Les officiers de l’Anti Drug & Smuggling Unit (Adsu) reprochent à la Customs Anti Narcotics Section (CANS) de la douane d'avoir divulgué un communiqué à la presse réclamant la paternité d’une opération concernant l’arrestation d’une passeuse bolivienne pour importation de drogue. Là où le bât blesse, c’est que l’opération de « control delivery » était toujours en cours.
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Tout commence le lundi 13 novembre dernier, quand les limiers de l’ADSU, conjointement avec la douane, interpellent Paracada Saucedo, une ressortissante bolivienne âgée de 30 ans. Ils retrouvent dans la doublure de sa valise 2,3 kilos de cocaïne soigneusement dissimulés. Soumise à un interrogatoire, cette instructrice de Zumba et mère de deux enfants, accepte de collaborer avec les limiers de l’Adsu. Sous leur surveillance discrète, la passeuse va à un pensionnat situé à Quatre-Bornes. Les lieux sont surveillés discrètement par les limiers de l’Adsu. Des échanges de communications entre la passeuse de drogue et le commanditaire basé à l’étranger, utilisant un numéro de WhatsApp international, ont lieu. Au même moment, un Mauricien contacte le responsable de l’hôtel pour s’enquérir si la ressortissante étrangère est bien arrivée au pensionnat.
Pour les policiers, les signes sont encourageants et la livraison contrôlée d’un colis factice, qui a remplacé cette drogue prévue pour le lendemain, est en bonne voie. Mais voilà qu’en fin d’après-midi de ce lundi, cette information jalousement gardée par l’ADSU est étalée dans certains médias en ligne. Cela après que la MRA s’est félicitée, dans un communiqué, faisant état de cette grosse saisie de cocaïne. À ce moment précis, du côté de l’Adsu, c’est l’incompréhension et l’indignation. « Adsu encore pe veilller pe atan pou trafikan vin sers so la drogue, couma la douane capav ran sa information la publik, indirektement trafikan pou fini coner so la drogue ine saisie, zame li pas pou vin prend so parcel » s’insurge un haut-gradé de la brigade anti-drogue.
« Control Delivery : Called Off »
Quand la nouvelle a fuité dans la presse ce lundi, les responsables de cette opération n’ont pas eu d’autre choix que d’annuler le « control delivery ». Une enquête pour déterminer comment la Customs Anti Narcotics Section a pu divulguer cette information à la presse est d’ailleurs en cours. « L’arrestation du contact local à qui cette drogue était destinée a été compromise après le communiqué de la MRA à la presse locale. Cette situation a mis en péril les capacités des policiers pour détecter ce cas d’importation de cocaïne », dénonce un haut gradé de l’Adsu dans une missive adressée à ses supérieurs en début de semaine.
Ce cas démontre clairement une faille dans la communication et la coordination entre ces deux unités. « Ena perdi la vie ladans. Ene exercis byen delkia kot trafiquant pas siposer coner ki ena control delivery pe faire. Mem dan ladsu pas tout policier ki au courant kan ena ban gros saisie la drogue dans aeropor », ajoute cet enquêteur de l’Adsu. Une situation qui met aussi en danger la sécurité des « Undercover Agent ». Un ancien officier de carrière de l’Adsu rappelle que des cas d’obstruction à des opérations anti-drogue sont sanctionnés par le Code pénal, notamment le délit d’« Obstruction to Dangerous Drug Act » et aussi le délit de « Conspiracy To Pervert The Course Of Justice ». Il nous revient que ce litige entre l’Adsu et la douane est suivi de très près par le bureau du commissaire de police.
Au sein de la Mauritius Revenue Authority, on laisse entendre que cet incident résulte d’une mauvaise communication entre les deux entités de répression contre le trafic de drogue. Du côté de la CANS, nos sources proches affirment qu’une telle bavure ne s’est jamais produite dans le passé. Il nous revient que ce cas sera soulevé à l’Assemblée nationale très prochainement.
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