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Eid-ul-Fitr : entre joie et partage

Chez les Eddoo, l’ambiance chaque année est à la célébration pour la journée d’Eid. Chez les Eddoo, l’ambiance chaque année est à la célébration pour la journée d’Eid.

Un moment de bonheur et d’échange pour les Mauriciens de foi musulmane. Une occasion pour les familles de se réunir, d’échanger des cadeaux, des gâteaux et des souhaits. Cette fête, placée sous le signe du partage et de la joie, sera célébrée demain, dimanche 25 juin ou lundi 26 juin, dépendant de la visibilité de la nouvelle lune.

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La célébration de l’Eid ul-Fitr marque la fin du mois sacré du Ramadan, mois durant lequel la communauté musulmane a observé le jeûne. Après ce carême, c’est le moment des réjouissances autour d’un repas et des visites familiales tout en assistant à des séances de prières.

Chez les Eddoo, l’ambiance est à la célébration chaque année pour la journée d’Eid. Saffyah Eddoo, mère de trois enfants, raconte que le grand déjeuner d’Eid se passe chez sa belle-famille. « On ne lésine pas sur les moyens », soutient-elle. « C’est la fête la plus symbolique de l’année pour les musulmans. Après des mois de sacrifices, nous pouvons enfin nous réunir et célébrer». C’est également l’occasion pour les enfants de retrouver leurs cousins et cousines et leurs aînés. « Les petits attendent avec impatience l’échange de cadeaux. À l’arrivée de leur père, ils sont déjà prêts, vêtus de leurs habits neufs pour recevoir leurs présents. » Dès le début de la journée, nous recevons des membres de la famille.

Cette année, au menu, chez la famille Eddoo, des plats traditionnels notamment l’incontournable briani préparé par la belle-mère. « Nous profitons aussi pour rendre visite aux grands-parents plus tard dans l’après midi »,  soutient notre interlocutrice. Après la belle famille, Saffyah célèbrera Eid avec sa mère, ses frères et sœurs.

Par ailleurs, chez Sajeeda Yadallee, la fête Eid sera célébrée en toute gaieté. « Cette année sera quelque peu différente. Ma mère étant décédée, j’ai décidé de prendre les devants. C’est moi qui reçois mes frères et sœurs pour le déjeuner d’Eid », confie-t-elle. La jeune femme accueillera une trentaine de personnes. Elle a décidé de commander le déjeuner : du briani. « À l’arrivée de mon mari et de mes deux fils de la mosquée, nous nous préparerons aussitôt pour accueillir les invités. » Sajeeda a complété ses dernières emplettes à quelques jours de la fête, car il est important pour elle que chacun reparte les bras remplis de cadeaux. « Les enfants attendent avec impatience l’échange de cadeaux. Les  plus grands, eux, reçoivent de l’argent. » La fille de Sajeeda, elle, prépare quelques boîtes de gâteaux sur lesquelles est inscrit Eid Mubarak. Ces boîtes se composent de « gato tam », napolitaines, macarons et seront distribuées aux collègues et voisins.

Échange de cadeaux : Pour propager l’amour

Partage et dons sont deux autres symboles forts qui ponctuent cette fête d’Eid ul-Fitr. « Depuis le début du Ramadan, il est requis des musulmans de donner chaque jour aux pauvres. C’est pour cette raison que le jour d’Eid est l’occasion pour chacun de donner en retour aux personnes qui nous sont chères, à savoir nos proches. » Au-delà du cadeau matériel, c’est aussi un moyen de propager l’amour.

Le symbolisme : Dans la ferveur...

Pour Zayd Imamane, Eid est un jour pour remercier Dieu.

Ferveur, partage, adoration et joie… ce sont autant de symboles qui rythment cette journée d’Eid ul-Filtr. Pour les musulmans, cette fête fait suite à 30 jours de jeûne et d’adoration. « Eid ul-Fitr est célébrée en guise de remerciement pour la faveur obtenue », explique Zayd Imamane. Celui-ci soutient que « lorsqu’une personne réussit son mois de jeûne, Eid devient alors un jour de contentement pour remercier Dieu. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous n’avons pas le droit d’être en carême ce jour-là. » Aussitôt que la lune apparaît la veille de la fête, une prière individuelle appelée « takbir » doit être répétée jusqu’au lendemain matin, connue comme le ‘Namaz Eid’ à la mosquée.

« Avant de se rendre à la mosquée, jeunes et moins jeunes doivent faire don de trois kilos de nourritures de base du pays (fitrah) aux pauvres entre l’aube et le namaz Eid », explique Zayd Imamane. Ainsi, avant ce moment de contentement, il est primordial pour les familles de chanter l’éloge de Dieu et de donner à ceux qui n’ont pas les moyens de célébrer Eid. Une fois à la mosquée, explique Zayd Imamane, la prière dure le temps de deux ‘rakaat’, suivie d’un sermon de vingt à trente minutes. « Ce sermon est surtout un message de continuation, pour ne pas laisser tomber tous les sacrifices. Il est suivi d’un message destiné aux femmes », dit-il.

