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Face à la pression de Maurice - Chagos : le Royaume-Uni veut ouvrir des négociations

Après le développement favorable à Maurice mercredi soir, les Britanniques souhaitent que le gouvernement mauricien temporise sur le dossier des Chagos. Londres souhaiterait des négociations. Une demande en ce sens a été faite auprès de l’ambassade de Maurice à New York.

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Le développement de mercredi a eu son effet. Ce soir-là, le General Committee des Nations unies a agréé à ce que la résolution portant sur la « demande d’avis consultatif de la Cour internationale de justice sur les effets juridiques de la séparation de l’archipel des Chagos de Maurice en 1965 » soit mise à l’agenda de la 71e session de l’Assemblée générale des Nations unies. C’est l’item 88. Maurice a obtenu ce feu vert après un consensus des membres du comité qui ont voté en sa faveur. c’est une victoire en soi, pour le gouvernement mauricien et elle a entraîné d’autres conséquences dans son sillage.

« La Grande-Bretagne nous a informés qu’elle souhaite nous faire de nouvelles propositions sur la souveraineté. Elle nous a demandé d’attendre avant de lancer les débats à ce sujet. Nous sommes d’accord, mais si nous voyons qu’il n’y a aucune avancée ou que Londres continue à nous mener en bateau, nous demanderons que le débat sur cette résolution soit lancé », confie Satteeaved Seebaluck, conseiller spécial au Bureau du Premier ministre et ancien chef de Cabinet.

À la fin des discussions sur l’inscription de la résolution mauricienne à l’agenda mercredi, le président de la 71e session de l’Assemblée générale, le Fidjien Peter Thomson, a encouragé « les délégations (NdlR : mauricienne et britannique) à s’engager de manière significative et constructive dans la recherche d’une solution à ce sujet et de (le) tenir au courant des progrès sur une base régulière ».

Même si les Britanniques demandent à temporiser, cela ne veut pas dire pour autant que le camp mauricien ne poursuivra pas son lobby pour convaincre la majorité des pays membres des Nations unies d’adopter la résolution mauricienne, si Maurice décide de réclamer le lancement des débats à l’Assemblée générale de l’ONU. « Les Britanniques ne veulent pas que ce débat ait lieu. Avec l’inscription de cette résolution à l’agenda, nous sommes dans une position de force. Nous avons reçu beaucoup de soutien et ils le savent », explique Satteeaved Seebaluck.

Le General Committee de la 71e session de l’Assemblée générale des Nations unies a proposé aux deux parties concernées de trouver un terrain d’entente d’ici juin 2017. Faute de quoi, Maurice pourra aller de l’avant avec sa demande de passer la résolution.

Cogestion

Jusqu’ici, le Premier ministre sir Anerood Jugnauth a toujours été constant dans son exigence envers la Grande-Bretagne. Il lui demande de l’informer de la date à laquelle elle rendra à Maurice sa souveraineté sur l’archipel des Chagos. Le gouvernement mauricien est partant pour trouver une entente sur une cogestion par Maurice et la Grande-Bretagne de l’archipel dans son ensemble, en attendant la date à laquelle Londres lui rendra sa souveraineté.

Par rapport aux États-Unis, le Premier ministre mauricien avait rassuré le président Barack Obama dans une lettre officielle en juin. Il lui avait signifié la volonté de Maurice d’accorder un bail à long terme sur Diego Garcia aux États-Unis et à la Grande-Bretagne.

Le 8 août, Antony Blinken, secrétaire adjoint d’État, avait répondu à ce courrier au nom du président américain. Dans sa réponse, il avait « exhorté le gouvernement mauricien à ne pas mettre le sujet des Chagos devant l’Assemblée générale des Nations Unies et la Cour internationale de justice ». Il avait ajouté qu’il valait mieux « discuter de la question au niveau des réunions aux niveaux inférieurs des gouvernements respectifs plutôt qu’au niveau du président des États-Unis et du Premier ministre mauricien. Et de souligner que les États-Unis reconnaissent la souveraineté de la Grande-Bretagne sur l’archipel et que les Chagos sont essentiels pour la sécurité des États-Unis et de la Grande-Bretagne ».

Un point de vue que ne partage pas Port-Louis. Pour Maurice, seule Diego Garcia importe pour la sécurité et non l’archipel tout en entier.

SAJ à la tribune des Nations unies le 23 septembre

Sir Anerood Jugnauth a quitté le pays jeudi soir pour New York. Il interviendra à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies le vendredi 23 septembre. Le chef du gouvernement expliquera pourquoi il a eu recours à cette résolution et soulignera la détermination de Maurice de se voir restituer sa souveraineté sur les îles Chagos.Ce déplacement du Premier ministre est une étape importante dans la campagne de lobbying de Maurice. Au niveau du Bureau du Premier ministre et de la représentation de Maurice aux Nations unies, l’on s’active à classer les rendez-vous avec des chefs d’État et de gouvernement.

Les soutiens acquis pour Maurice sont l’Union africaine, le Groupe des 77, le groupe des non-alignés et des pays amis dont l’Inde. Le gouvernement est donc confiant d’obtenir une majorité si la résolution est mise au vote.

Les États-Unis et la Grande-Bretagne ne chôment pas en attendant. Ils ont entamé leur campagne de lobbying.

« Mission sacrée » Un défi personnel pour SAJ

Pourquoi le dossier des Chagos est-il devenu une « mission sacrée » qui tient tant à cœur au Premier ministre ? Certains de ses proches collaborateurs expliquent que sir Anerood Jugnauth semble en avoir fait une affaire personnelle qui revient tout le temps dans la conversation. Le fait qu’il soit le dernier témoin vivant de la conférence de Lancaster House en 1965 serait un facteur qui le motive à boucler ce dossier pendant son ultime mandat.

« Il a été témoin de tout ce qui s’est passé en 1965, relate un de ses collaborateurs. Ce sujet lui est cher et il l’aborde souvent avec nous. » Lors de son point de presse lundi, le Premier ministre avait expliqué que les Chagos n’avaient jamais été sur la table des négociations, le deal s’étant conclu entre sir Seewoosagur Ramgoolam et Harold Wilson, Premier ministre britannique de l’époque. « C’est un défi qu’il veut relever, il est intransigeant sur le dossier. Il en fait une affaire personnelle, mais il est conscient de toutes les implications pour le pays », ajoute notre source.

Un second collaborateur confirme l’importance de la conférence de Lancaster pour expliquer la position actuelle du PM. « Il sait ce qui s’est passé là-bas et il met le paquet sur ce dossier, la souveraineté de Maurice importe beaucoup pour lui. »

Rencontre avec Obama le 20 septembre

La question des Chagos sera sans nul doute au centre de la rencontre entre le président des états-Unis Barack Obama et le Premier ministre mauricien sir Anerood Jugnauth.

Ce dernier a été invité à la Maison Blanche le 20 septembre pour discuter avec le président américain. Sur le dossier des Chagos, les états-Unis reconnaissent jusqu’ici uniquement la souveraineté britannique sur l’archipel. Maurice assure cependant que si la souveraineté lui est retournée, elle accordera un bail de longue durée aux Américains et aux Britanniques sur l’île de Diego Garcia où se trouve la base militaire américaine.

 

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