Deux kilos d’héroïne estimés à Rs 35 millions ont été saisis sur un policier rentrant de Madagascar. Il est soupçonné de faire partie d’un trafic dans la police. Le cerveau du réseau est, quant à lui, recherché.
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L’image de la force policière a pris un sale coup cette semaine à la suite du démantèlement d’un réseau de présumés trafiquants de drogue opérant en son sein. Arvind Hurreechurn, un policier affecté au poste de Piton, a été pris la main dans le sac, mardi, alors qu’il tentait de faire passer un colis de deux kilos d’héroïne. Valeur estimée de la drogue : Rs 35 millions.
Le passeur revenait de Madagascar et avait dissimulé la drogue dans le double fond de sa valise.Un autre policier, Gary Bruno Gopaul, affecté au poste de Pamplemousses, a lui aussi été arrêté. Il aurait introduit Arvind Hurreechun dans le réseau de trafiquants. Une policière, considérée comme étant proche de Shashikant Jayepall, un troisième suspect, est dans le collimateur des enquêteurs.
Ces derniers soupçonnent qu’elle devait se rendre en Ouganda, en septembre. La police est en présence d’informations selon lesquelles ce voyage aurait un lien avec le trafic de drogue. La brigade antidrogue tente de remonter jusqu’au présumé cerveau du réseau.
Récompense de Rs 400 000
Arvind Hurreechurn, qui habite Temple Road, à Rivière-du-Rempart, n’opérait pas pour son propre compte. Mais il était un maillon clef au sein du réseau. Pour la mission, qui consistait à récupérer les deux kilos d’héroïne à Madagascar, le « boss » aurait promis de lui verser Rs 400 000.
Arvind Hurreechurn n’a pas eu le temps de toucher cette récompense. Ses collègues de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) l’attendaient de pied ferme. Ils sont parvenus, avec l’aide de douaniers et d’un chien renifleur, à déjouer son plan. Ils ont intercepté sa valise et son précieux contenu alors qu’il s’apprêtait à franchir la porte de sortie.
Tout laisse croire que la proximité du constable Arvind Hurreechurn, 30 ans, avec des trafiquants était connu dans son milieu professionnel. Les langues n’ont pas tardé à se délier dès qu’il a été interpellé. « So larout pa ti bon. Linn gayn plizir warning », dit un haut gradé.
Ses faits et gestes ne passaient pas inaperçus. Son cercle d’amis n’était pas vu d’un bon œil. Ses déplacements à l’étranger suscitaient des interrogations. Il s’est rendu deux fois à Dubayy. Ces déplacements ont fini par susciter la curiosité des effectifs de l’Anti-Narcotics Section de la Mauritius Revenue Authority. L’Adsu l’avait également à l’œil. Il faisait aussi jaser dans les Northern District Headquarters de la police.
Après Arvind Hurreechurn, cela a été au tour du constable Gary Bruno Gopaul de se faire épingler. Ses relations avec Arvind Hurreechurn aussi bien que ses déplacements à l’étranger donnent l’impression qu’il ferait partie d’un réseau de policiers trafiquants.
En deux occasions, il s’est rendu à Dubayy ces derniers temps. Selon des renseignements glanés par l’Adsu, Gary Bruno Gopaul serait lui aussi un maillon important de cette équipe. Il aurait présenté Arvind Hureechurn au cerveau du trafic.
Un autre membre du réseau est également en détention. Il s’agit de Shashikant Jayepall, 29 ans, aussi connu sous le nom de Black. Il comptait mettre le cap sur l’Ouganda le 29 septembre afin de réceptionner un colis de drogue. Mais il n’a pu faire le déplacement, faisant l’objet d’une interdiction de quitter le territoire en raison de son implication dans une affaire criminelle.
