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Dr Pradodh Munbodh : «Maurice n’est pas à l’abri d’une nouvelle épidémie de paludisme»

Le paludisme fait plus de 400 000 victimes chaque année dans le monde. Même si, à Maurice, cette maladie est sous contrôle, la vigilance reste de mise, soutient le Dr Pradodh Munbodh, du département des maladies infectieuses du ministère de la Santé. Cela d’autant plus qu’une cinquantaine de cas importés sont recensés chaque année. 

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Maurice détient, depuis 1980, une certification attestant que le pays a pu éradiquer le paludisme sur son territoire. Ainsi, l’incidence des cas autochtones est quasiment nulle, grâce aux différentes mesures prises par le ministère de la Santé. Cependant, entre 20 et 50 cas importés de cette maladie sont recensés tous les ans.

Système de surveillance

Le Dr Pradodh Munbodh explique que c’est avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) que Maurice a éliminé le paludisme dans le pays. Cela à travers un système de surveillance de cette maladie depuis les années 80. Ce système a connu plusieurs évolutions depuis, afin d’être plus efficace et de permettre un plus grand contrôle.

Selon le protocole mis en place, une surveillance est exercée sur les passagers au port et à l’aéroport. Un suivie des passagers, surtout ceux venant des pays à risque, est aussi effectué à travers un dépistage porte-à-porte. Il est effectué par les Health Surveillance Officers affectés aux treize bureaux sanitaires du pays. En cas de résultats positifs, il y a une prise en charge rapide des malades. Le service s’occupe aussi de la désinsectisation de lieux spécifiques également. Le département d’entomologie du ministère de la Santé s’assure de son côté de la surveillance des moustiques. 

La dernière épidémie de paludisme que Maurice a connue remonte à 1975. Des travailleurs étrangers étaient venus à Maurice pour procéder à la reconstruction du pays après le cyclone Gervaise. D’autres épisodes ont précédé celui-là, rappelle le Dr Munbodh. C’était avant la mise en place du système de surveillance.

« Notre pays a été fortement touché en 1867. Il y a eu plusieurs milliers de cas et beaucoup de décès », indique-t-il. Afin de contrer la prolifération des moustiques, une campagne nationale a été enclenchée en 1940 pour le comblement des mares. Quelques années après, soit en 1949, il y a eu la grande campagne de démoustication avec la pulvérisation du dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT). Cela a permis de réduire le nombre de cas de malaria ainsi que le nombre de décès liés à cette maladie. Ces résultats ont été notés deux ans après cette campagne.

Malaria Free

Diverses autres mesures ont par la suite été prises, dont des travaux sur les berges des rivières pour empêcher l’eau de stagner. C’est ce qui a permis au pays d’être déclaré Malaria Free en 1973 par l’OMS, souligne le Dr Munbodh. Mais la trêve n’a été que de courte durée avec l’importation de la main-d’œuvre étrangère pour rebâtir le pays après le cyclone Gervaise.

Ce qui a démontré que le pays n’est pas totalement à l’abri du paludisme en dépit des mesures prises. D’où la surveillance constante exercée. « Même si 100 % de ces cas concernent des personnes ayant contracté le paludisme à l’étranger, le risque d’une transmission locale du paludisme existe toujours. C’est pour cela que nous faisons un plaidoyer auprès des gens voyageant dans les pays à risque de toujours revenir vers les officiers du ministère de la Santé en cas de symptômes semblables à ceux du paludisme », explique le Dr Munbodh.

Si, à Maurice, le paludisme ne fait pas de victimes, dans le monde la maladie en fait en moyenne 400 000. Ainsi, cette maladie demeure une priorité mondiale et régionale, fait ressortir le Dr Laurent Musango, représentant de l’OMS à Maurice. Il précise que la région africaine a fait de grands progrès dans la lutte contre cette maladie. Se référant au rapport 2016 sur le paludisme, il note que l’incidence des cas a baissé de 23 % dans la région. Il en est de même concernant le taux de mortalité, qui a connu une baisse de 31 %. Selon le rapport, la région africaine a pu prévenir 6,8 millions de décès dû au paludisme de 2001 à 2015. Cela concerne près de 6,6 millions d’enfants de moins de 5 ans, souligne le Dr Musango.

Premier vaccin

Pour lui, ce progrès s’explique par les mesures prises par les pays à risque. « Depuis cinq ans, près du double de la population à risque de paludisme en Afrique subsaharienne dort sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide », dit-il. Le pourcentage d’enfants soumis à un test de diagnostic rapide du paludisme a fortement augmenté (77 %) et la proportion des femmes enceintes bénéficiant du traitement préventif intermittent pendant la grossesse a été multipliée par cinq dans vingt pays africains, explique le représentant de l’OMS à Maurice.

Il ajoute que cette année marque l’avènement d’une nouvelle ère dans la prévention contre le paludisme. Le Dr Musango annonce que l’OMS va introduire le tout premier vaccin contre le paludisme. Cela dans le cadre de projets pilotes exécutés en Afrique subsaharienne. Ce vaccin va donner aux jeunes enfants une protection partielle contre le paludisme. Le produit est actuellement en cours d’évaluation. Il pourrait être complémentaire à l’ensemble des mesures de prévention, diagnostic et traitement du paludisme déjà recommandées par l’OMS. « La phase expérimentale du nouveau vaccin représente un jalon important dans la lutte contre le paludisme », souligne-t-il.

Maux de tête, fortes poussées de fièvre, douleurs abdominales, frissons et sueurs, diarrhée, vomissements et nausées font partie des symptômes de la malaria. Il est recommandé aux personnes qui vont visiter les pays à risque de se présenter au centre international de vaccination du ministère de la Santé. Cela pour avoir des médicaments préventifs contre le paludisme. Le service est gratuit.

 

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