De nombreux Mauriciens sont à la recherche de nouvelles opportunités afin de décrocher un emploi bien rémunéré et avoir une vie meilleure. Pour faire de leur rêve une réalité, ils choisissent d’aller vivre dans d’autres pays. Selon des agences, l’engouement des Mauriciens a grandi ces derniers temps, surtout depuis que la situation liée à la COVID-19 est sous contrôle.
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L’herbe est plus verte ailleurs. C’est ce dont sont convaincus plusieurs Mauriciens qui font le choix d’immigrer dans d’autres pays. D’ailleurs, depuis que la situation liée à la COVID-19 est sous contrôle, les demandes pour s’expatrier et vivre à l’étranger, avec la possibilité de travailler, d’y emmener sa famille et de devenir détenteur d’un Permanent Residence Permit (PRP), sont nombreuses.
Ce n’est pas Shezad Joomaye, Business Development Manager chez Arrivals Canada (Mauritius Branch) qui dira le contraire. « Il y a effectivement de plus en plus de Mauriciens qui entament les démarches pour vivre à l’étranger. Les pays les plus prisés sont le Canada, l’Australie et la Grande-Bretagne », confirme-t-il.
Il ajoute que lorsque la COVID-19 a éclaté, il y a eu un ralentissement. « Mais depuis quelques mois, cela a repris de plus belle. La majorité des personnes sont à la recherche d’opportunités. Elles savent qu’elles peuvent ‘start from scratch’, mais faire d’énormes progrès en quelques années tout en étant bien rémunérés. En ce moment, un grand nombre de Mauriciens reçoivent leur visa », explique Shezad Joomaye.
Pour ce qui est de la tranche d’âge des demandeurs, Shezad Joomaye indique qu’il n’y en a pas vraiment. Mais il concède que ce sont surtout des personnes âgées de 18 ans à 45 ans, soit des « skilled workers », qui font des demandes de permis de travail. Ceux qui sont diplômés entament les démarches pour obtenir leur PRP.
« Certains se rendent même dans le pays concerné munis d’un ‘Work Permit’ valide pendant deux ans et entament des démarches par la suite pour devenir résidents de leur pays d’adoption. Les Mauriciens ont l’avantage d’être bilingues. C’est ce qui est recherché dans des pays comme le Canada », souligne Shezad Joomaye.
Il évoque également le cas de ceux qui vont étudier à l’étranger. « Les démarches prennent trois à cinq mois. À la fin de leurs études, ils recherchent du travail avant d’entamer les démarches pour obtenir un PRP. »
Opportunités
Le Business Development Manager fait aussi mention des multiples opportunités. « Au Canada, il y a des offres dans le secteur hospitalier, le tourisme et le ‘Health Care’. Ceux qui ont l’expertise nécessaire trouvent facilement un emploi. Ils détiennent un permis de travail. Pour ceux qui sont mariés, il y a aussi des forfaits pour les familles », déclare Shezad Joomaye.
Même son de cloche du côté de MJ Law Group Immigration Lawyers, qui confirme que de plus en plus de Mauriciens montrent un intérêt pour l’immigration. « Le Canada demeure le pays qui attire le plus. Des personnes recherchent des opportunités à travers les études, le travail et le PRP », dit-on.
Avy Seeckun, directeur de Sunking Consultings, constate aussi que les opportunités qui sont multiples attirent le plus les gens. « Nous recevons des demandes de la part de personnes qualifiées mais aussi de celles qui ne le sont pas. »
Dans le cas du Canada, par exemple, il souligne que c’est sa politique d’immigration, qui est plus ouverte que d’autres, qui attire le plus. « Il accepte des professionnels mais aussi des ‘skilled workers’. » Il ajoute que l’Australie enregistre, elle, davantage de demandes pour les études ou de la part de personnes hautement qualifiées qui y migrent, car les critères sont un peu difficiles.
« En Grande-Bretagne, ce sont surtout les professionnels de santé qui sont privilégiés », souligne Avy Seeckun. Il ajoute que de nombreuses personnes se montrent intéressées, surtout celles qui ont des enfants.
Amalsingh Badal, directeur de Lifetime Immigration, avance que le Canada a pour politique d’attirer 430 000 personnes par an (objectif revu à la hausse par le ministre canadien Sean Fraser ; NdlR) en tant qu’immigrants afin de répondre aux besoins de son marché du travail. « Pas plus tard que la semaine dernière, il a annoncé que les étudiants pourraient travailler plus que les 20 heures autorisées par semaine. Le but est de répondre aux besoins du marché du travail car les employeurs sont confrontés à de graves pénuries de main-d’œuvre », dit-il.
