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Eau : une hausse du tarif est-elle nécessaire ?

Le vice-Premier ministre et ministre des Services publics Ivan Collendavelloo a réitéré son intention de revoir de tarif d’eau ; pour lui cette mesure parviendrait à décourager le gaspillage.

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Ivan Collendavelloo est d’avis qu’une révision du prix s’inscrit dans la logique de conscientisation de la population mauricienne à l’importance de l’eau. Il participait jeudi 30 juin à la cérémonie d’inauguration du Photovoltaic Solar System au Flamboyant, à Solitude. Une hausse du tarif d’eau est-elle nécessaire ? Harry Booluck, ancien directeur de la Central Water Authority (CWA), Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), et Ajay Gunness, secrétaire général du MMM, ont donné leurs points de vue dans l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus samedi matin 2 juillet.

Harry Booluck, ancien directeur de la CWA

Pour Harry Booluck, un tarif d’eau raisonnable est justifié pour les projets de développement de cet organisme. Mais il trouve « contradictoire » que d’un côté l’on augmente le tarif et de l’autre l’on accorde de l’eau gratuitement à quelque 40 000 foyers. Sous cet aspect, Harry Booluck n’est pas contre une hausse du tarif, mais trouve logique qu’on le fait après une amélioration dans la distribution d’eau. Harry Booluck estime que pour une question politique, les différents gouvernements ont toujours été réticents à augmenter le tarif d’eau à l’île Maurice. Ce qui explique, selon lui, que les hausses administratives retombent toujours sur la CWA. Il cite notamment l’implémentation du rapport du Pay Research Bureau (PRB). Il reconnaît par ailleurs que la CWA souffre d’un manque à gagner, surtout au niveau des pertes sur son réseau de distribution, le détournement d’eau par certains consommateurs et à travers des compteurs défectueux, et dont il estime le nombre à 40 000.

Jayen Chellum, secrétaire général de l’Acim

Pour Jayen Chellum, une hausse du tarif d’eau aurait un lien direct avec le projet de privatisation de la CWA. Il estime que c’est l’une des conditions imposées par les éventuels partenaires stratégiques ; d’où son opposition à une hausse du tarif. Il rappelle que durant la dernière campagne électorale, les membres de l’actuel gouvernement avaient mis l’accent sur une amélioration de la distribution en eau : « À l’époque, on parlait de l’eau comme un droit humain. » Il trouve qu’une hausse « n’est pas justifiée » dans la conjoncture actuelle. Parlant du gaspillage, Jayen Chellum trouve « farfelues » les explications du ministre Ivan Collendavelloo : « Mem si dimunn la pe gaspille delo zot paye à différents tarifs. » Au contraire, dit Jayen Chellum, plus de 50 % d’eau se perd du réseau de la CWA. Il avance que c’est une réalité qui est reconnue par différents gouvernements : « Alor pa vinn pran problem teknik kifer delo perdi dan rezo CWA pou mett sa lor ledo konsomater. » Jayen Chellum avance que le gouvernement ne peut augmenter le tarif d’eau avant de nommer un partenaire stratégique pour faire croire que cette hausse n’est pas liée à la privatisation.

Ajay Gunness, secrétaire général du MMM

Pour Ajay Gunness, le ministre Ivan Collendavelloo ne peut servir le gaspillage pour justifier une hausse du tarif d’eau. Il trouve aussi « illogique » que d’un côté le gouvernement accorde 6 m3 d’eau gratuite et de l’autre compense ce manque à gagner par une hausse du tarif. Il trouve aussi « injustifié » qu’on parle d’une hausse du tarif d’eau en évoquant une modernisation de la distribution, car les automobilistes paient une taxe de Rs 4 sur chaque litre d’essence et de diesel au Build Mauritius Fund. Il avance que ce fonds génère Rs 4,8 milliards. Ajay Gunness rappelle que le gouvernement avait dit que cet argent allait être utilisé pour changer des centaines de kilomètres de tuyau de la CWA. Il déplore le fait qu’on ait accordé un contrat en avril pour changer les tuyaux sur une distance de 8 kilomètres seulement, alors le véritable gaspillage provient des pertes d’eau sur le réseau de la CWA. Il trouve que les autorités ont trouvé la solution facile ; d’où le fait que le MMM s’oppose à une hausse du tarif d’eau. Ajay Gunness estime qu’on a beaucoup de compétences à l’île Maurice, qu’il y a plusieurs solutions pour résoudre le problème de distribution et que la privatisation n’est pas la seule option : « Delo se enn service essentiel ek ou pa kapav privatiz britt britt parski lerla, akoz li enn service essentiel, enn partenaire stratégique kapav pass bann coût lor latet konsomater ». Ajay Gunness affirme que le rôle de l’État est de prendre à son compte certaines charges des services essentiels afin de diminuer le fardeau des consommateurs.

 

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