Le Premier ministre ne ménage pas ses propos quand il parle des Anglais et des Américains dans le contexte de la revendication sur l’archipel des Chagos par Maurice.
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« Des officiels américains et britanniques sont venus dans mon bureau et m’ont parlé comme ils parleraient à un esclave. Ils ont menacé de mettre fin aux échanges et protocoles commerciaux si nous allons de l’avant », a déclaré sir Anerood Jugnauth (SAJ) en réponse à une Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition Paul Bérenger sur les Chagos.
« Je trouve bizarre que quand nous discutons avec le Royaume-Uni, les États-Unis se comportent comme s’ils soutiennent le Royaume-Uni. Je trouve cela honteux ! Ils prétendent défendre les droits de l’Homme, la démocratie, l’état de droit dans le monde, mais quand on veut que notre droit soit rétabli, ils viennent me menacer. Les droits de l’Homme ne sont utiles que quand cela leur sert. Je leur ai dit ‘might is right’ et de débarrasser le plancher », a affirmé SAJ.
Pour le PM, les Britanniques sont des « hypocrites » qui ne respectent pas leur parole. « Je ne voulais pas déplaire au président des Nations unies et quand Boris Johnson m’a dit que ‘We will make it work’, j’ai dit ok, attendons fin juin », a-t-il expliqué. Lors d’une réunion le 22 septembre avec Boris Johnson, secrétaire d’État anglais aux Affaires étrangères, SAJ avait accepté d’attendre jusqu’à fin juin 2017 avant de s’en remettre aux Nations unies pour débattre de la résolution sur une demande d’une advisory opinion de la Cour internationale de justice sur l’archipel des Chagos.
Mais alors que les Britanniques donnaient l’impression de vouloir trouver une issue positive, le Parlement britannique a annoncé à la mi-novembre son intention d’offrir une compensation de Rs 2 milliards sur dix ans aux Chagossiens, de renouveler le bail des Américains sur Diego Garcia jusqu’en 2036 et de ne pas permettre aux Chagossiens de retourner vivre aux Chagos. SAJ a souligné que Maurice n’a pas été averti de cela.
En réaction, une correspondance a été envoyée à Londres. Le Premier ministre a menacé de cesser les discussions bilatérales et d’enclencher les procédures devant les Nations unies bien avant juin. Le 9 novembre, une première réunion avait eu lieu entre des officiels britanniques et mauriciens à Port-Louis, pour discuter de la revendication mauricienne. Une seconde rencontre doit avoir lieu à Londres ce mois-ci ou en janvier. « Ils n’ont pas encore fixé de date, mais il est clair qu’ils ne respectent pas leurs promesses. On leur donne cependant une autre chance. Si cette fois, ils maintiennent leur position, ce sera la fin des discussions et nous irons aux Nations unies », a précisé SAJ.
Le renouvellement automatique du bail de Diego Garcia aux Américains par les Britanniques pour 20 ans sans informer Maurice est « une preuve de leurs intentions malhonnêtes. Cela démontre une fois de plus leur mauvaise foi », estime le Premier ministre. Maurice, selon sir Anerood Jugnauth, aurait dû être consulté, compte tenu des conclusions du tribunal arbitral du 18 mars 2015 sur la Convention des droits de la mer.
Questions au premier ministre
150 mineurs arrêtés pour des délits de drogue
Depuis 2014, la police a arrêté 150 mineurs pour des délits liées à la drogue. Le Premier ministre sir Anerood Jugnauth a révélé le chiffre à l’Assemblée nationale, mardi, à la suite d’une question d’Aadil Ameer Meea, député du MMM. Cette année aura été la plus prolifique en matière d’arrestations de mineurs. De janvier au 24 novembre 2016, 58 cas ont été enregistrés, contre 49 en 2015 et 43 en 2014.
« Je suis conscient du problème de trafic et de consommation de drogue parmi la population et chez les jeunes. C’est dans cet esprit que le Prime Minister’s Office (PMO) approchera l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, afin d’élaborer un plan directeur national de contrôle de drogue », a expliqué SAJ. Cela se fera en consultation avec tous les partenaires dans la lutte contre les stupéfiants, dont la police, les ministères de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports, de l’Égalité des genres, de la Santé et de l’Intégration sociale, entre autres.
Depuis avril, le ministère de l’Éducation, en partenariat avec celui de la Santé, a commencé une campagne de prévention dans les collèges. Jusqu’ici, 21 129 élèves ont été touchés.
SAJ : «Maunthrooa est quelqu’un de compétent»
Interrogé par Rajesh Bhagwan, Whip de l’opposition, sur Prakash Maunthrooa, Senior Adviser au Bureau du Premier ministre, le chef du gouvernement a affirmé que « c’est quelqu’un de compétent ».
Alors que Rajesh Bhagwan a demandé s’il est « normal que quelqu’un qui fait face à une affaire de corruption, en l’occurrence le cas Boskalis qui est devant une instance judiciaire, aille en mission officielle avec le ministre des Finances pour rencontrer le Premier ministre indien, Narendra Modi », sir Anerood Jugnauth a répondu : « Je ne sais pas quoi dire à cet effet. » Mais, il a souligné par la suite que Prakash Maunthrooa jouit de la présomption d’innocence.
Le Premier ministre a confirmé que Prakash Maunthrooa a voyagé à deux reprises avec un passeport diplomatique. La première fois, du 26 octobre au 4 novembre 2015, en tant que membre de sa délégation à New Delhi et à Mumbai, et une seconde fois du 7 au 18 septembre dernier à Singapour faisant partie de la délégation dirigée par le ministre des Finances. « Ceci est conforme avec une pratique en cours depuis longtemps qui veut que les Senior Advisers du Premier ministre voyagent avec un passeport diplomatique quand ils partent en mission officielle. »
Rs 18,8 millions envoyées aux prisonniers
Depuis 2013, les détenus ont accusé réception de Rs 18,8 millions par voie postale. Ces trois dernières années, ils sont 3 200 à avoir reçu de l’argent de cette manière.
« Le montant perçu par les prisonniers n’était pas en cash, mais par le biais de Postal Money Orders en conformité avec les dispositions de l’article 30 des Prisons Regulations 1989 », a expliqué sir Anerood Jugnauth (SAJ), en réponse à une question d’Aadil Ameer Meea, député du Mouvement militant mauricien (MMM). Rien d’illégal donc, a précisé le chef du gouvernement.
Pour des raisons de sécurité et afin de traquer des transactions suspicieuses, « il est important que l’identité de celui qui envoie l’argent soit établie. Dans la pratique, l’expéditeur doit mettre son nom sur l’enveloppe contenant le mandat postal, mais étant donné que l’envoyeur lui-même écrit son nom sur l’enveloppe, il n’y a aucune garantie que le nom inscrit est le vrai », a concédé SAJ. Et de préciser qu’il « peut y avoir eu des cas où les envoyeurs ont utilisé des noms fictifs ».
La Mauritius Post est en train de revoir le processus traitant des Postal Money Orders afin d’avoir un meilleur contrôle et suivi. Il a été proposé que ce soit un officier de la poste qui inscrive le nom de l’expéditeur sur le mandat postal.
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