Un air de pré-campagne électorale semble régner sur le pays. Le Mouvement socialiste militant est très actif sur le terrain depuis une semaine, tandis que l’opposition parlementaire s’active en vue des prochaines municipales. C’est le gouvernement qui décidera de la date du scrutin. Il pourrait être tenté de tirer profit de la situation actuelle sur l’échiquier politique, ou attendre une meilleure opportunité.
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OPTION 1 : Des élections éclair
Organiser les municipales le plus tôt possible. C’est une des options envisagées dans le giron du Mouvement socialiste militant (MSM). Vendredi dernier, la députée Joanne Tour, pendant le congrès du parti à Triolet, a été claire : « Eleksion minisipal pe vini. Nou pou ale e nou pou donn zot 1 bate kondire. » Une déclaration qui s’inscrit dans le « mood » de certains ministres et députés des régions urbaines. Ils sont plus d’un à être persuadés que la division qui règne actuellement dans le camp adverse, avec le départ de Roshi Bhadain de l’Entente de l’Espoir et la campagne de Bruneau Laurette contre les parlementaires de l’opposition, fera le jeu du gouvernement. « Il y a une carte à jouer, d’autant que nous avons des indications claires que Bruneau Laurette n’hésitera pas à donner le mot d’ordre de ne pas soutenir le MMM, le PTr et le PMSD », avance une source au Sun Trust.
L’aboutissement de grands développements infrastructurels initiés par le gouvernement est un autre facteur qui incite certains élus du MSM à pousser à l’organisation rapide des municipales. « Le meilleur timing sera l’entrée en opération du Metro Express à Curepipe vers le mois d’octobre. Il faut pouvoir profiter du ‘feel good factor’ que cela génèrera », déclare une source au Bâtiment du Trésor, selon laquelle le Premier ministre Pravind Jugnauth est bien conscient de cet élément.
On apprend que des équipes ont été constituées il y a quelque temps au Sun Trust pour faire un état des lieux des différentes municipalités. Un rapport a été rédigé et soumis au président du parti, indique un membre du comité. « À partir de maintenant, ce sont les différents secrétaires parlementaires privés qui font un suivi des projets jugés importants », fait-on comprendre dans les couloirs du Sun Trust Building. Prakash Maunthrooa, conseiller spécial du Premier ministre, suit le dossier de près, souligne-t-on au sein du parti.
OPTION 2 : Une visite de Modi prévue en décembre
La venue à Maurice du Premier ministre indien Narendra Modi, au mois de décembre, pourrait aussi rapporter des points au gouvernement. Plusieurs conseillers de Pravind Jugnauth estiment que l’effet « crowd pulling » de Modi devrait jouer en faveur du MSM, sans compter qu’on s’attend à ce qu’il annonce de nouvelles aides financières pour notre pays. « Il ne faut pas oublier que nous avons jusqu’à juin 2023 pour organiser ces élections. Le mois de janvier, soit peu après la visite de Narendra Modi, pourrait être le moment idéal », soutient-on dans l’entourage du chef du gouvernement.
OPTION 3 : « Wait and see »
S’il y a bien un courant qui est convaincu de la capacité du MSM à faire le plein aux prochaines élections municipales, ceux qui se disent pragmatiques sont d’avis que la tenue des municipales à mi-mandat pourrait nuire au parti en vue des élections législatives de 2024. La prudence est surtout de mise chez les parlementaires élus dans les régions urbaines. « Oui, les congrès organisés ces derniers jours par le MSM ont connu un franc succès, mais ils ont eu lieu dans des régions rurales, soit dans le bassin électoral du MSM. La popularité du parti dans les villes, c’est une autre histoire », dit un député des hautes Plaines-Wilhems. « Pour s’engager dans les municipales, il faut être assuré de gagner une bonne majorité, mais dans les villes, nous sommes conscients de la force de frappe de l’opposition ». Il privilégierait ainsi la stratégie du « wait and see », afin de porter le coup fatal au bon moment.
Du sang neuf annoncé côté MSM
Bien que le Premier ministre n’ait encore donné aucune indication sur la date des élections municipales, des membres du Sun Trust se penchent déjà sur le profil des candidats. Certains au MSM sont d’avis que des conseillers, comme à Curepipe, Vacoas et Port-Louis, ont abattu un travail « quasi irréprochable » aux yeux du parti. En revanche, la satisfaction est moins grande concernant Rose-Hill et Quatre-Bornes. « Il faudra reconduire certains conseillers municipaux sur la liste des 120 candidats mais aussi injecter du sang neuf. Il pourrait même n’y avoir que de nouveaux visages au niveau de certaines municipalités », nous dit-on.
Ce que dit la loi
Les dernières élections municipales ont eu lieu le 14 juin 2015. Sans les amendements apportés l’année dernière à la Local Government Act, de nouvelles élections auraient dû se tenir au plus tard en juin 2021. Cependant, la loi a une nouvelle fois été amendée mi-2021 pour permettre un report maximal de deux ans pour cause de Covid-19. Techniquement, le gouvernement peut aller jusqu’à mi-2023.
LES CARTES DE L’OPPOSITION
Le Parti travailliste comme locomotive
Même si rien n’a encore été dit publiquement quant au partage des tickets pour les prochaines municipales, un consensus semble établi au sein de l’opposition parlementaire : le Parti travailliste (PTr) sera la locomotive d’une alliance avec le Mouvement militant mauricien (MMM), le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) et éventuellement le Rassemblement mauricien (RM). En se basant sur les scores réalisés aux dernières législatives, le PTr reste la plus grande force politique dans les régions urbaines. Les rouges comptent neuf députés dans les circonscriptions de Port-Louis, Curepipe, Vacoas et Quatre-Bornes. Le PTr devrait, de ce fait, avoir le plus gros morceau dans ces quatre villes, tandis que le MMM, qui s’est refait une santé à Rose-Hill en 2019, voudra y être dominant. Le PMSD devrait, pour sa part, être un renfort à Vacoas, Quatre-Bornes et Port-Louis.
Le choix du RM en suspens
Le Rassemblement mauricien (RM) de Nando Bodha, qui n’est pas tout à fait à l’aise de voir Navin Ramgoolam prendre les commandes d’une alliance, devrait mettre ses états d’âme de côté pour les élections municipales. Cependant, des sources au sein de ce parti évoquent la possibilité d’une position en retrait du RM, qui se contenterait alors d’apporter un soutien au bloc de l’opposition. « Le RM pourrait faire comprendre qu’il ne souhaite pas prendre part aux élections municipales mais tout en participant à la campagne », explique un membre du parti. Après avoir été tenu à l’écart des négociations pour le rapprochement PTr-MMM-PMSD, le RM a finalement accepté de participer aux discussions sur l’élaboration d’un programme pour les législatives. « Cela montre notre bonne foi. Concernant les élections générales, il y a encore du temps. Nous verrons en temps et lieu », précise-t-on.
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