Débat

Emplois familiaux des politiques : où placer la limite ?

La France va introduire une loi pour interdire aux parlementaires et ministres d’employer des membres de leur famille. Si les politiciens mauriciens se disent en faveur, les technicités de la définition de « famille » donnent à réfléchir.

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La moralisation de la vie publique en France devrait démarrer avec une loi interdisant aux ministres et députés d’employer les membres de leur famille. Cette « moralisation » est aussi entrée dans les discours politiques mauriciens de tout bord. Ce que pensent nos politiciens locaux sur la possibilité d’une telle loi à Maurice ?Si l’idée est favorablement accueillie, certains se demandent tout de même où s’arrêter : au frère et la soeur, ou aller jusqu’aux cousins et cousines.

Pour Maneesh Gobin, Chief Whip, il s’agit de ne pas se précipiter et de lancer une réflexion profonde sur le sujet dans le contexte mauricien. « On ne peut pas, d’un trait de plume, empêcher une personne de poursuivre sa carrière professionnelle juste parce qu’un membre de sa famille a été élu, déclare-t-il. Il ne faut pas oublier qu’en France, les ministres sont nommés, pas les élus. » Mais la question la plus épineuse est que si une loi devait interdire d’employer les membres de sa famille aux politiques mauriciens serait, selon lui, « where to draw the line ? »

Il faudrait clairement définir à partir de quel degré une personne est considérée comme un membre de la famille. « Je ne dis pas non, il faut certainement engager une réflexion, ajoute le Chief Whip. Mais pour illustrer : si quelqu’un s’est lancé dans une carrière toute sa vie, est-ce que cela veut dire qu’on ne peut le nommer Directeur des poursuites publiques parce que son frère est devenu ministre ? »

Inquiétudes

Ce n’est pas que du côté de la majorité qu’on avance cet argument. Veda Baloomoody, député du Mouvement militant mauricien, estime aussi que la définition des membres de la famille serait sensible à Maurice. « Après tous les scandales de ce gouvernement, cette loi serait intéressante à Maurice, explique-t-il. La grande question, connaissant Maurice, c’est où arrêter la définition. » Mais, ajoute l’avocat, il faudrait envisager de ne pas limiter la loi aux membres de la famille. « Nous connaissons tous le cas de Gayan. Il n’a aucun lien de parenté avec celle qu’il a nommée. Pourtant... »

Ailleurs dans l’opposition, on ne s’embarrasse pas de ces inquiétudes, affirmant haut et fort qu’il est grand temps d’inscrire la morale en politique dans un texte de loi. C’est le cas pour Shakeel Mohamed, chef de file du Parti travailliste (Ptr) au parlement. « J’en ai parlé à plusieurs reprises, déclare-t-il.Il est nécessaire d’introduire une loi pour moraliser la vie publique. Un des éléments serait d’avoir une loi pour empêcher qu’un membre de la famille d’un élu puisse avoir un contrat ou une position au gouvernement. »

Pour le député du Ptr, une loi serait indispensable car, malgré la promesse inscrite dans son programme électoral, l’actuel gouvernement n’a pas su tenir parole. Un texte de loi y contraindrait les dirigeants à l’avenir.

Xavier-Luc Duval, leader de l’opposition, avait évoqué au cours du dernier congrès du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) l’institution d’un comité parlementaire pour valider toutes les nominations du gouvernement. Il revient sur cette proposition : « Nous sommes dans une situation où la famille Jugnauth a tout accaparé. C’est du jamais vu. On ne peut continuer ainsi. Je suis en faveur d’un comité parlementaire qui approuve toutes les nominations au sein des institutions parapubliques et celles des ambassadeurs aussi. Ce gouvernement est devenu sans pudeur. »

 

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