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Environnement : l’état de la faune et de la flore inquiète !

Altitude des Mascareignes, la forêt de Magenta. Un des derniers vestiges de forêts de basse altitude des Mascareignes, la forêt de Magenta. ( Photos : MWF )

Observateurs et organisations demandent de rendre plus efficace la lutte pour la protection de l’environnement. Les pouvoirs publics sont appelés à sensibiliser les citoyens.

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La pollution visuelle et sonore, le changement climatique, l’érosion, l’appauvrissement de la biodiversité, le prélèvement des ressources naturelles… Autant de menaces pour la faune, la flore et l’environnement marin de Maurice. Les organisations environnementales sont inquiets par rapport à la situation.

Le Cylindrocline Lorencei, une des plantes les plus menacées au monde, est endémique de Maurice.

La Platform Moris Lanvironnman déplore la lenteur dans la mise en place de mesures pour la protection de l’environnement.

Adi Teelock.

Adi Teelock, membre de la plate-forme s’explique : « Nous suivons de près les grands enjeux environnementaux touchant le pays. Dans certains domaines, la situation évolue plutôt dans la bonne direction, quoique trop lentement. Dans d’autres, elle est inquiétante », indique-t-elle.

« Nous regrettons, par exemple, que les autorités ne prennent pas avec suffisamment de détermination et de façon holistique des mesures nécessaires pour bâtir la résilience des îles de la République face aux effets du changement climatique tels que les inondations et l’érosion.

Construire des drains et installer des sacs de sable sur la plage se sont avérées des mesures vaines ou insuffisantes. Le pays a besoin d’un plan d’aménagement du territoire qui intègre pleinement les effets du changement climatique. Notre territoire terrestre est extrêmement limité. Bien gérer son utilisation est donc primordial pour le protéger et satisfaire les besoins présents et futurs de la population », ajoute-t-elle.

Même son de cloche au niveau de l’environ­nement marin. « Les Mauriciens ne sont pas assez conscients des menaces pour nos environnements côtiers et marins.

La Pilea Balfouri, une plante récemment re-découverte à Rodrigues.

Il y a plusieurs types de menaces : les déchets ; l’érosion des plages ; les constructions inappropriées ; les techniques de pêches destructives ; la destruction des récifs, des mangroves et des marécages ; l’aquaculture ; les eaux usées ; les pesticides et les engrais. La liste est longue. Le lagon et les côtes subissent beaucoup de pressions », explique Frédérique Perpetu de l’ONG Reef conservation.

Vikash Tatayah, Mauritian WildLife : « Il y a un problème de valorisation des espaces et des espèces naturels »

Vikash Tatayah.

Vikash Tatayah reconnaît les efforts pour les causes environnementales, mais estime qu’ils ne sont pas suffisants. « Je ne minimise pas le travail effectué pour la protection de l’environnement à Maurice. Toutefois on aurait pu faire mieux. L’environnement est l’affaire de tous.

Il y a eu des dégradations, par exemple concernant les forêts qui se réduisent et se dégradent. C’est justement pour cette raison qu’on aurait pu faire mieux pour conserver ces espaces et ces espèces », précise-t-il.

Il estime que les gens sont au courant des dangers pour l’environnement. « Il y a une différence entre être conscient et être au courant. Les gens connaissent les dangers, mais ce n’est pas pour autant qu’ils font l’effort d’adopter une attitude positive en faveur de l’environnement. Je ne généralise pas. Nous disons souvent que nous sommes très fiers d’être Mauriciens. Mais combien d’entre nous pouvons dire que nous sommes des écocitoyens », fait-il observer.

Le cardinal de Maurice en mue, sur l’île-aux-Aigrettes. C’est un oiseau en danger de disparition. 

Il regrette que malgré les campagnes d’information et de sensibilisation, la population ne s’intéresse pas beaucoup aux causes environnementales. « Nous ne pouvons pas dire qu’il y a un manque d’éducation.

Le cardinal jaune de Rodrigues.

C’est ce que nous faisons des informations qui est important. Il y a surtout un problème de valorisation des espaces et des espèces naturels. On devrait encourager la population à découvrir et à connaître ces espaces pour pouvoir mieux les protéger », dit-il.