250 à 300 demandes par an
Selon Amalsingh Badal, il y a eu une hausse considérable du nombre de demandes pour s’expatrier au Canada. Les chiffres auraient presque doublé. « Chez Lifetime Immigration, nous traitons environ 250 à 300 demandes par an, chiffre qui a doublé par rapport à l’année dernière », fait-il comprendre.
Quant au coût pour se rendre au Canada, il varie. « Il oscille entre Rs 75 000 et Rs 90 000. Mais tout dépend du type de visa recherché », précise-t-il.
Mohammed Pahala, directeur d’Acacia Consulting Co. Ltd, constate lui aussi que plusieurs jeunes quittent Maurice pour se rendre dans des pays tels que l’Australie et le Canada. Il attribue ce besoin de s’expatrier au fait qu’ils sont, pour la plupart, titulaires d’un Degree, mais n’ont pas un travail qui leur convient. « C’est pour cela qu’ils préfèrent partir. »
Il avoue toutefois que ces jeunes ne sont pas les seuls à vouloir s’en aller. « Ceux qui travaillent déjà et qui ont une carrière à Maurice préfèrent eux aussi s’en aller. Ils savent que l’avenir de leurs enfants se trouve à l’étranger. »
Mohammed Pahala indique que l’Australie et le Canada ne cessent d’ouvrir leurs portes aux étrangers. « Ce sont des pays où l’adaptation se fait assez facilement en raison de l’accueil qu’ils offrent », souligne-t-il. Il constate également une hausse du nombre de demandes d’immigration ces cinq dernières années.
Le coût
En ce qui concerne le coût, nos interlocuteurs expliquent que cela dépend des visas que demandent les Mauriciens. « Il n’y a aucun montant fixe. Pour se rendre au Canada, par exemple, les frais commencent à partir de Rs 85 000. Pour l’Australie, ils débutent à Rs 150 000. Mais pour le pays des kangourous, il faut savoir que le PRP coûte à lui seul 4 200 dollars australiens », précisent-ils.
Le temps d’attente
Si une personne fait une demande pour un PRP, cela peut prendre huit à 12 mois et jusqu’à deux ans dans certains cas. Pour ce qui est du permis de travail, les démarches peuvent aboutir en trois à cinq mois. « Chaque cas est différent. Il y a plusieurs aspects pris en compte. Les qualifications, l’expérience, ainsi que les moyens à disposition pour subsister en attendant de trouver du travail », soulignent nos interlocuteurs.
Canada aspire à accueillir 451 000 immigrants d’ici 2024
Le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada, Sean Fraser, a annoncé en début d’année que le pays reverrait à la hausse son objectif de 432 000 immigrants accueillis en 2022. Il a précisé que d’ici 2024, le Canada prévoit d’accueillir 451 000 nouveaux immigrants. « Ce plan est un équilibre entre les besoins de notre pays et nos obligations internationales. Il vise à attirer des travailleurs qualifiés qui contribueront à l’économie canadienne et remédieront à la pénurie de main-d’œuvre, tout en reconnaissant l’importance de la réunification des familles et en aidant les populations les plus vulnérables au monde grâce à la réinstallation des réfugiés », a-t-il expliqué le ministre Sean Fraser.
Royaume-Uni : la politique d’immigration de Suella Braverman fait polémique
Nommée ministre de l’Intérieur du Royaume-Uni le 6 septembre 2022, Suella Braverman fait déjà polémique. Anglaise d’origine mauricienne et kényane, elle a annoncé son intention de durcir considérablement la politique d’immigration britannique.
« Nous avons beaucoup trop d’immigrants pas formés qui viennent », a-t-elle déclaré au journal The Sun on Sunday récemment. Elle dit avoir aussi constaté qu’il y a un grand nombre d’étudiants internationaux qui amènent souvent des dépendants avec eux au Royaume-Uni. Son but avoué est de s’attaquer à l’immigration en adoptant une politique plus ferme. « Ces personnes qui viennent ici ne travaillent pas nécessairement ou alors elles exercent des jobs pour lesquels il faut peu de qualification. Elles ne contribuent pas à la croissance de notre économie. »
Suella Braverman veut aussi faire amender la Modern Slavery Act afin de réduire les possibilités dont disposent les immigrants pour contester une déportation.
Ces déclarations lui ont valu des critiques de part et d’autre. Outre l’opposition, des associations des droits de l’Homme sont mécontentes de la position prise par la ministre.
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