Le ministère du Travail a enregistré 190 cas d’exploitation de travailleurs étrangers entre juillet 2022 et juin 2023. C’est ce qu’a révélé Manoraj Mangra, de la Migrant Unit, dans l’émission « Au cœur de l’info », animée ce mardi par Jean-Luc Emile. Le fonctionnaire indique toutefois qu’à ce jour, aucun employeur n’a été condamné pour ce délit.
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L’exploitation, selon le Principal Labour Industrial Relations Officer, peuvent prendre différentes formes. « Nous considérons également le non-paiement du salaire ou le refus d’accorder un congé déjà approuvé comme des formes d’exploitation », précise-t-il. Manoraj Mangra soutient que plusieurs cas ont été réglés « grâce à l’intervention du ministère » avec à la clé des compensations totalisant Rs 5,5 millions payées aux travailleurs étrangers lésés. « La majorité des cas sont réglés suivant notre intervention car nous initions des enquêtes et nous faisons un suivi strict des compagnies concernées », ajoute-t-il.
Si aucun employeur n’a jamais été condamné, c’est parce que « jusqu’à présent, quand des non-conformités ont été relevées, les employeurs concernés se sont finalement conformés aux règles », explique Manoraj Mangra, déplorant toutefois que des cas ne soient pas rapportés par des travailleurs étrangers. « Il est malheureusement impossible, avec les moyens dont dispose la Migrant Unit, d’aller rendre visite à chacun des 40 000 travailleurs étrangers à Maurice, même s’il y a des inspections quotidiennes. »
Au sujet des travailleurs étrangers qui s’enfuient de chez leur employeur, Manoraj Mangra considère qu’il s’agirait essentiellement de ceux qui ont été tentés par l’appât du gain. « Ils obtiennent plus d’avantages ailleurs. (…) Il se peut que d’autres employeurs leur promettent plus d’argent », dit-il, en soulignant qu’il est difficile de connaître les raisons exactes. « Parski nou pa resi gagn zot. »
Absence de cadre légal
Réagissant à ces propos, Leevy Frivet, consultant en relations industrielles et emploi, estime que les problèmes d’exploitation ne sont pas réglés en tant que tels. « Car le travailleur n’a que deux choix : soit il reste, soit il repart dans son pays. (…) Il semblerait que la Migrant Unit ait trouvé la formule magique pour résoudre ces cas mais les problèmes ne sont pas vraiment résolus », dit-il.
Lilowtee Rajmun-Joosery, de la Mauritius Export Association, défend les compagnies exportatrices, principalement pointées du doigt. « Le secteur de l’exportation n’est pas le seul à employer des travailleurs étrangers. Beaucoup d’autres secteurs le font aussi », rappelle-t-elle, suggérant au ministère du Travail de mobiliser plus de ressources pour traquer les cas d’exploitation.
Enfin, Feizal Ally Beegun, syndicaliste qui représente des ouvriers étrangers, déplore l’absence de cadre légal pour protéger ces derniers. « Qu’ils soient dans le textile, la construction, la boulangerie ou les salons de massage, ils sont nombreux à être exploités », assure-t-il.
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