Interview

Dr Vasantroas Gajadhur : «Maurice est vulnérable de par sa situation géographique»

La dengue, le chikungunya, le Zika et la malaria sont des maladies transmises par les moustiques. Le Dr Vasantroa Gajadhur, Director of Health Services et responsable du Communicable Disease Control Unit, lance un appel pour la collaboration de tout un chacun pour prévenir la prolifération des moustiques.

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La dengue fait de nouveau l’actualité avec cinq cas recensés la semaine dernière. Comment expliquez-vous qu’à la Réunion plus de 7 000 cas de dengue ont été enregistrés alors qu’à Maurice il n’y en a eu que des cas importés ?
La Réunion, en effet, enregistre une cinquantaine de cas de dengue par semaine et il y a eu six décès l’an dernier à l’île sœur. Madagascar a enregistré de nombreux cas également. À Maurice, comme vous l’avez dit, nous avons des cas importés, c’est-à-dire que ce sont des personnes venant des pays où il y a la dengue et qui sont arrivés à Maurice alors qu’ils ont été infectés. Nous enregistrons un à deux cas par mois.
Nous arrivons à contrôler la maladie grâce au système de surveillance mis en place. Tous les passagers en provenance des pays où la dengue est endémique reçoivent la visite d’un officier du bureau du sanitaire dès le lendemain de leur arrivée dans l’île. Cela à travers les coordonnés qui sont collectés à l’aéroport. L’information est par la suite relayée à tous les 13 bureaux du sanitaire à travers le pays.

Un protocole bien établi détermine le nombre de jours de surveillance. Ce travail est effectué par les inspecteurs sanitaires et les agents de surveillance. Des prises de sang sont effectuées en cas de besoin. Nous avons aussi une surveillance au niveau de tous les hôpitaux et différents centres de santé.

Quelles sont les autres mesures mises en place par le Communicable Diseases Control Unit ?
Dès qu’il y a un cas, nous isolons le malade et nous administrons les traitements appropriés. La CDCU procède aussi à un exercice de contrôle dans la localité du patient, ce qui nous permet de mieux gérer la maladie et éviter sa propagation à travers l’île.

Nous avons aussi un protocole à différents niveaux pour contrôler les moustiques. La Biology Control Division (BCD) s’occupe de l’étude des types de moustiques que nous avons à Maurice et la densité de sa population, ainsi que celle des larves. Si la population de moustiques est trop nombreuse, nous procédons à un exercice de larvicide pour les éliminer.

Quels sont les types de moustiques que vous ciblez ?
L’aedes albopictus qui transmet le chikungunya, la dengue et le Zika. Il y a aussi l’Anophèle qui transmet le paludisme (malaria). Ce sont les deux types que nous avons à Maurice. Les spécialistes du BCD veillent aussi à ce qu’il n’y ait pas d’autres espèces de moustiques, notamment l’Aedes aegypti qui transmet la fièvre jaune.

Nous avons besoin de la collaboration de tout un chacun pour éviter les maladies transmises par les moustiques.»

 
Que faites-vous quand un cas est enregistré ?
Nous procédons à un exercice de fumigation dans la localité de la personne infectée, autour de son lieu de travail, du centre de santé où il a été admis ainsi que les lieux où il a séjourné au moins deux jours. Cela pour éliminer tous les moustiques dans les environs. La fumigation est effectuée dans un périmètre de 500 mètres. Là où il y a des larves, nous procédons à un exercice de larvicide avant qu’elles ne deviennent des moustiques.

Nous visitons aussi chaque lieu de résidence pour vérifier s’il n’y a pas des accumulations d’eau dans la cour ou sur le toit des maisons ainsi que dans les lieux où les moustiques peuvent proliférer. Une enquête est menée également par les officiers du sanitaire pour recenser d’éventuels cas de fièvre dans un périmètre de 500 à 600 mètres de tout cas détecté. Cet exercice est renouvelé plusieurs fois sur une période d’un mois.

Quelle est l’importance de ces différentes mesures ?
Maurice est extrêmement vulnérable de par sa situation géographique. Nous sommes entourés de pays africains et asiatiques où la dengue est endémique. Il y a aussi beaucoup de mouvement de passagers entre ces différents pays et Maurice. Ce qui rend le pays très vulnérable. De plus, nous sommes un pays tropical avec de la pluie et de l’humidité et beaucoup de verdure qui sont des conditions propices pour la prolifération des moustiques.

Il y va aussi de la responsabilité citoyenne pour éviter la prolifération des moustiques.
Vous avez raison. Chaque citoyen a son rôle à jouer pour que nous puissions contenir les maladies transmises par les moustiques. D’un côté, les autorités s’évertuent à contrôler les moustiques en collaboration avec différents ministères, collectivités locales, les hôtels, les médecins et cliniques du privé. Le protocole et la responsabilité de chacun sont passé en revue lors du Intersectorial Meeting qui est organisé deux fois l’an.

Toutefois, tous les citoyens sont appelés également à veiller que leur environnement soit salubre. Il faut aussi éviter les accumulations d’eau et les terrains en friche doivent être nettoyés. Nous avons besoin de la collaboration de tout un chacun pour éviter les maladies transmises par les moustiques.

 

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