Chacun reprend le chemin de la maison le cœur rempli de joie afin de propager le message. Cette fête est aussi le moment de se repentir et de pardonner. « Si, durant ce mois vous avez reçu le pardon, il faut dans le même sens savoir pardonner en retour à ceux qui nous ont fait du mal », fait-il ressortir. La fête est célébrée, avant tout, chez soi. À partir de 14 heures, c’est l’heure des visites chez les grands-parents. Pour ceux qui ont une belle famille, c’est le lendemain que la fête se poursuit en général. Toutefois, notre interlocuteur tient à préciser qu’Eid est célébrée un seul jour et non sur trois jours, contrairement aux croyances qui se sont installées.

Pour ceux qui ont manqué des jours de jeûne durant le Ramadan, Zayd Imamane précise qu’il est possible le lendemain et les jours suivants de les remplacer. « Il est important qu’il y ait une continuité dans le Ramadan, que le croyant continue à pratiquer ses cinq prières par jour et donne aux nécessiteux. Si Dieu continue à vous aider dans vos bonnes actions, c’est que votre jeûne s’est bien passé et que vous avez reçu l’acceptation », explique-t-il.


Les plats : Briani et douceurs en vedette

Les repas familiaux faits à la maison sont privilégiés aux déjeuners ou dîners au restaurant.

Après quarante jours de jeûne et de sacrifices, parents et amis se réunissent autour d’un repas. Celui qui symbolise la fin du Ramadan. Et pour les Mauriciens de foi musulmane, c’est la tradition qui prime. Les repas familiaux faits à la maison sont privilégiés aux déjeuners ou dîners au restaurant. Nasreen Nahaboo, pâtissière, nous en dit plus sur ces traditions culinaires qui perdurent au fil des générations.

« Le matin, ceux qui vont à la mosquée n’ont pas le temps de consommer un bon petit-déjeuner. » Ainsi, c’est avec une datte, un verre d’eau ou un thé que débutera cette journée. Après le cimetière, c’est aux alentours de 10 heures qu’ils prendront leur premier vrai repas de la journée. « Les femmes préparent généralement des vermicelles à base de mantègue ou dans du lait. Ces vermicelles peuvent aussi être agrémentées d’amandes effilées. D’autres personnes optent plutôt pour des fritures telles que des côtelettes, samoussas, entre autres », relate Nasreen. « Ce repas est important, car le corps est habitué à manger le matin aux alentours de 4 heures. D’où la nécessité de ce repas de 10 heures », précise Nasreen.

Place au grand déjeuner d’Eid ou dîner pour certaines familles. Pour ce grand repas, c’est le traditionnel briani à la viande de bœuf qui est à l’honneur. Pour d’autres, ce sont des currys accompagnés de naan et de riz. « L’idée est, avant tout, c’est que la table soit remplie de plats », fait-elle ressortir. Le dessert reste léger avec des ‘halwa’ à base de carottes ou avec du « greo ». D’autres opteront, eux, pour de la mousse aux fruits ou de la glace. De plus, depuis quelques années déjà, Nasreen Nahaboo explique qu’ils sont nombreux à préparer des boîtes de gâteaux pour offrir aux collègues, voisins et amis. Ces boîtes se composent généralement de gâteaux arabes, tels que baklava, konafa. L’on retrouve aussi des nouveautés, notamment des cookies ornés de ‘Eid Mubarak’, des cupcakes ou encore des tartes, choux à la pistache, entre autres.

Les habits : Osez le mélange de couleurs et de matières

Le styliste El Muhammad conseille aux hommes de porter
davantage de couleurs chaudes. 

Les habits aussi se modernisent pour Eid, cette année. Plus de couleurs pour les hommes et moins chargés. Cette année, le styliste El Muhammad explique que les churidars se transforment en poncho en tulle, brocart ou mélange coton et soi. « Pour les tenues masculines, c’est le lin qui domine. Les hommes osent et portent davantage de couleurs chaudes comme l’orange, le rouge ou encore le grenat », explique le styliste. Comme les tenues restent plutôt simples, il conseille de ne pas hésiter à accessoiriser ou même associer les couleurs complémentaires, le bleu avec l’orange, le jaune et le mauve ou vert, turquoise et marron ou blanc cassé. « Vous pouvez aussi accessoiriser avec des bijoux métallisés ou un bijou de tête », souligne-t-il.

Dinesh Tulsidas, directeur de Jetha Tulsidas explique que cette année, les strasses, les paillettes et motifs laissent place à la simplicité. « Les femmes optent pour des modèles aux coupes droites avec un fendu devant ou sur les côtés ». Les plus jeunes restent sur les modèles classiques de crop-tops et jupes à motifs, souligne Dinesh Tulsidas. « Des matières sont en ‘mix and match’, simplement relevé aux niveaux des colles ou des manches », explique-t-il. Pour les messiers, la mode est aux kurta kurbans, chemise avec des poches ainsi que des modèles en lin qu’ils portent sur des jeans. Un churidar chez Jetha Tulsidas  coûte entre Rs 1 500 et Rs 2 000 et un kurta entre Rs 600 et Rs 2 500.

 

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