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Drame humain : des Chagossiens en Angleterre priés de plier bagage

Dans son édition en ligne du dimanche 28 juillet 2019, le journal anglais The Guardian annonce que le gouvernement du Royaume-Uni fait pression pour que les membres de la communauté chagossienne, détenteurs du passeport britannique, soient expulsés du pays. 

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L’article est  intitulé « Windrush Scandal Continues as Chagos Islanders are pressed to go back. » Il met en exergue la pression du gouvernement de la Grande-Bretagne contre les membres de la communauté chagossienne détenteurs du passeport britannique. « British passport holders from the Chagos Islands are being systematically targeted in a ‘shameful’ attempt to have them removed from the UK by Council Officers », peut-on y lire. 

Ces révélations exposent une nouvelle dimension à l’hostilité du gouvernement britannique envers les Chagossiens et leurs descendants. Sa stratégie vise également les détenteurs du passeport britannique, une stratégie qualifiée de « persécution honteuse » par The Observer, cité par The Guardian. Plusieurs interviews complémentées par des mails gouvernementaux révèlent que de nombreux Chagossiens, basés à Crawley, West Sussex, ont fait face à une campagne d’intimidation pour les pousser à quitter le pays. Des fonctionnaires du Council auraient été agressifs envers ceux qui sollicitaient une assistance logement du gouvernement. L’administration locale aurait même proposé de payer leurs billets d’avion pour Maurice ou les Seychelles.

Satbir Singh, le Chief Executive du Joint Council for the Welfare of Immigrants, a affirmé que cette affaire est « un autre exemple de l’utilisation d’une attitude hostile contre des personnes de couleur. Cela doit disparaître, les Chagossiens ont le droit de rester en Angleterre et ce scandale ne doit plus se répéter », a-t-il déclaré à The Guardian.

La communauté chagossienne en Angleterre est d’environ 3 000 personnes qui, pour la plupart, vivent à Crawley. En 2002, les natifs de l’archipel ont obtenu le droit à un passeport britannique.

Pour donner du poids à leur enquête, les journalistes de The Guardian ont obtenu, avec difficultés, des mails internes grâce aux lois qui garantissent la liberté à l’information. Ces correspondances montrent que le cas des Chagossiens ressemble au scandale Windrush, à savoir l’arrestation et la déportation illégales d’une centaine de Britanniques de par leurs origines et leur couleur de peau. Ce scandale avait même poussé le Home Secretary à démissionner en avril 2018. Ces mails démontrent ainsi que le ciblage des Chagossiens s’est poursuivi.
Le conseil de Crawley aurait aussi catégorisé les Britanniques d’origine chagossienne comme « des sans domicile fixe intentionnels ». Ils ont émigré en Angleterre de leur propre chef et doivent retourner à Maurice ou aux Seychelles.


Un jeune Chagossien arrêté

Au début du mois, un jeune Chagossien avait été arrêté par le Home office, il a été maintenu en détention pendant 10 jours et risque la déportation. Issu de la troisième génération, il est considéré comme Mauricien et n’a pas droit au passeport britannique. Il ne pouvait demander qu’un permis de résidence ordinaire. Sauf que sa mère, qui est établie en Angleterre depuis 2010, avait entamé des démarches pour qu’il obtienne un passeport britannique. Cependant en se rendant au Home Office pour signer un document, il a été arrêté.

Olivier Bancoult : « Cela démontre leur malhonnêteté »

Pour Olivier Bancoult, leader du Groupe Réfugiés Chagos à Maurice, toute cette affaire démontre la mauvaise foi du gouvernement britannique. « Je suis au courant de ces pratiques par le biais du Groupe Réfugiés Chagos en Angleterre. Des fonctionnaires du Council traitent les Chagossiens comme des parias. Quand nous voyons des grands groupes médiatiques comme The Guardian qui dénoncent ce scandale, cela nous donne du courage pour continuer le combat contre le gouvernement britannique. Si nous sommes aussi problématiques pour eux, qu’ils nous donnent le droit de retourner vivre dans notre archipel », déclare-t-il.

 

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