Economie

Exportation : pourquoi 69% des PME mauriciennes boudent l’Afrique

L’Afrique est de plus en plus perçue comme un Eldorado pour les entreprises engagées dans l'exportation. Un  avis que ne partagent, toutefois, pas un bon nombre de PME. 69 % d’entre elles n’envisagent pas d’exporter sur le marché africain. Pour quelles raisons ? Le point.

Publicité

Comptez-vous exporter vos produits et services en Afrique ? Si 31 % des PME ont dit  « oui » à cette question, 69 % d’entre elles ont répondu par la négative lors d’un sondage effectué dans le cadre du plan directeur pour le développement des PME, qui a été récemment rendu public. Et cela malgré les accords préférentiels dont jouit le pays avec la COMESA ou encore le SADC. Les raisons avancées sont multiples : une clientèle peu fiable, des coûts élevés de transport et de la logistique, l’instabilité politique et la corruption qui règnent dans certains pays africains, entre autres.

Les facteurs qui freinent les PME à exporter en Afrique

Facteurs % de PME  
Risques au  niveau de la santé 2%
Clients peu fiables  12%
Coût du fret et du transport 11%
Corruption 4%
Instabilité politique 8%
Autres (pas intéressé ou pas applicable)  63%

Bref, l’Afrique est perçue comme un marché difficile. Ce n’est pas Rekha Cowlessur, directrice d’Arvani Ltd (Ndlr : sa compagnie est spécialisée dans la production de chaussettes), qui dira le contraire.

« Nous avons eu une commande pour le Kenya en décembre. Tous les produits étaient prêts à être exportés en février. Toutefois, les procédures d’exportation, très ardues car elles requièrent un bon nombre de permis et de paperasses, sont toujours en cours à ce stade », fait ressortir Rekha Cowlessur. Pour l’entrepreneure, ce long processus peut décourager les PME à exploiter le marché africain.

D’autres facteurs entrent également en jeu. « Il y a plusieurs PME qui ont exporté leurs produits, mais qui n’ont pas reçu leur argent parce que les clients ne sont pas fiables. Le coût élevé du fret, l’aspect incertain de certains marchés et le faible pouvoir d’achat d’un bon nombre de consommateurs africains découragent aussi les entrepreneurs à exporter leurs produits en Afrique », explique Vijay Ramgoolam, ancien directeur de la SMEDA et de la One-Stop Shop du ministère de l’Industrie.

Contraintes et potentiel

Tariq Sohawon, directeur général de Polytol Paints & Adhesives Man Co.Ltd (Ndlr : petite entreprise au départ, Polytol figure aujourd’hui dans la catégorie de grande entreprise), y va également de son commentaire. « Nous exportons nos produits au Kenya depuis deux ans. C’est un marché où il faut s’adapter, car il y a des contraintes notamment en termes de prix. Un facteur qui a bien souvent le dessus pour les clients », explique-t-il.

Par ailleures, indique Tariq Sohawon, le coût du fret reste élevé malgré les subsides de 300 dollars accordés par le gouvernement. Autre contrainte : pour pénétrer le marché kenyan, il faut avoir un certificat de conformité. « Pour cela, vous devez détenir un certificat ISO. Ce qui n’est pas le cas pour bon nombre de PME », précise notre interlocuteur.

Si pour Tariq Sohawon, le marché africain « n’est pas facile », son potentiel est, toutefois, « énorme ». « Les possibilités sont grandes, mais il faut bien étudier le marché avant de le pénétrer », conseille-t-il.


Miser plus sur la production locale

Pour Vijay Ramgoolam, le marché local peut offrir plus de possibilités que le marché d’exportation.  « Il y a un bon nombre de produits que nous importons que nous pouvons produire localement notamment les papiers hygiéniques ou encore les brosses à dents.  Si nous avons les machines,  les matières premières et le savoir-faire qu’il faut, nous pouvons produire n’importe quel produit. Ce qui nous permettra de garder nos devises et de créer davantage d’emplois », fait-il ressortir.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !