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Extrême pauvreté - Mohinee, mère de deux enfants : «La faim m’oblige à évoquer notre calvaire»

Mohinee Noyan, 24 ans, est dans la tourmente. Depuis l’arrestation de son mari, elle se retrouve seule avec deux enfants sur les bras. Ne sachant vers qui se tourner, elle a frappé à la porte de la rédaction d’Explik ou K , afin d’obtenir un peu de nourriture pour ses enfants. Récit.

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À 24 ans, Mohinee Noyan semble en avoir 15 ans. Elle est frêle, maigrichonne. Accroché à son bras, son fils de cinq mois. Cramponnée à sa jupe, une fillette qui vient tout juste de souffler ses trois bougies. C’est son aînée. Cette jeune maman semble perdue. Lorsqu’elle pousse la porte de la rédaction d’Xplik ou K, elle avoue avoir beaucoup hésité avant de nous relater son histoire.

N’ayant plus d’autres options,  Mohinee Noyan a finalement choisi de solliciter notre aide. Les ‘Ki dimoun pou dire ?’ n’ont plus d’importance pour elle aujourd’hui, car la seule raison qui motive sa démarche, c’est de trouver de quoi donner à manger à ses deux enfants.

Orpheline de père et de mère, Mohinee Noyan habite dans la maisonnette léguée par sa mère à l’Espérance Trébuchet. Son mari est en prison depuis janvier pour une affaire de cannabis. Elle avait été arrêtée dans cette affaire, puis libérée sous caution. « Ma fille aînée avait été placée dans un refuge (shelter) par la Child Development Unit (CDU). Lorsqu’on m’a libérée, la première chose que j’ai faite, c’est d’entreprendre des démarches pour récupérer mon enfant. C’est comme ça que le peu d’économie que j’avais est parti en fumée. Aujourd’hui, je n’ai plus rien. Pendant un certain temps, j’ai loué la maison tandis que j’habitais chez des proches, mais les locataires se sont enfuis sans me donner un sou. »

Depuis leur arrestation, Mohinee Noyan s’est retrouvée plus ou moins seule. « Certains proches et amis ne nous parlent plus, nous tournent le dos, tandis que le voisinage me regarde toujours avec un brin accusateur. Dimoun-la zis pou ziz ou. Je ne peux aller à la boutique, ni prendre l’autobus sans que quelqu’un me regarde avec dédain, tout en chuchotant. Ceux qui m’approchent n’en ont rien à faire de mes difficultés. Ils ne viennent pas pour savoir comment je me débrouille avec les enfants, ils veulent seulement poser des questions et faire des commentaires désobligeants. »

«Privée de nourriture, je ne peux allaiter»

Son mari, âgé de 24 ans également, est toujours en détention provisoire. Entretemps, Mohinee Noyan et ses enfants tombent dans le précipice de la pauvreté.

« Depuis quelques semaines, nous n’avons plus rien à manger. Je me suis tellement privée de nourriture que je ne peux plus allaiter. Je dois faire du lait clair pour qu’il en reste pour les jours suivants. Mo zanfan manz zis gramatin ek aswar. Pendant la journée, on reste le ventre vide. Quand on a trop faim, on se rend chez une amie qui n’habite pas trop loin et qui accepte de nous donner un petit quelque chose à manger », dit-elle les larmes aux yeux.

Ces enfants, trop petits pour comprendre ce qui leur arrive sont auprès d’elle. Elle les trimbale partout : tantôt au poste de police où elle doit signer une fois la semaine, tantôt à la cour pour s’enquérir du procès, tantôt à la prison pour rendre visite à son époux et tantôt à frapper à la porte de quelques bons Samaritains pour avoir de quoi manger.

«Ne jugez pas si je suis une bonne mère»

Devant tant de misère, Mohinee Noyan craint que les autorités ne lui retirent la garde de ses enfants. « C’est une épreuve douloureuse que je ne veux pas revivre. Pour mes enfants, mo pou touzour trase. Ce n’est pas grave si je reste sur ma faim. Je veux être une bonne mère pour mes enfants. Je demande aux autorités de ne pas juger ma situation financière pour évaluer si je suis une bonne mère. Certes, je suis pauvre, mais j’aime mes enfants. La faim m’oblige à évoquer notre calvaire. Je sais que les gens me tomberont dessus. Ils pensent s’en doute que nous avons bien mérité ce qui nous arrive. Ils ont peut-être raison, mais mes enfants ne méritent rien de tout cela. Si je réclame de l’aide, c’est pour eux avant tout. » 

Ne pouvant travailler à temps plein à cause de son bébé, Mohinee Noyan affirme vouloir trouver un emploi à temps partiel.

« Je veux que ma fille de trois ans puisse aller à l’école. Je me débrouillerai pour faire garder mon bébé et pouvoir faire de petits boulots comme femme de ménage. »

Aujourd’hui, ses factures s’accumulent. Bientôt, faute de paiement, elle sera privée d’eau et d’électricité. En attendant de trouver une solution à long terme, Mohinee compte sur la générosité du public pour lui venir en aide. « Aidez-nous svp ! » supplie-t-elle.

Vous pouvez nous contacter au 208 60 02 ou à l’adresse suivante xplikouk@defimedia.info.

 

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