Présenté en première lecture mardi à l’Assemblée nationale, l’Employment Relations (Amendment) Bill propose de ramener à 20 % le seuil de représentativité d’un syndicat dans une compagnie pour sa reconnaissance. Sous la loi actuelle, elle est de 30 %.
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Le patronat est résolument contre et les syndicats sont divisés sur la question. Pour Business Mauritius, beaucoup de syndicats peuvent voir le jour et cela risque de compliquer la gestion des relations employés/employeurs. Toutefois, certains syndicats redoutent que l’abaissement du seuil de représentativité pour la reconnaissance à 20 % (un salarié sur cinq) permette à la direction d’une entreprise de créer de toutes pièces un syndicat malléable qui lui serait favorable.
« Cette proposition n’est pas dans l’intérêt des travailleurs, mais dans celui du patronat. C’est un danger. On verra la création de Yellow Trade Unions qui seront de connivence avec le patronat pour négocier des accords collectifs », avance Narendranath Gopee, président de la Federation of Civil Services and Other Unions.
« Nous avions réclamé un seuil à 40 % », ajoute-t-il. Ashok Subron, de Rezistans ek Alternativ, abonde dans le même sens. Lors de sa conférence de presse samedi, il a affirmé : « c’est le commencement de la fin des négociations collectives et du droit de grève ».
Pradeep Dursun, Chief Operating Officer de Business Mauritius, trouve, lui, que la représentativité pour la reconnaissance à 20 %, « risque d’aller à l’encontre de la philosophie de la négociation collective ». Il intervenait dans l’émission Au cœur de l’info, sur Radio Plus, lundi.
Par contre, Reeaz Chuttoo, de la Confédération des Travailleurs du secteur privé, dit qu’au contraire, cela permettra aux syndicats d’entrer dans des entreprises qui leur étaient inaccessibles jusqu’ici. « Certains disent qu’il y a le risque de plusieurs syndicats dans une même entreprise, mais je suis pour la liberté de l’individu. S’il y a prolifération de syndicats, cela veut dire que le travailleur n’est pas satisfait de la performance de ceux qui étaient déjà là. »
Il ajoute que « dans beaucoup de compagnies, il n’y a aucun syndicat et cette mesure facilitera l’entrée ou la création d’un syndicat ». Ce qui est également important, fait ressortir Reeaz Chuttoo, c’est que la direction d’une entreprise « ne pourra plus conclure un accord avec un travailleur sans que celui-ci ne soit représenté par un syndicat, avocat ou un officier du ministère du Travail. En 2009, le travailleur avait perdu tous ses droits. Maintenant, il le retrouve. Ma plus grande crainte est que le patronat fasse une énorme pression pour que le projet de loi et le Worker’s Rights Bill ne passent pas ».
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