Enjeux politiques et réformes : le jeune visage de la politique mauricienne en débat

Les principaux enjeux politiques vus par la nouvelle génération de politiciens ont été au centre des discussions jeudi après-midi dans l’émission « Au Cœur de l’Info », présentée par Prem Sewpaul sur Radio Plus.

Circulation d’un enregistrement sonore

Commentant un communiqué émis par son ministère au sujet d’un enregistrement sonore en circulation sur les réseaux sociaux impliquant Sherry Singh, ancien Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Telecom (MT), Deepak Balgobin, ministre de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation (TIC), a souligné l’importance de prendre les devants dans cette affaire afin de rassurer la population qu’aucun système de surveillance n’est en place à Maurice. « Le gouvernement devait clarifier qu’il n’y a pas de tapping à Maurice », a-t-il affirmé.

Réagissant à la rapidité avec laquelle ce communiqué a été publié, la députée du Mouvement militant mauricien (MMM), Joanna Bérenger, a souligné que, dans plusieurs cas graves impliquant des mineurs et des femmes, le gouvernement n’a pas fait preuve de la même réactivité. « Lors de l’affaire Telegram, où des femmes se sont plaintes de harcèlement et de cyberintimidation, le gouvernement n’a émis aucun communiqué. La population ne méritait-elle pas d’être protégée dans ce cas ? » a-t-elle déclaré.

De son côté, le député du Parti travailliste (PTr), Ritish Ramful, a rappelé que des membres de l’opposition ainsi que des journalistes ont été victimes de graves allégations sur les réseaux sociaux, sans que le gouvernement ne prenne des mesures pour y remédier.

À cela, le ministre Balgobin a répondu que ce ne sont pas seulement les députés de l’opposition qui subissent des attaques sur les réseaux sociaux, mais que, de manière générale, les membres du gouvernement sont les plus souvent exposés à ces attaques. « Nous n’avons cependant pas la possibilité de faire retirer ces publications sur Facebook ou TikTok. Nous pouvons seulement les signaler », a-t-il précisé.

Brain Drain

« Nous faisons face à un grave problème de fuite des cerveaux à Maurice, qui affecte l’économie », a déclaré Ritish Ramful, se basant sur des sondages d’Afrobarometer. Ceux-ci révèlent que 66 % de la population estime que le pays va dans la mauvaise direction, tandis que 72 % des Mauriciens pensent que la démocratie a régressé dans le pays.

Nikhita Obeegadoo partage cet avis, affirmant que l’exode des jeunes prend des proportions inquiétantes, mais souligne que le gouvernement en a pris conscience. « Plusieurs mesures sont en cours pour freiner cet exode. Récemment, une initiative a été lancée pour encourager les jeunes à construire leurs logements. Il faut aussi reconnaître que le chômage a atteint son taux le plus bas de ces 25 dernières années », a-t-elle précisé.

Elle a ajouté que de nombreux jeunes souhaitent être reconnus pour leurs compétences et leur contribution au pays, sans être stigmatisés. « La créativité chez les jeunes est présente, mais il faut leur offrir des opportunités pour exploiter leurs talents », a-t-elle soutenu.

De son côté, la députée Joanna Bérenger a critiqué la mesure des prêts immobiliers, la qualifiant d’irréalisable, car elle impose des garanties. « Si une personne n’a pas de salaire stable, elle ne pourra rien mettre en garantie », a-t-elle expliqué.

En réponse, le ministre Deepak Balgobin a rappelé que l’opposition avait aussi émis des doutes en 2014 lorsque le Mouvement socialiste militant (MSM) avait promis une augmentation des pensions à Rs 5 000. Selon lui, si le gouvernement a fait l’annonce des prêts pour les jeunes âgés de 18 à 35 ans, c’est parce que tous les paramètres et les parties concernées ont été pris en compte.

Le Right to recall et les changements fondamentaux

Lors de son intervention, Nikhita Obeegadoo a souligné l’importance pour Maurice de connaître des changements fondamentaux dans un avenir proche. Elle a exprimé son optimisme à cet égard. « Par exemple, la question de la représentativité féminine est un enjeu qui, selon moi, sera rapidement résolu », a-t-elle affirmé.

Joanna Bérenger, quant à elle, a mis en avant que l’introduction du right to recall, proposé par l’opposition pour permettre la révocation des députés en cas de faute, représenterait un véritable progrès pour la démocratie mauricienne. Elle n’a pas manqué de lancer une attaque contre le gouvernement, arguant que si cette mesure était déjà en place, plusieurs membres de l’équipe gouvernementale auraient été démis de leurs fonctions.

La grande première de Nikhita Obeegadoo 

Il s’agissait de la toute première intervention radiophonique de Nikhita Obeegadoo, la fille du Premier ministre adjoint, Steven Obeegadoo. Titulaire d’un doctorat, elle occupe le poste d’assistante-professeure en langues et littératures du monde à l’Université British Columbia. Bien qu’elle ait précisé qu’elle n’est pas membre du MSM, elle a indiqué qu’elle a été déléguée par ce parti pour participer à cette émission. Dans les milieux politiques, plusieurs sources affirment que Nikhita Obeegadoo pourrait se voir attribuer un ticket pour les prochaines élections législatives.