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Drogue synthétique - Noëlla: «J’ai cru perdre mon fils de 16 ans»

Les drogues de synthèse se propagent comme une pandémie dans notre société. De nombreux jeunes se laissent tenter par divers produits malgré leur dangerosité. Il y a un mois, Noëlla pensait perdre son fils, âgé de 16 ans seulement, après que ce dernier a fumé le « bat dan latet ».

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« Vinn vit, to zanfan pe mor. » En entendant ces mots, Noëlla, 37 ans, s’est affolée. La scène dont elle a été témoin en sortant dans la rue la marquera à vie. Son fils de 16 ans poussait de grands cris. « So lizie ti fini tourne », confie cette mère de trois enfants, âgés entre 10 et 16 ans. Pourtant, rien ne laissait présager que cette sortie familiale allait finir en drame. C’était le dimanche 12 juin. Ce jour-là, la petite famille, qui habite le Sud, s’est rendue chez un proche pour célébrer un baptême. « Aux alentours de 20 heures, mon fils m’a dit qu’il sortait prendre l’air. Quelques minutes plus tard, mon beau-frère et une nièce ont accouru vers moi pour me dire que mon fils était très mal en point », raconte Noëlla. L’adolescent, qui est en Form III, a été immédiatement transporté à l’hôpital de Rose-Belle. « Laba, zot finn byen pran li swin. Li finn res trwa zour lopital. Li osi pe swiv enn terapi dan enn sant Mahébourg. Li dir mwa ki linn fim ladrog sintetik, so bann kamarad inn dir li seye », indique la mère de famille. Elle affirme que son fils n’avait jamais touché à une cigarette auparavant et qu’il s’est laissé influencer. « Je lance un appel à tous les parents : la meilleure solution est de surveiller les moindres faits et gestes de vos enfants, ainsi que leurs fréquentations. Je ne souhaite à personne de vivre cette expérience », lance Noëlla. Le collégien explique, pour sa part, que ce jour-là, lorsqu’il est sorti dans la rue, il a vu des amis parmi un groupe de jeunes. Ils devaient être une quinzaine. Il s’est donc dirigé vers ces derniers et a constaté que certains préparaient une « sigaret ek enn ladrog sintetik apel ‘bat dan latet’ ». Il a donc été invité à l’essayer. « Zot finn dir mwa seye ek ki mo pa pou gayn nanie. Nou tou inn fime ek mwa mo finn ris trwa kout. Sigaret-la ti ena enn loder kaoutsou. Ena enn garson ki ti pe galoupe kouma fou apre ki linn fim sa. Apre, mo pa kone kinn arive. Zame mo pa pou refer sa ankor. Depi sa, mo santi mwa inpe perdi mantalman. Mo konsey bann zenn pa tous sa », conclut l’adolescent.


 

Quelle est la meilleure solution ?

Ally Yaroo, enseignant : « Des campagnes de sensibilisation intensives » « Nous avons constaté que les jeunes qui consomment les nouvelles drogues de synthèse ont d’abord commencé avec la cigarette. Certains se laissent tenter par le peer pressure, alors que d’autres sont à la recherche de sensations fortes. Il faudra mener des campagnes de sensibilisation dans les écoles. L’idéal est d’avoir recours à des professionnels de santé, ainsi qu’à des organisations non gouvernementales (ONG) qui seront plus aptes à mener ces campagnes auprès de nos jeunes. Ils pourront alors repérer les élèves qui se droguent à travers leur comportement. Les enseignants ne sont pas formés pour le faire. J’estime aussi qu’il y a un manque de ressources humaines pour gérer ce problème. Il est également important d’avoir le soutien de tous : autorités, enseignants, ONG et parents. D’ailleurs, il faudrait tout d’abord éduquer ces derniers sur le sujet. » Imran Dhunoo, président du Centre Idrice-Goomany : « En savoir davantage sur ces produits » « C’est un phénomène très complexe. Il faudrait le soutien de tous pour pouvoir combattre les drogues de synthèse. Nous devons rassembler nos idées et nos perspectives pour trouver des solutions. Il faudrait aussi en savoir davantage sur les composants de ces produits en circulation pour pouvoir les détruire. Pour l’instant, nous ne savons pas grand-chose. En parallèle, il faut aussi mettre en place des campagnes de sensibilisation à travers le pays. Mais il faut savoir aborder les jeunes dans les écoles. Nous devrions adopter une approche amicale et non répressive. » William Wong, président de la PTA : « Tous doivent travailler ensemble » « Je pense que les autorités ont un rôle important dans le combat contre les drogues synthétiques. Il faudrait accentuer la surveillance devant l’enceinte des écoles et leurs alentours, notamment dans les gares, sur les arrêts d’autobus ou encore dans les tabagies du coin. Il ne faut rien laisser au hasard et détecter tout comportement suspect. Pour pouvoir faire face à ce fléau,nous devons tous travailler ensemble, des parents jusqu’aux autorités, en passant par les ONG, la police et les chefs religieux. C’est un problème national. » Ally Lazer, travailleur social : « Il faut adopter une politique nationale de prévention » « Il n’y a plus de place à l’hôpital Brown Séquard pour les consommateurs de drogues de synthèse. Plusieurs d’entre eux doivent être transférés dans nos hôpitaux régionaux. Ce qui prouve que le phénomène prend de l’ampleur. J’estime qu’il faut adopter une politique nationale de prévention, qui touchera les Mauriciens en général, que ce soit les jeunes des écoles, des collèges et des universités, mais aussi les parents. Il faut que tous prennent conscience du danger que représentent les drogues de synthèse. Le pire, c’est qu’elles sont accessibles à chaque coin de rue et ce, à petits prix. C’est un vrai tsunami qui s’abat sur notre île. » Inspecteur Shiva Coothen, du Police Press Office : « Il faut dénoncer tout cas suspect » « Comme l’a dit le Premier ministre, il est du devoir et de la responsabilité des parents, des éducateurs et des citoyens de protéger nos jeunes des fléaux sociaux. La police invite donc les membres du public à dénoncer, même de manière anonyme, tout cas qu’ils estiment suspect sur la hotline 148. Nous agirons en conséquence. Nous mettons tout en œuvre pour éviter que ces substances nocives circulent. La brigade antidrogue fait quotidiennement des drug detections. »

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