Les enquêteurs s’intéressent aussi à une policière qui serait proche du suspect Shashikant Jayepall. Elle aussi devait s’envoler pour l’Ouganda en compagnie de Shashikant Jayepall, mais elle se serait ravisée quand ce dernier s’est fait refoulé à l’aéroport. L’enquête est supervisée par le surintendant Azimah et l’adjoint commissaire Choolun Bhojoo.
Shiva Coothen : « Nou pa get figir »
Pour l’inspecteur Shiva Coothen, porte-parole des Casernes centrales, cette affaire démontre qu’au sein de la police « nou pa get figir ». Le commissaire de police Mario Nobin a lui aussi été catégorique : « Il n’y aura aucun compromis. Celui qui a fauté devra assumer les conséquences de son acte.
Nous constatons que notre réseau de renseignements fonctionne à merveille et qu’il existe une réelle volonté de tout un chacun de combattre le trafic de drogue. »
Ces policiers épinglés dans le passé
Cette affaire qui éclabousse les Casernes centrales est sur toutes les lèvres. Des cas précédents impliquant des policiers pour trafic de drogue refont surface. Il y a même eu des cas où d’ex-membres de l’Adsu se sont faits coffrés.
« Mo mem mo ti dan l’Adsu mo pa pou gayn narnye », avait déclaré l’un d’eux quand un de ses collègues l’avait prévenu pour qu’il mette fin à ses activités illicites. Parmi les suspects : les sergents Nair, Sooknundun et Gooransing, ainsi que les constables Lutchoomun et Mootoo, pour ne citer que ceux-là.
« Certains de ceux ayant exercé à l’Adsu étaient convaincus que personne ne pourrait les coffrer puisqu’ils étaient au courant de la façon de procéder des membres de l’escouade. C’est faux, car dans le passé nous avons arrêté des limiers de l’Adsu », souligne un responsable de cette équipe.
Le constable Hurreechurn tremble comme une feuille
Mardi. Il est 19h40 quand l’avion correspondant au vol MK 289, en provenance de Madagascar, atterrit à Plaisance. Parmi les passagers : Arvind Hurreechurn. Vêtu d’une veste, il est sur le point de quitter l’aéroport quand il est encerclé par l’Adsu et des douaniers de l’Anti-Narcotics Section – nouvelle unité mise sur pied pour combattre le trafic de drogue et la contrebande.
Lors d’un interrogatoire, il raconte qu’il revient de trois jours de vacances de la Grande île. Ses bagages sont passés au scanner. Les limiers s’aperçoivent que la valise est à double fond. Ils y découvrent un colis contenant deux kilos d’héroïne. Le passeur se met à trembler comme une feuille. Acculé, Arvind Hurreechurn tente une dernière parade : « Mo enn gard. Les mwa ale. »
Pour toute réponse, un de ses collègues lui passe des menottes. Il est emmené à son domicile pour un exercice de control delivery. L’opération ne donne rien, mais Bhagwantee Hurreechurn, la mère du présumé trafiquant, a du mal à contenir ses émotions lorsque son fils lui avoue qu’il a de la drogue en sa possession.
Cette habitante de Rivière-du-Rempart n’en revient pas. « Zame mo ti panse li pou fer enn zafer koumsa. Monn gayn sok. Mo ti kone li pe fim gandia me mo pa ti kone li dan trafik ladrog », confie-t-elle.
À Goodlands : un véhicule de l’Adsu endommagé
Nouvelles tensions lors d’une opération de l’Adsu. Celle-ci a eu lieu à Cité Sainte-Claire, Goodlands, vendredi. Les effectifs de la brigade antidrogue de Grand-Baie ont procédé à l’arrestation d’un adolescent après avoir découvert 30 doses de drogue synthétique. La valeur marchande de la drogue est estimée à Rs 10 000. Lors de cette opération, un véhicule de l’Adsu a été endommagé. Deux personnes sont activement recherchées. L’enquête est supervisée par le chef inspecteur Naushad Maudhoo.
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