Frédérique Perpetu, Reef Conservation : « L’environnement côtier et marin fait face à différents types de menaces »

Photo : Reef Conservation

Frédérique Perpetu fait un triste constat de l’environnement marin. Elle déplore l’état du lagon mauricien. « On ne peut pas dire que c’est très réjouissant. Certaines parties de l’île sont encore préservées, mais on trouve beaucoup de coraux morts. Leur destruction est due en grande partie aux activités humaines et aux effets du changement climatique. Le public doit faire attention et ne doit pas endommager les coraux ou herbiers », indique-t-elle.

Elle encourage les Mauriciens à protéger l’environnement marin à travers des gestes simples et accessibles à tous. « Il ne faut pas marcher sur les coraux, ne pas les casser, ne pas arracher les herbiers, ne rien jeter sur la plage, dans la mer. Il faut aussi éviter l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides », explique-t-elle.

Selon elle, il n’y a pas assez de sensibilisation. « Nous dépendons de ces écosystèmes, que ce soit pour notre économie ou pour nos activités récréatives. De plus, ils sont une source de revenus pour de nombreux habitants de la côte et bien évidemment ce sont des zones biologiques et éco systémiques primordiales pour le maintien et la bonne santé de l’environnement », fait-elle ressortir.

Elle invite donc à y remédier en participant à une journée portes ouvertes. « Nous célébrons la Journée de l’environnement et des océans le samedi 10 juin sur la plage publique d’Anse-La-Raie. Le but de cette journée est de sensibiliser les Mauriciens sur les différents écosystèmes côtiers et marins de l’île, à travers des sessions ludiques et éducatives. Toutes les sessions sont gratuites et ouvertes à tous et il y a plein de cadeaux à gagner », dit-elle.

Opinions : que pensez-vous de l’état de l’environnement ?

Clarel Dubois, La Tour Koënig
« Je pense que l’environnement n’est pas assez protégé. Là où j’habite, à résidences La Tourelle, les maisons de la National Housing Development Company sont construites à côté des usines. L’état du quartier est déplorable. Je tombe souvent malade et je pense que l’environnement où j’habite affecte beaucoup ma santé. Les Mauriciens sont insouciants de l’environnement. Je peux l’affirmer rien qu’en voyant l’état de nos rivières et de nos forêts. Les rues sont super sales, comparées à celles de La Réunion où tout est propre. C’est la réalité. »

Elodie Pascale, Beau-Bassin : « L’état de notre environnement se dégrade
de jour en jour. Il est de plus en plus pollué par les déchets humains, que ce soit sur terre ou en mer. C’est vraiment regrettable. Nous ne comprenons pas assez que nous avons le devoir de préserver notre jolie petite île. Peu importe l’endroit où nous nous rendons, il y a des déchets, même
à la plage. »

Curtis Cotte, Mahébourg
« Je pense qu’il y a un gros travail à faire au niveau de l’environnement. Il y a un manque de tout : d’entretien, de poubelles et surtout de sensibilisation. »

Gish Ramchurn, Vacoas
« Je pense que nos plages ne sont plus ce qu’elles étaient il y a quelques années. Leur état se dégrade. À mon avis il faudrait inciter les pêcheurs à préserver les techniques traditionnelles et le savoir-faire local. Cela favorisera la conversation des espèces marines et contribuera à un développement durable. »

Aressen Mardemootoo, Souillac
« C’est triste à dire, mais l’environnement et les plages sont dans un sale état. Partout où nous allons, nous voyons la pollution causée par les humains. Tout est malpropre et mal entretenu. Cela m’attriste de savoir que c’est l’homme qui contribue à la dégradation de la planète. Le texte d’une chanson me vient à l’esprit. «  Kan mama la ter pou deside nou pa pou ena sime pou galoupe. »

Yohan Chung, Port-Louis
« L’environnement, selon moi, est moyen à Maurice. Au niveau de la préservation des forêts, c’est pas mal, mais avec les centrales électriques à charbon et les émissions de fumée des transports, cela représente un danger pour l’écosystème. De plus, avec les ready made products, il y a une augmentation du volume de déchets, dont une partie se retrouve souvent dans les lagons. Pour  moi, Maurice est sur une mauvaise pente. »
Alicia Cicéron, Flacq
« Je suis d’avis que le lagon meurt petit à petit. Sauver les sites naturels est la mission principale que le gouvernement doit se fixer, afin de réduire les dégâts causés  par le tourisme de masse. Le vrai problème est le manque d’information et l’absence de programmes de sensibilisation. D’une manière générale, les Mauriciens détruisent le lagon par inadvertance ou par paresse. C’est le rôle de tout un chacun de faire en sorte de protéger l’île. »

 

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