Symbole phare de la fête de Divali, la lampe de terre, dit diya, est très demandée en ce moment. Plusieurs milliers en sont fabriqués par jour, malgré l’arrivée des lampes électriques. Incursion dans le monde de la fabrication des diyas…
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"4039","attributes":{"class":"media-image wp-image-6182","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"481","alt":"Diyas"}}]] Krishna glissant une poignée de boue dans les rouleaux.<
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La famille Ragoobar en est à la quatrième génération à fabriquer des lampes en terre cuite. Son atelier de fabrication, National Pottery, se trouve à Arsenal, petit village dans le Nord du pays, connu pour son sol argileux. Cette entreprise est gérée par Rajawantee Ragoobar, 71 ans. Chacun de ses pas est guidé par la canne sur laquelle elle s’appuie. C’est avec grand plaisir qu’elle demande à Krishna de nous montrer les étapes de fabrication.
Essuyant ses mains toutes boueuses sur son short rouge, ce dernier s’exécute. Il nous dirige vers l’arrière de la maison des Ragoobar et nous montre une parcelle de terrain où est extraite later gra, qui sera utilisée dans la fabrication des diyas. « Arsenal est l’un des rares endroits à Maurice à avoir de la terre d’argile. Mais, avec les projets de construction qui se multiplient ces dernières années, ce type de terre se raréfie et il nous faut en acheter », explique Krishna.
Ensuite, cette terre est mélangée avec de la poussière de rocksand. À l’issue du pétrissage, le mélange est placé dans un bassin d’eau pendant toute une nuit. Le lendemain, la matière est amassée sous un couvert en plastique. Puis, Krishna en retire une boule de terre humide, qu’il fera glisser entre deux rouleaux métalliques. « Cette étape est cruciale. Elle permet d’éliminer les particules étrangères présentes dans la terre. Celle-ci doit être lisse, afin d’éviter que le potier se blesse », dit-il.
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Prochaine étape: le modelage
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"4037","attributes":{"class":"media-image wp-image-6180","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"225","alt":"Diyas"}}]] Rishi façonne les lampes depuis 5 ans.
Une fois cette procédure terminée, Rajawantee Ragoobar nous demande de nous rendre à l’atelier de son fils, Sassan, qui se trouve à quelques kilomètres du sien pour la prochaine étape. Là-bas, trois potiers travaillent l’amas de boue sur une « tour électrique », afin de modeler les petites lampes. Assis sur une table, Rishi nous confie qu’il pratique ce métier depuis cinq ans. Il a appris la poterie depuis plus d’une dizaine d’années avec Sassan, son patron.
Appuyant le pouce droit sur le haut de la tour, il travaille, de bas en haut, la colonne de boue. À des intervalles, il trempe sa main dans un bol d’eau. Il la façonne avec l’extrémité de ses doigts, avant de prendre une corde avec laquelle il coupe la base de la lampe. Toujours avec le pouce, il trace un « v » sur la lampe fraîchement élaborée.
Le potier ajoute que depuis un mois, il travaille de 8 heures à 18 h 30 afin de produire le maximum de diyas pour satisfaire les commandes. « Ce n’est pas un métier difficile. Toutefois, il faut faire attention aux cailloux ou autres lames, que peut contenir l’argile, car nous risquons de nous blesser », souligne Rishi. La lampe toute luisante est, par la suite, placée aux côtés de ses semblables et autres modèles sur une planche en bois, afin qu’elles sèchent. Quatre jours plus tard, elles seront ensuite mises au four.
100 à 200 mille lampes fabriquées par jour
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"4038","attributes":{"class":"media-image wp-image-6181","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"225","alt":"Diyas"}}]] Sassan devant un des deux fours pour faire cuire les lampes.
Plus loin, Sassan rassemble des morceaux de bois pour allumer le feu sous un des deux fours en béton. « Il doit y avoir 10 000 lampes dans ce four. Elles sont cuites pendant deux jours à une température oscillant entre 900ºC et 1 000ºC. La cuisson a pour but de raffermir et endurcir les produits, car l’argile est une matière fragile. Les lampes en terre cuite durent plusieurs années et ne risquent pas de se briser facilement », lance le sexagénaire.
Ce n’est que deux jours après que les lampes vont se refroidir complètement. « Certaines auront des fissures et d’autres se briseront en morceaux. Elles seront de ce fait inutiles et il va falloir s’en débarrasser », indique-t-il, avant d’ajouter qu’ils fabriquent entre 100 000 à 200 000 lampes par jour.
L’étape finale comprend la décoration des diyas. « Autrefois, les gens se contentaient de la couleur naturelle de la lampe. Tel n’est plus le cas. Nous proposons donc des lampes décoratives. La majorité d’entre elles est peinte rouge, car il s’agit d’une couleur symbolique dans l’hindouisme », soutient Sassan.
Si la petite lampe classique est à Rs 1.50, celle de couleur coûte Rs 3. « La poterie est un des rares domaines où le travail manuel domine toujours. J’ai légué cette passion à mon fils. Il se charge de tout. C’est dommage que les jeunes s’intéressent très peu à la poterie », conclut Sassan.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !