Au-delà du souci de trouver un emploi, il y a aussi l’employabilité, qui se définit comme la capacité individuelle à acquérir et à maintenir les compétences nécessaires pour trouver ou conserver un emploi. Aujourd’hui, alors qu’on parle toujours de création d’emplois, on parle moins de l’employabilité, qui est tout aussi importante.
Statistics Mauritius vient de réviser à la baisse, pour la deuxième fois, la prévision de la croissance économique de 2015. Elle est maintenant estimée à 3,6 %. Le plein-emploi, par contre, arrivera en 2017. Le développement de l’employabilité prend donc tout son sens face à l’évolution des métiers, l’émergence de nouvelles activités et la situation économique en général.
Si l’employabilité s’entend d’abord comme « la capacité d’un individu à être employé », cette notion n’est pas nouvelle et trouve sa pertinence dans l’évolution des marchés du travail. Elle est primordiale de nos jours pour plusieurs raisons : la turbulence des marchés et l’environnement incertain conduisent à de multiples restructurations et fusions des entreprises, ce qui nécessite plusieurs talents variés. Les transformations actuelles des catégories d’emplois vers plus de flexibilité affectent le marché du travail.
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Valoriser l’expérience
L’expérience vaut de l’or, dit l’adage. Or, ceux qui n’ont pas des qualifications formelles mais qui ont acquis beaucoup d’expérience sont malheureusement, en l’absence d’attestations officielles, pénalisés quand il s’agit de prouver leur employabilité et leurs compétences. « Dans certains pays, les entreprises permettent de transformer l’expérience et la formation acquises par les employés chez elles en un diplôme reconnu par l’Éducation nationale. Ainsi, le diplôme obtenu permet à ceux qui le souhaitent d’aller plus loin, par exemple en poursuivant des études à l’université ou en bénéficiant de la mobilité interne, aspirant à d’autres postes de responsabilité. Cela est valorisant pour ceux qui ont débuté leur carrière sans bagage. Ce concept n’existe pas encore chez nous », nous dit Nabeel Oleemohamed, directeur du cabinet de conseils Afribrains.La responsabilité
Responsabiliser, c’est un outil essentiel de l’employabilité. « Un salarié ne pourra jamais être véritablement « employable », voire s’auto-employer en devenant entrepreneur, si, dans sa carrière, il n’a pas eu l’occasion de prendre des initiatives et de mener des projets qu’il a lui-même mis sur les rails », explique l’analyste Gavin Ng Lung Kit.Accroître son employabilité
Selon l’économiste Arvind Nilmadhub, il existe des moyens pour augmenter son employabilité. [blockquote]« Aujourd’hui, il ne faut pas se contenter d’un diplôme ou d’un certificat. Il faut bien évidemment aller au-delà. Les qualifications académiques doivent être complémentées par d’autres attributs, car les employeurs ne se fient pas uniquement aux diplômes. Il faut par exemple être attentif à son image, il faut suivre des formations techniques. Aujourd’hui, dans un monde de plus en plus connecté, il est important d’être actif sur les réseaux sociaux comme LinkedIn », dit-il.[/blockquote] Gavin Ng abonde dans le même sens. « Les salariés et les diplômés se rendent compte des nouvelles tendances de l’employabilité, qui tournent autour des compétences non-techniques et non-académiques. Par exemple, des formations liées aux compétences informelles, relationnelles, managériales, organisationnelles etc. »Lutte contre le chômage
Les ‘economic policies’ classiques de lutte contre le chômage démontrent déjà leurs limites car elles n’abordent pas de front la question de la compétitivité des entreprises et celle de leur main-d’œuvre dans un contexte de concurrence internationale. Si les mesures de court terme sont nécessaires pour remédier au problème de chômage, il faut cependant éviter de négliger une importante condition de l’emploi à long terme : l’employabilité de la population active, c’est-à-dire l’évolution des compétences des personnes en activité en lien avec l’évolution des métiers et l’environnement économique. [blockquote]« Nous entendons souvent les entreprises parler de ‘skills mismatch’, un facteur qui nuit à l’employabilité. Le Knowledge Hub doit pouvoir inclure cet aspect afin de mieux former les gens et les rendre non seulement lettrés mais aussi employables », renchérit Gavin Ng.[/blockquote] [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]
Ikhlaas Baichoo: «Difficile d’avoir un emploi avec un diplôme»
Ikhlaas Baichoo, étudiant en 3e année en génie civil, se dit très inquiet par le fait qu’un diplôme ne suffira plus pour avoir un emploi. « Je me vois difficilement avoir un emploi avec seulement un diplôme. Ce constat, je le fais en regardant ceux qui m’ont précédé, certains qui ont réussi brillamment et d’autres qui sont soit encore au chômage soit au travail avec un emploi au salaire dérisoire et des conditions ne correspondant pas aux qualifications. Comme on dit dans notre jargon, on est obligé de ‘batte baté pou pa dormi dan lakaz’. » Et que fait-il pour augmenter son employabilité ? « Je participe activement dans l’organisation des activités extracurriculaires à l’université. Ces engagements me permettront certainement d’acquérir des aptitudes en matière de gestion et de devenir plus responsable. De plus, après l’obtention de mon diplôme en génie civil, je compte faire une maîtrise en ‘Project Management’ ou poursuivre mes études pour un second diplôme en ‘Quantity Surveying’. Ainsi, les qualifications additionnelles feront la différence au moment d’un recrutement », explique-t-il.Ourousa Jeewoot: «Il faut avoir plusieurs compétences»
Ourousa Jeewoot, étudiante, estime qu’il est nécessaire pour un candidat de prouver de nombreuses autres compétences, savoir-faire et qualités auxquelles les recruteurs sont très attentifs. Acquérir de l’expérience est important. « Pour augmenter son employabilité, un CV efficace et une lettre de motivation convaincante sont primordiaux. Il est important de bien rédiger ces documents afin de pouvoir présenter nos atouts pour correspondre au profil idéal que les recruteurs recherchent. » Tout comme Iklaas Baichoo, elle explique qu’elle a choisi son cours en fonction de sa future carrière. « Dès le début, j’avais un penchant pour le secteur financier. Vu que ce secteur est actuellement en expansion, je suis déterminée à poursuivre mes cours pour accroître mon employabilité. » <Publicité
Vidur Ramdin: «Optimisez les compétences»
Le succès économique de l’île Maurice est inextricablement lié à la qualité de ses ressources humaines. Avec une profonde restructuration économique prévue au cours des prochaines années, le pays aura besoin de professionnels pour soutenir l’émergence de nouveaux secteurs. Selon Vidur Ramdin, responsable de Marketing chez Amity Mauritius, le pays produit entre 4 000 à 5 000 diplômés par an. Le principal défi n’est pas seulement de trouver un emploi pour ces derniers, mais plutôt une utilisation optimale et efficace de leur éducation. « Par exemple, si un diplômé en droit travaille comme un Clerk, il ne fait pas usage efficace de son éducation. Le dilemme alors, ce n’est pas de l’employabilité, mais le type d’emploi disponible pour ces diplômés afin qu’ils soient productifs et jouissent de tous les bénéfices. Selon une étude de la Tertiary Education Commission (TEC) en 2012, environ 16,8 % des diplômés demeurent sans emploi. » Vidur Ramdin explique qu’en 2014, plus de 15 000 personnes travaillaient dans le secteur financier, avec une contribution de 10,1 % au PIB. Des récentes études ont démontré que le ‘skills mismatch’ est un gros problème. De ce fait, il faut toujours identifier les besoins en formation. « Le chômage des jeunes est un problème mondial. Selon l’ILO, 74,5 millions de jeunes étaient sans emplois en 2014. Dans certains pays comme l’Espagne, le chômage parmi les jeunes atteint même 55 %, alors qu’en Italie, c’est 42 % et en France plus de 25 %. La moyenne européenne est plus de 24 %. À Maurice, 24 % de nos jeunes sont sans emploi ». Dans son discours Vision 2030, le Premier ministre a annoncé la création de 100 000 emplois en 5 ans, dont 16 000 en 2015-2016 dans le secteur privé et 7 000 dans le secteur public. Le taux de croissance est estimé à 5,5 % à partir de 2017. Alors, comment attaquer le problème du chômage parmi les jeunes ? « Le secteur éducatif devra travailler en étroite collaboration avec le marché de l’emploi afin d’aligner la demande d’emploi avec l’offre de ressources. Les institutions éducatives doivent constamment relier les cours offerts à la demande de l’économie, et non pas créer davantage de ‘diplômés chômeurs’, afin de réduire le ‘skills gap’. » Concernant la formation, la tendance est vers l’apprentissage numérique. Le défi est de changer le mode d’enseignement, du ‘classroom learning’ au ‘blended learning’, qui comprend les deux formes. Toutefois, ce qui importe, ce n’est pas ce que les diplômés apprennent, mais plutôt le type que l’on produit. Dans beaucoup de cas, les études universitaires représentent un investissement qui ne semble pas générer des bénéfices. Par exemple, beaucoup d’étudiants en informatique passent leur temps à apprendre des équations qui ne sont plus utilisées dans le secteur, ce qui explique le manque de main-d’œuvre dans l’informatique. Les universités doivent tenir compte de l’évolution des secteurs. Un moyen est de permettre aux entreprises de sous-contracter certains travaux aux universités afin que les étudiants travaillent sur des projets réels. [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]Quelques solutions pratiques
[padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]Développer une attitude positive envers l’emploi
Les chômeurs doivent comprendre qu’un emploi peut être formel et informel. Quelle que soit la grandeur de l’entreprise, ou le niveau de salaire, la priorité est d’entrer dans le monde du travail et d’acquérir de l’expérience. Commencez petit et grandir graduellement.S’inscrire pour des cours ‘soft skills’
Il est important d’acquérir des ‘soft skills’ afin de survivre et de réussir sur le marché du travail. Il faut savoir communiquer, travailler en équipe, et bâtir le ‘self-confidence.Le volontariat
Offrez votre savoir-faire gratuitement aux institutions qui vous intéressent. Ces institutions vont apprécier vos atouts. Par exemple, participez dans l’enseignement au sein des institutions éducatives. L’expérience compte.Rester connecté à l’Alumni
En se joignant à l’Alumni de l’université, un diplômé fera la connaissance d’autres professionnels avec qui il peut échanger des idées et aussi être informé des opportunités. Dans son réseau, il peut trouver des diplômés postés à l’extérieur et qui peuvent lui ouvrir de nouveaux horizons. Les réseaux sociaux ont aussi leurs avantages.Acquérir d’autres compétences
Si vous êtes un diplômé dans une filière spécifique, vous êtes un spécialiste dans un seul domaine. Il faut donc acquérir d’autres compétences nécessaires et aussi complémentaires. Parfaire vos connaissances en informatique, gestion, rédaction, traduction, planification, etc.Devenir entrepreneur
Saisissez l’avantage des Venture Capital Fund et autres mesures afin de devenir entrepreneur. Créez votre entreprise.Exporter votre savoir-faire
Avec la globalisation et l’intégration régionale, les opportunités existent au-delà de nos frontières. Identifiez-les.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !