La campagne de vaccination nationale contre la Covid-19 a débuté, lundi 8 mars, dans les cinq hôpitaux régionaux du pays. L’exercice se fait de lundi à samedi, par ordre alphabétique. Pourquoi est-ce important de se faire vacciner ? Qui peut se faire vacciner ? Ces questions ont été abordées lors de l’émission Explik ou Ka, le lundi 8 mars.
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Philip Lam, spécialiste en médecine interne et membre du comité de vaccination national, soutient que le vaccin AstraZeneca est un must pour la population vu les récents cas locaux enregistrés. « Il y a plus à gagner en se faisant vacciner. Nul besoin de se bousculer pour ce faire. La vaccination se fera dans l’ordre. Elle a commencé avec les frontliners il y a quelques jours, avant de toucher les ‘Senior Citizens’. Depuis le lundi 8 mars, la vaccination est ouverte aux Mauriciens de plus de 18 ans », fait savoir Philip Lam. « Le vaccin est sûr », dit le spécialiste, car plus de 20 millions d’Anglais ont été vaccinés. Il n’y a eu aucun problème. Au contraire ! Dans d’autres pays, à ce jour, depuis que les frontliners et les personnes âgées se sont fait vacciner, il n’y a eu aucune complication de santé », soutient-il
Efficacité
Selon les informations sur Internet, le vaccin AstraZeneca serait efficace entre 62 et 90 %. Selon le spécialiste en médecine interne, après la deuxième dose après 12 semaines, le taux d’efficacité passe à 80 %, mais le plus important reste que les vaccins (Pfizer, AstraZeneca ou encore Moderna) protège des complications liées à la Covid-19, dont la mort », soutient-il. Selon Philip Lam, comme le taux de mortalité est plus conséquent chez les personnes âgées, elles ont pu se faire vacciner en premier.
En sus, selon le spécialiste, « les 62-80 % d’efficacité auxquels on fait mention représentent le développement des anticorps, le vaccin, quant à lui, protège à 100 % contre un décès », dit-il. Toujours, selon l’intervenant, « le vaccin n’est pas totalement efficace contre les variants. C’est la raison pour laquelle il faut quand même garder les gestes barrières pour se protéger après la vaccination ». Il y aura des versions améliorées des vaccins pour se protéger davantage contre les variants, nous apprend-il.
En attendant la 2e dose, comment sommes-nous protégés ?
Le Dr Philip Lam explique une fois la première dose du vaccin administrée, la protection est maximale pendant 22 jours, selon les études. « Les anticorps vont se développer, mais au bout de quelques jours, ils vont diminuer. La deuxième dose, la ‘booster dose’, qui est faite après 12 semaines, vient, elle, augmenter les anticorps. Le vacciné sera protégé durant plusieurs mois. Selon les études, on peut compter huit mois », dit-il.
Effets secondaires
Des effets secondaires ont été notés dans les 48 heures après la première dose du vaccin. « De la fièvre, de la fatigue ou encore des douleurs musculaires, et, dans certains cas, de la diarrhée ont été notés. Ils disparaîtront après 48, voire 72 heures », dit-il savoir. Avant la vaccination, soutient le spécialiste, il est important « de se préparer moralement et s’attendre à quelques effets secondaires ». Le vaccin contre la Covid-19, qui est un nouveau virus, a des effets secondaires un peu plus importants que ceux du vaccin contre la grippe saisonnière. « Il faut aussi savoir que certains n’ont rien eu après la vaccination ». En sus, il n’y a aucune restriction alimentaire.
Qui peut se faire vacciner ?
Le vaccin n’est pas conseillé aux femmes enceintes, aux moins de 18 ans et à ceux en proie d’allergies sévères. Aussi, une personne testée positive à la Covid-19 ne peut se faire vacciner. « Cependant, si un individu a contracté le virus l’an dernier, par exemple, il ne recevra que la ‘booster dose’, et pourra se faire vacciner n’importe quand durant la campagne », dit le spécialiste.
Allergies sévères et allergies mineures
Les allergies sont courantes chez l’être humain. « Si quelqu’un développe une allergie avec des aliments, mais n’a jamais été admis à l’hôpital, il peut être vacciné sans problème », dit le Dr Lam. Et d’ajouter : « certaines personnes développent des allergies aux antibiotiques ou à la pénicilline, des allergies dites mineures ne nécessitant pas d’hospitalisation, elles peuvent faire leur vaccin ». Par contre, si quelqu’un fait une réaction sévère après avoir pris un médicament ou après avoir été piqué par une abeille ou un autre, et que cela a nécessité une hospitalisation, il ne peut être vacciné », le spécialiste.
Traitements
Selon le Dr Philip Lam, le risque de complications et de décès chez les patients souffrant de complications cardiaques est beaucoup plus élevé s’ils contractent la Covid-19. Toutefois, le niveau des anticoagulants doit être surveillé. Ils sont essentiels à la protection du système vasculaire. C’est ce qui empêche les saignements excessifs en cas de coupure ou, dans ce cas, précis un vaccin. Il est recommandé de maintenir le coton fermement durant 3 à 5 minutes pour éviter un saignement excessif. Si le taux d’anticoagulants n’est ordinairement pas stable, il est recommandé que le patient fasse un test à l’hôpital avant de se faire vacciner.
- Pour les patients souffrant d’asthme, si la maladie est contrôlée, le vaccin ne représente pour eux aucun risque. Les patients souffrant de thalassémie peuvent, eux aussi, faire le vaccin.
