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Éloquence : parler c’est agir

À l’ère de la communication, il est de plus en plus important de savoir capter l’attention de son auditoire. Et le chemin le plus court pour y parvenir, c’est d’être éloquent. Cependant, pour exceller dans cet art, il ne suffit pas de ne pas avoir sa langue dans sa poche.

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«La parole est le corps de la pensée ; l’éloquence en est la vie », disait l’écrivain et littérateur français Louis-Auguste Martin. Et il avait bien raison de le souligner, car celui qui maîtrise l’art de bien parler, détient un pouvoir non négligeable : inciter son auditoire à réfléchir pour, par la suite, agir ! Cela rejoint ce que pense le Dr Issa Assgarally, linguiste. « Parler c’est agir ! » dit-il.

Ce dernier déplore toutefois, que la parole ne soit malheureusement pas reconnue à sa juste valeur aujourd’hui : « On oublie trop souvent qu’à travers le monde il existe 7 000 langues parlées contre 400 langues écrites. Dans le passé, on accordait beaucoup plus d’importance à la parole. Mais l’écriture a fini par prendre le dessus. Il y a toutefois un retour en force de l’art de bien parler. C’est ce qui explique d’ailleurs la tenue de ce concours d’éloquence. »

Discours bien ficelé

Et pour être éloquent, il faut aussi mettre à contribution l’ensemble du corps : « Outre la tonalité, le débit, les gestes, la voix, il y a également une posture à adopter quand on s’adresse à une assistance. Le regard joue aussi un rôle très important. Ce sont là autant de facteurs à prendre en considération si on veut ne pas parler pour ne rien dire », observe le linguiste.

Ainsi, le contenu de l’exposé doit aussi, selon Issa Assgarally, être bien ficelé : « Pour moi, cela ne sert à rien d’être éloquent, si la finalité n’apporte pas une réflexion. C’est pour cette raison que le discours doit être bien travaillé. Au cas contraire on ne fait que brasser du vent. »

Et à ce petit jeu, il y a ceux qui se distinguent : « Prenons l’exemple du Parlement. Ce sont toujours les avocats ou encore les anciens enseignants qui arrivent vraiment à se faire écouter et comprendre. Les autres font ce qu’ils peuvent en tombant quelques fois dans des bassesses. »

C’est ce qu’il ne faut surtout pas faire pour Shakeel Mohamed, député travailliste : « On devrait utiliser son éloquence pour des débats d’idées et non pas pour vociférer des insultes. Ce qui est malheureusement le cas à l’Assemblée nationale. » Connu pour avoir le verbe facile, Shakeel Mohamed a toujours été fasciné par les grands orateurs : « Adolescent, je fréquentais le collège du St-Esprit, où j’ai eu la chance de participer à plusieurs débats. Et, déjà à cette époque, j’étais  fasciné par de grands orateurs tels que Winston Churchill, Nelson Mandela ou encore le Mahatma Gandhi. Ce sont là autant de personnes qui m’ont inspiré à maîtriser l’art de bien m’exprimer. Ce qui est autant plus important quand on fait, comme moi, de la politique. Et, dans ce cas, il est primordial de savoir utiliser un langage imagé, pour amener son auditoire à voir ce qu’on est en train de lui dire. Quand ils sont correctement utilisés, les mots ont ce pouvoir d’adhésion. »

Concours d’éloquence

Une façon de maîtriser la prise de parole est de participer aux concours d’éloquence. C’est ce qu’a fait William Wogram, 15 ans. Cet élève du collège John Kennedy a remporté le concours d’éloquence en langue française organisé par le ministère de la Jeunesse et des Sports,  le 10 août dernier.

Le concours lui a donné plus de confiance : « C’est la première fois que je participe à un tel concours et je suis très content de l’avoir remporté. Il m’a donné l’occasion de m’exprimer et m’a aussi permis d’avoir plus de confiance en moi. »

Et sa réussite, il la doit à son dévouement et à son coach : « J’ai travaillé très dur pour gagner. Mais, cela n’aurait pas été possible sans l’aide de Mme Delphine Amic, une enseignante du collège. »

C’est également son éloquence qui a permis à Sanjana Choonea, 18 ans de représenter l’île Maurice à un concours au pays de Sa Majesté : « En avril, j’ai remporté le concours national d’éloquence organisé par la Speaking Union. En mai, je suis partie croiser le fer avec 45 participants venus des quatre coins du monde. Malheureusement, je n’ai pu atteindre la finale, mais c’était une très belle expérience », explique cette étudiante en Upper 6. Sanjana a aussi une petite astuce pour les concours : « Cela ne sert à rien d’essayer de ne pas penser au trac. Il peut être positif et nous amener à bien faire les choses. Sur scène, le plus important c’est de rester concentré sur la récompense. Une fois qu’on veut vraiment l’obtenir, tout ira pour le mieux. En tout cas, cela a marché pour moi ».

Le député Shakeel Mohamed est connu pour avoir le verbe facile. William Wogram, 15 ans, vient de remporter un concours d’éloquence en langue française.
Pour le Dr Issa Assgarally, l’éloquence implique la diction, la grammaire et le regard. Sanjana Choonea a représenté Maurice à un concours d’éloquence en Angleterre.

 

 

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