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Djay Imrith - Maître tailleur en France : «J’ai habillé deux présidents français»

Djay devant une de ses boutiques Djay Grande Mesure.

À 51 ans, Djay Imrith gère deux boutiques Djay Grande Mesure, à Paris. Le maître tailleur mauricien a habillé deux anciens présidents français, des ministres étrangers, des familles royales, des acteurs et des avocats de renom.

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Djay Imrith souhaite désormais proposer quelques-unes de ses pièces dans certains hôtels de l’île. Après avoir passé quelques jours de vacances dans sa résidence à Trou-aux-Biches, il s’est envolé pour l’Afrique. Il va y rencontrer quelques ministres. Ces derniers veulent se faire tailler un costume sur mesure. Des personnalités de différents pays font appel au maître tailleur. Djay, de son vrai nom Shanjay, vit son rêve tous les jours.

Il y a 35 ans, ce natif de Sébastopol voit les choses en grand. Il n’a alors que 15 ans. Il veut à tout prix faire carrière dans la mode et la haute couture. Il rêve de se faire connaître en France.

Djay dans son atelier.

« Nous étions une famille modeste. Mes parents bossaient dur pour joindre les deux bouts. Ils ont toujours donné la priorité à l’éducation de mon frère aîné. Je passais la majeure partie de mon temps chez Mawsa (oncle). C’était un tailleur très réputé à Montagne-Blanche », raconte-t-il.

Il observe chaque fait et geste de son oncle. Petit à petit, le jeune Djay développe une passion pour la coupe et la couture. « J’ai toujours accordé une importance particulière à mes vêtements. Je prends plaisir à m’habiller dans un style chic et élégant. J’ai alors commencé par coudre mes habits. Mawsa m’a initié aux techniques anglaises », relate le cadet d’une fratrie de six enfants. Ensuite, il met fin à sa scolarité.

De Sébastopol à Paris

Djay aux côtés de ses deux filles et de son gendre.

Un an plus tard, Djay décide de se rendre à Paris, la capitale de la mode et du luxe. « Je dévorais les magazines de mode. Un jour, j’ai découvert une annonce d’une école technique dans une des publications. Je n’ai pas tardé à envoyer ma candidature. Quelque temps après, j’ai appris que j’étais retenu. J’ai payé le voyage à partir de mes économies et celles de mon père. Cela devait coûter aux alentours de Rs 75 000 », ajoute-t-il.

En 1982, il part avec un groupe de jeunes Mauriciens. Il effectue ainsi son premier voyage à l’étranger. Dans un premier temps, le groupe est hébergé chez une famille mauricienne. Trois mois plus tard, il a envie d’être indépendant et loue un studio.

« Au même moment, l’école décide de m’envoyer travailler chez de grands maîtres tailleurs. Elle était satisfaite de mes résultats. J’ai travaillé notamment sous la houlette de Jack Taylor et Francesco Smalto, pendant trois ans », dit-il.

En 1986, Djay rencontre Shivrani, qui allait devenir son épouse. La Mauricienne étudie également la couture à Paris. Les tourtereaux se disent oui en 1987. Il décroche son diplôme de l’Académie de la Coupe à l’âge de 25 ans.

« J’ai galéré avant d’y parvenir. J’ai dû enchaîner les petits boulots dans des confections et je devais rembourser les dettes de mon père », confie-t-il. Puis, Djay obtient un emploi chez Dells. Il dirige une équipe de 27 personnes pendant sept années. Avant de prendre sa retraite, son patron lui conseille de se mettre à son compte. « C’était mon rêve et je l’ai réalisé », dit-il avec le sourire. Ainsi, à 28 ans, il ouvre son premier atelier à Paris, dans le 9e arrondissement. Trois ans après, il bouge vers le 8e arrondissement et y installe sa boutique.

J’ai toujours visé une clientèle haut de gamme. J’étudie d’abord la personnalité de mon client et à partir de là, je le conseille sur les tissus, la couleur, la coupe et le style, entre autres »

« J’ai toujours visé une clientèle haut de gamme. J’étudie d’abord la personnalité de mon client et à partir de là, je le conseille sur les tissus, la couleur, la coupe et le style, entre autres. Après avoir pris les mesures, je conçois un buste. Par la suite, je m’adonne à la couture », soutient Djay. Il dispose aussi d’un laboratoire de coupe. Il ouvre sa deuxième boutique en 2008, à place de la Concorde.

Deux présidents français

Djay habille les ministres étrangers, des avocats, des familles royales et des Mauriciens.

Djay a eu l’occasion de travailler avec deux présidents français. L’un était en poste de 1981 à 1995 et l’autre de 2007 à 2012. « Ils sont tous les deux sympathiques, gentils et souriants. Pour le premier, j’ai fait trois costumes en 1989-1990, alors que pour le deuxième, j’ai conçu une quinzaine de costumes en quatre ans », confie-t-il.

En 1994, il confectionne un costume pour le chanteur français Johnny Hallyday. Il a travaillé également avec des familles royales du Maroc et Alain Bensoussan, avocat et spécialiste en droit des nouvelles technologies de l’informatique et de la communication.

« Ma clientèle est d’ailleurs largement composée d’hommes de loi. Ils sont plus populaires que les politiciens en France », fait-il ressortir. Un costume peut coûter entre 4 000 à 15 000 euros. Le maître compte aussi des politiciens et des avocats mauriciens dans sa clientèle.

Aujourd’hui, il a treize employés. Son épouse s’occupe de la comptabilité et du secrétariat. Le couple a deux filles de 24 et 18 ans. Outre la haute couture, il aime découvrir les restaurants 4 et 5-étoiles. Il collectionne les montres et les voitures de luxe. Il roule actuellement dans une Jaguar XJ.

« Depuis un an, je me penche sur un projet. Je veux proposer quelques-unes de mes pièces dans certains hôtels de l’île », dit-il.

 

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