’a senti aucune odeur nauséabonde. Mais vu que les animaux ont été enterrés près d’un canal, on craint que les fosses ne soient affectées en cas de grosses averses », explique-t-il.
Des animaux ont également été enterrés à Cité-La-Cure. James, qui habite la localité, exprime son mécontentement. Il réside à une centaine de mètres du lieu d’enfouissement. « J’ai l’impression que tous les animaux que le service vétérinaire tue sont enfouis à Cité-La-Cure. Pas plus tard que dimanche dernier, j’ai entendu une cinquantaine de détonations. On a déjà enterré plus de 100 bêtes dans cette région. Je me demande si on peut venir polluer ainsi toute une région. On ne sait pas les conséquences que cela peut avoir », fulmine-t-il.
Il ajoute que lors des grosses pluies, une eau boueuse inonde sa maison et celles de ses voisins. « On ne sait pas ce qui va se passer lors des prochaines averses. Les autorités auraient dû nous consulter avant de venir enterrer des animaux dans notre voisinage. Cela peut causer d’importants dégâts à notre environnement. »
De son côté, Waheda Hoolash pleure encore la mort de ses bêtes. « J’ai perdu neuf animaux. On aurait dû chercher d’autres remèdes au lieu de les tuer. Au début, je croyais qu’on allait abattre uniquement les bêtes malades, mais on les a toutes tuées. » Elle confie que c’était pénible d’assister à l’abattage effectuée par les autorités.
Sa fille Sharfaa Annut est aussi très remontée contre la façon de procéder des autorités. « Ce sont des jeunes éléments de la Special Mobile Force qui ont tiré les coups de feu. Certains ont même raté leur cible. C’était inhumain. Je me demande pourquoi ce sont uniquement les animaux des fermes privées qui ont contracté le virus. » Et d’ajouter : « Si le gouvernement nous avait informés qu’il fallait acheter les vaccins, on l’aurait fait. »
Aniff Mamade Beekharee a, lui, perdu ses 32 bêtes. Toutes ont été enterrées dans un terrain à l’arrière de sa maison. « Les animaux ont été endormis avant d’être abattus par balles », raconte-t-il.
La Santé vient en renfort à l’Agro-industrie
Le ministère de la Santé prêtera main-forte au ministère de l’Agro-industrie sur le dossier de la fièvre aphteuse. Les effectifs du service sanitaire vont intervenir sur les terrains où les animaux affectés ont été enterrés. C’est sur des terrains à Vallée-des-Prêtres et à Cité-La-Cure que les techniciens de l’Agro-industrie ont enterré les animaux atteints de la fièvre aphteuse.
Une décision qui ne fait pas l’unanimité auprès des habitants de ces régions, qui se plaignent du fait que cela ait provoqué une odeur nauséabonde. Au niveau du ministère de la Santé, on confie avoir enregistré des plaintes en ce sens et que les effectifs du département sanitaire mèneront sous peu une opération de désinfection.
Les cadres du ministère sont d’avis que l’exercice d’enfouissement des carcasses d’animaux n’a pas été réalisé dans les conditions appropriées. « Si on avait creusé un peu plus, on aurait pu éviter une telle situation », avance un technicien.
1500 animaux déjà vaccinés
Le comité institué pour gérer la fièvre aphteuse qui affecte le cheptel bovin s’est réunie le mardi 23 août afin de faire un constat de la situation. Selon nos recoupements, un peu plus de 1 500 animaux touchés par cette maladie ont déjà été vaccinés.
« Les éleveurs dont les animaux ne sont pas affectés peuvent aussi faire une demande pour obtenir le vaccin, mais ils doivent solliciter un vétérinaire du privé pour faire le vaccin », explique notre source. Elle souligne que ce n’est pas un vaccin curatif mais préventif.
« Les gens ont tendance à croire qu’une fois le vaccin injecté, l’animal est guéri. Mais tel n’est pas le cas. C’est sur une période de totale d’environ 30 mois que le vaccin doit être effectué. Il doit être administré en quatre phases comprenant une dose primaire, suivie d’une dose de rappel après 21 jours, une deuxième dose de rappel après quatre mois et enfin trois doses supplémentaires à des intervalles de six mois », souligne-t-elle.
Cette campagne de vaccination se fera sur l’ensemble de l’île et il est possible que les vaccins arrivent à manquer. Cette éventualité a été évoquée par le comité. Le gouvernement compte importer d’autres doses, car il est question de vacciner l’ensemble du cheptel.
« D’ici vendredi, tous les animaux affectés par ce virus seront vaccinés. Par la suite, les vétérinaires iront dans les autres régions de l’île », souligne notre interlocuteur.
D’autre part, un comité s’est rencontré lundi avec les représentants des conseils de districts et les municipalités. Cette instance doit établir les conditions dans lesquelles seront disposés les restes des animaux qui seront abattus à l’occasion de l’Eid-Ul-Adha.
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