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Fermeture d’école pour cause d’intempéries - Cours à distance : plaidoyer pour une copie révisée

Vishal Baujeet, président de la Government Teachers Union (GTU).

Avec la fermeture forcée des écoles due aux récentes grosses pluies, le ministère de l’Éducation a décidé de relancer les cours à distance. Certains éducateurs estiment toutefois qu’il y a des améliorations à apporter.

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La grande rentrée, prévue le 10 janvier, s’est finalement tenue le 11 janvier, en raison d’un avis de fortes pluies. Une semaine après, rebelote. Les élèves ont eu droit à deux jours de congé forcé suivant les fortes pluies. Face à cette situation, le ministère de l’Éducation a annoncé la relance des cours en ligne et sur la MBC en cas de mauvais temps. Les modalités devraient être expliquées cette semaine. Or, cette mesure suscite quelques interrogations.

D’emblée, Vishal Baujeet, président de la Government Teachers Union, estime qu’au niveau du primaire, les cours télévisés, préparés en collaboration avec le Mauritius Institute of Education et l’Open University of Mauritius, peuvent être utilisés. « Les enseignants restent à la disposition pour contribuer à la production de ces cours », dit-il.  

Néanmoins, il est réaliste : « Au primaire, les élèves ont besoin d’un accompagnement presque constant, où ils peuvent poser des questions s’ils ne comprennent pas. » Ainsi, pour lui, « dans des cas exceptionnels, des mesures exceptionnelles sont requises ».

Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), est plus sceptique. « Les classes en ligne sont désormais une option à inclure dans notre système éducatif. Mais la question demeure : ce système pourra-t-il rendre service à tous les élèves confondus, avec ses lacunes soulignées maintes et maintes fois ? »   

Il évoque un manque de volonté pour améliorer, voire uniformiser ce système. « Sommes-nous tous aptes à suivre ce système en bonne et due forme ? Avons-nous tous les mêmes facilités pour suivre et rendre la continuité de l’apprentissage des élèves possible ? Les enseignants ont-ils tous la même formation pour dispenser ces cours en ligne ? »

Arvind Bhojun est catégorique : « Si nous n’arrivons pas à répondre à ces questions et à assurer que c’est un système juste et équitable, je n’en vois pas l’intérêt. C’est bien de trouver des alternatives, mais nous ne pouvons pas juste annoncer des mesures au pied levé et sans un plan de préparation. »

Élèves en difficulté

Autre annonce du ministère : les familles enregistrées sur le Social Register of Mauritius et ayant un enfant à l’école recevront de l’aide. Sans compter que des solutions seront apportées aux élèves en difficulté. Cela est toutefois loin de convaincre des éducateurs. Le président de l’UPSEE parle de certaines limitations.

« Beaucoup de parents ne se retrouvent pas sur le Registre social du fait qu’ils touchent un revenu légèrement au-dessus du critère établi. Ou encore, ils ont plusieurs enfants à l’école et ne peuvent pas financièrement se permettre de leur donner toutes les facilités requises pour qu’ils puissent suivre ces cours en ligne. Ce sont des inconvénients auxquels personne n’a songé à apporter des solutions », dit-il. Et s’il « n’est pas trop tard », poursuit Arvind Bhojun, il déplore le fait que le ministère agisse sans consultations avec les parties concernées. 

Shalinee Marimootoo, enseignante au sein d’une école primaire de la Zone d’éducation prioritaire (ZEP), est également mitigée, bien qu’elle se réjouisse que le ministère aide les élèves en difficulté. « J’estime qu’il doit y avoir un suivi direct avec les élèves pour s’assurer que les outils mis à leur disposition sont utilisés à bon escient. »

D’ailleurs, elle insiste sur l’importance de familiariser, dès la rentrée des classes, les enfants, qui y sont moins exposés, aux outils technologiques, pour une meilleure adaptation. « De cette manière, dans des situations exceptionnelles comme les intempéries, ils sauront déjà comment utiliser cette technologie et assister aux cours en ligne. Il faut miser sur des solutions à long terme et ne pas uniquement réagir aux événements. »

Ce qu’ils en pensent

Certains éducateurs ont pris les devants. Alors que jeudi et vendredi étaient jours de congé forcé, ils ont choisi de dispenser des cours en ligne. Ils plaident notamment pour un système d’enseignement en ligne amélioré.

C’est le cas de Vishal, enseignant au primaire. « J’ai animé une classe en ligne d’une durée de deux heures en survolant plusieurs matières, afin de maintenir les élèves engagés durant les jours où l’école était fermée », confie-t-il. 

Il est en faveur de l’application d’un système de cours en ligne en cas d’intempéries. Les enseignants, assure-t-il, ont la volonté de contribuer à la mise en place de ce système avec le soutien du ministère dans des conditions idéales. 

« Au niveau du primaire jusqu’à présent, nous n’avons accès qu’aux cours télévisés. L’engouement est de moins de 50 % auprès des enfants. Tandis que les cours en ligne permettent une certaine supervision au niveau de la présence et de la participation des élèves par l’enseignant en charge », fait-il valoir. 

Vishal insiste toutefois sur la logistique. « Les enseignants doivent avoir accès à des ordinateurs portables avec une connexion fiable, fournis par le ministère. Et surtout, il faut établir une application qui peut être utilisée par toutes les parties prenantes. Le mode opératoire doit être constant », suggère-t-il.   

Même des parents fondent leurs espoirs sur un système de cours à distance amélioré. À l’instar de Ranjeeta, parent d’un élève de Grade 5. « Cela ne fait que quelques jours depuis la rentrée. De facto, les enfants ne maîtrisent pas encore certains sujets. Pendant les jours où l’école était fermée, vu qu’il n’y avait pas de dispositif pour permettre la continuité des cours, j’ai pris des congés afin d’accompagner mon enfant dans son apprentissage. »

Avec l’annonce de la relance des cours télévisés, elle s’attend à un système amélioré, notamment dans la qualité des cours dispensés avec des solutions aux inconvénients auxquels des parents avaient été confrontés durant le confinement. « Et, surtout, un système qui permet aux enseignants de faire un suivi avec les élèves. »

 

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