Interview

Dr Robin Nunkoo, Associate Professor : «Notre modèle de développement touristique doit être revu»

En marge de l’atelier de travail du 17e BEST EN Think Tank (Building Excellence in Sustainable Tourism Education Network), le Dr Robin Nunkoo, directeur du International Centre for Sustainable Tourism & Hospitality à l’Université de Maurice, définit les enjeux du tourisme pour le pays.

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Pourquoi l’atelier de travail de BEST EN à Maurice ?
BEST EN est un réseau inclusif et collaboratif axé sur la création et la diffusion de connaissances pour soutenir l’éducation et la pratique dans le domaine du tourisme durable. Le but de cet atelier est de s’arrêter pour réfléchir sur la pertinence de notre stratégie concernant le tourisme durable, car toutes les destinations, incluant Maurice, sont très vulnérables aux changements climatiques, à la croissance démographique mais aussi aux impacts des activités liées au tourisme qui présentent des défis pour le tourisme durable.

Quelles sont les autres fonctions de l’International Centre for Sustainable Tourism & Hospitality ?
Le centre travaille en étroite collaboration avec le gouvernement et l’industrie du tourisme, par exemple la Mauritius Tourism Authority (MTA). On a développé  l’Observatoire des Prix qui a pour objectif de vérifier si les hôtels étoilés qui se vendent sur des sites internationaux dédiés aux voyages, respectent les prix liés à leurs notations. Il arrive que certains affichent des tarifs inférieurs ou excessifs par rapport à leurs notations. Ce qui peut ternir l’image de la destination mauricienne.

Est-ce une pratique courante à Maurice ?
Il existe des cas que nous transmettons à la Tourism Authority. Ce n’est pas la responsabilité de l’université de prendre des sanctions. Son travail consiste à faire cet exercice en toutes transparence et indépendance.

Comment trouver l’équilibre entre l’objectif d’augmenter les arrivées touristiques et la nécessité d’un développement durable ?
C’est précisément le but de l’atelier de travail de BEST EN.  L’UoM en fait partie et s’est donnée pour mission de trouver un équilibre à travers des recherches scientifiques et leur mise en oeuvre. Ce n’est pas chose facile, compte tenu que dans plusieurs destinations incluant Maurice, il y a des exigences d’emplois et, d’autre part, il faut aussi adhérer aux normes internationales qui prônent un développement mettant l’accent sur l’équilibre écologique et les ressources naturelles, entre autres.

Tout laisse croire que le secteur se porte bien avec le nombre croissant de touristes. Le Budget,  par ailleurs, vient de proposer des remboursements aux touristes sur des produits artisanaux locaux…
Je ne sais pas si cette idée va marcher lorsqu’on sait que des hôtels pratiquent la politique du all-inclusive.  Je ne vois pas à qui profiterait cette décision budgétaire, aussi longtemps que les touristes feront leurs achats dans les enceintes des hôtels qui, en amont, leur offrent des packages. Avec une telle offre, on peut comprendre que les touristes n’éprouvent aucun intérêt à aller à la découverte de l’île Maurice profonde. Il faut plutôt trouver un mécanisme pour ces artisans afin qu’ils gagnent en visibilité.

Sommes-nous à la croisée des chemins en ce qui concerne le modèle de développement de notre secteur du tourisme ?
Certainement ! La définition même du terme écotourisme est remise en question car même ce type de tourisme a besoin de nouvelles infrastructures, d’hôtels et de logistique. Tout cela implique de grands espaces dans une île qui est plutôt exiguë, malgré une croissance démographique soutenable.

 

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