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Enfants bloqués à l’étranger puis rapatriés : les parents abandonnent leurs demandes d’injonction

L’assistante directrice d’école avait logé une demande d’injonction en Cour suprême contre la décision du Premier ministre de fermer les frontières du pays.

Si Lai Lai Phan Afoke respire mieux depuis qu’elle a appris que son fils est rentré au pays, elle n’a toutefois pas pu le voir. L’assistante directrice d’école ne compte pas insister sur sa demande d’injonction contre la décision du Premier ministre de fermer les frontières. Idem pour Rajen Narsinghen, dont la fille, qui était bloquée à l’étranger, est rentrée.

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C’est avec un certain soulagement que Lai Lai Phan Afoke, assistante directrice d’école, a appris que son fils est rentré au pays le dimanche 22 mars 2020. Idem pour le Senior Lecturer de l’Université de Maurice, Rajen Narsinghen, qui explique que sa fille aussi est rentrée. Les deux parents, qui ne pourront pas voir leurs enfants dans l’immédiat en raison de la mise en quarantaine obligatoire, ont été dispensés de se rendre en Cour suprême le lundi 23 mars 2020. 

Ils étaient initialement attendus dans le cadre de leurs demandes d’injonction déposées en justice contre la décision prise par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le mercredi 18 mars 2020, de fermer les frontières du pays à compter de 10 heures le 19 mars 2020. Décision prise en raison de la pandémie du COVID-19. Compte tenu des développements sur le plan politique autour de la question, les deux parents ne comptent pas insister sur leurs demandes d’injonction.

Anticonstitutionnelle

« Cela va faire une semaine que je n’arrive pas à dormir. Je ne dîne pas non plus. Je suis angoissée », relate Lai Lai Phan Afoke, jointe au téléphone lundi. Elle se dit néanmoins satisfaite d’avoir pu parler à son fils de la chambre d’hôtel où il a été placé en quarantaine. L’assistante directrice d’école a, dans un affidavit, expliqué qu’il devait prendre un vol de liaison pour rentrer à Maurice à de 16 h 55. Toutefois, suivant la décision du Premier ministre, son fils est resté coincé à l’aéroport international de Dubaï.

Il a quitté le pays en septembre 2016 pour faire ses études supérieures au Canada. En janvier 2020, il a bougé vers New York pour suivre un stage en entreprise qui devait durer quatre mois. Or, soutient la mère dans son affidavit, après l’éclatement du COVID-19, l’entreprise a fermé ses portes. C’était le 17 mars 2020. Résultat : son fils a été sommé de quitter les États-Unis. Le 18 mars 2020, il a pris un vol à New York pour se rendre à Dubaï. Mais l’horaire de son vol pour rentrer à Maurice a dépassé le délai accordé par le PM pour que les Mauriciens qui sont à l’étranger rentrent au pays s’ils le souhaitent.

Quant à Rajen Narsinghen, Senior Lecturer en droit à l’Université de Maurice, il a expliqué qu’il a logé cette affaire comme un « test case » pour tous les Mauriciens bloqués à l’étranger. « J’ai certes déposé cette demande d’injonction pour parler du cas de ma fille. Mais l’idée était de contester cette décision qui est anticonstitutionnelle et qui implique beaucoup de Mauriciens à l’étranger. À Maurice, nous n’avons pas de cas de litige d’intérêt public (public interest litigation ; NdlR) comme c’est le cas en Inde. C’est quand un citoyen, comme vous et moi, peut entamer des actions s’il estime que le gouvernement mine ses intérêts. Donc ici, seule la partie lésée à une chance. Il y va du principe de locus standi », a expliqué le Senior Lecturer.

Rajen Narsinghen est défendu par Mes Neelkanth Dulloo et Lovena Sowkhee. Lai Lai Phan Afoke est, elle, représentée par Mes Nawaz Dookhee et Nabiil Kaufid. Les deux contestataires ont aussi retenu les services de l’avoué Kaviraj Bokhoree.

 

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