- Une personne avec une grippe saisonnière ne peut être vaccinée, elle pourra le faire une fois rétablie.
- Les personnes atteintes du HIV peuvent faire le vaccin, mais tout dépend de leur état de santé. Si leur maladie est bien contrôlée, ils peuvent être vaccinés. Toutefois, ils devront prendre conseil auprès de leurs médecins traitant, avant de se faire vacciner.
Allaitement
Les femmes enceintes ou qui allaitent peuvent faire le vaccin. L’enfant ne risque rien. « Il est d’ailleurs conseillé aux mamans qui allaitent de se faire vacciner. Des recherches prouveront si le vaccin passe ou non dans le lait maternel. Toutefois, il sera sans risque pour l’enfant », dit le Dr Philip Lam.
Questions des auditeurs
Marie, de Tyack
- Une personne qui a subi une amputation et qui est atteinte d’Alzheimer peut-elle faire son vaccin ?
Oui, il est possible de faire le vaccin.
Françoise, Curepipe
- Mon époux fait l’International Normalized Ratio (INR) et a souvent des complications de santé. Il doit faire des prises de sang. Peut-il faire le vaccin ?
Si son INR est moins que 3.0, oui. Si l’INR est au-dessus de 3.0, il devra le contrôler jusqu’à ce qu’il soit en dessous de 3.0.
Deepoo, de Trèfles
- Je suis atteinte de thalassémie. J’ai aussi subi une opération. Est-il conseillé de faire le vaccin ?
Si la patiente a récupéré depuis son opération, elle peut faire le vaccin
Vadee, de Port-Louis
- Quel est le pourcentage d’efficacité du vaccin pour les personnes âgées de plus de 70 ans ?
Le vaccin est efficace, car plusieurs millions de personnes ont été vaccinées en Angleterre. Les meilleurs résultats ont été, du reste, enregistrés pour ceux qui sont âgés de 80 ans ou plus.
L’inspecteur Shiva Coothen : « Il faut se ressaisir et maintenir les gestes barrières »
Interrogé au sujet du port du masque, l’inspecteur Shiva Coothen, du Police Press Office (PPO), soutient qu’il y a eu un « sursaut » au sein de la population à l’annonce des cas locaux. « Il reste du chemin à faire, il faut se ressaisir, et la police, dans un premier temps, sensibilise les membres du public à reprendre les bonnes habitudes afin de gagner la bataille contre la propagation du virus », dit-il.
Selon l’inspecteur, les autorités sont venues de l’avant avec la Covid-19 Miscellaneous Provisions Act en mai 2020, et sous la Public Health Act, le port du masque est obligatoire en public. Selon la section 4, une personne doit obligatoirement porter un masque en public, se couvrant le nez et la bouche. Les personnes exemptées sont les membres d’une même famille dans un véhicule. Cette exemption peut aussi prendre effet dans les institutions », soutient-il.
« Si la police constate que les lois ne sont pas respectées, nous n’aurons d’autres choix que de sévir et de servir des contraventions », soutient l’inspecteur Coothen. Les contrevenants sont passibles d’une amende ne dépassant pas 50 000 et une peine d’emprisonnement ne dépassant pas deux ans.
Quel impact sur l’économie : Kevin Teeroovengadum, expert en services financiers
Interrogé sur l’impact d’un éventuel confinement, Kevin Teeroovengadum, expert en services financiers, soutient que cela risque d’être « dur ». « L’économie mauricienne ne pourra soutenir cela, car nous traînons déjà les séquelles d’un confinement de deux mois et demi en 2020 », dit-il.
Selon lui, cela fait un an que le tourisme ne fonctionne pas. Ce qui représente un gros manque de revenus pour l’État. « Le tourisme rapporte pratiquement Rs 60 Md tous les ans. Cette année, nous sommes à zéro. Il est aussi difficile de déterminer la réouverture des frontières. Les exportations ont également été réduites passant de Rs 90 Md à Rs 70 Md. La roupie a perdu du terrain et la dette du pays a augmenté significativement, avec le Wage Assistance Scheme, entre autres, sans compter les nombreux prêts », fait-il savoir. « Il faut tout faire pour éviter un deuxième confinement, et cela se résume surtout à la discipline du public pour éviter de mettre le pays à genou », dit-il.
Amar Deerpalsing : « Plusieurs PME ne tiennent qu’à un fil »
Le président de la Fédération des PME, Amar Deerpalsing, soutient que la grande majorité des petites et moyennes entreprises ont fait face à de grandes difficultés après le confinement. « Le ‘lockdown’ a eu un impact négatif sur les PME. Officiellement, environ 40 000 personnes ont perdu leur emploi à Maurice et cela risque de se poursuivre. Aussi un éventuel reconfinement peut affecter davantage les PME, car plusieurs d’entre elles ne tiennent qu’à un fil. Il est difficile de tenir aussi longtemps sans aucune activité économique », dit-il. Quelles sont les solutions ? « Il y a des plans d’aide qui ont été mis à la disposition des PME. Toutefois, pour pouvoir bénéficier de ces facilités, il faut des garanties. Les demandes d’emprunts sont basées sur des prévisions ou des ‘Business Plans’, démontrant la viabilité de l’affaire, tout en indiquant comment la sortir de son marasme. Toutefois, comme il n’y a aucune visibilité sur l’avenir, il est très difficile pour les PME de convaincre les institutions financières quant à leur profitabilité sur les court et long termes », conclut-il
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