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Disparition: les procédures de recherche

L’actualité cette semaine a été marquée par la disparition de la fille de Danrajsingh Aubeeluck et les rebondissements dans celle d’Ackmez Aumeer. Ces cas ont poussé plusieurs à remettre en question l’efficacité des méthodes utilisées pour retracer les personnes portées manquantes. Comment ça se passe dans l’action ? Nous vivons dans une petite île avec seulement 1,3 million d’habitants. Comment se fait-il que des personnes soient portées manquantes pendant plusieurs années ? Cette question, ils sont nombreux les proches de personnes disparues à se la poser. Ces derniers pointent du doigt la lenteur des procédures et le système mis en place par la police.
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"4273","attributes":{"class":"media-image wp-image-6612","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"350","height":"504","alt":"Danrajsingh Aubeeluck"}}]] Danrajsingh Aubeeluck, leader du Party Malin

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/div> « Il y a trop d’étapes qui font perdre du temps aux enquêteurs », lance Danrajsingh Aubeeluck, leader du Party Malin. Sa fille âgée de 16 ans a été portée manquante du lundi 9 au vendredi 13 novembre, jour où elle a été retrouvée. Bien placé pour le savoir, il soutient que le système enclenché en cas de disparition d’une personne comporte de nombreuses lacunes. Ce qui, selon lui, complique le processus de recherche. « Depuis la disparition de ma fille, nous sommes restés sur notre garde et, à la moindre information, notre premier réflexe était de contacter la police en croyant que les enquêteurs vont activer les recherches. Mais nous sommes déçus par la lenteur des procédures. À mon avis, quand une personne disparaît, chaque minute compte. On ne peut pas se permettre de perdre du temps dans la paperasse », martèle-t-il. Danrajsingh Aubeeluck soutient que les enquêteurs n’ont que très peu de pouvoir de décision. « Ils doivent avoir la permission de leurs supérieurs pour agir. Rien n’est simple et le protocole est bien trop long. Nous ignorons dans quel état se trouve la personne disparue. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas perdre du temps dans les procédures », déplore-t-il. Notre interlocuteur soutient que les autorités concernées doivent mettre en place un système d’analyse d’information rapide. Selon lui, il faut que les enquêteurs soient plus proactifs. « Les enquêteurs doivent être libres de prendre des décisions qu’ils estiment importantes dans la recherche d’une personne portée manquante. C’est tout un système qu’il faut revoir », lance ce dernier.

Faire une différence

La rapidité des procédures pourrait justement faire la différence, souligne pour sa part Anne-Marie Bignoux, dont le beau-frère – Wilby Bignoux – était porté manquant en 2012, jusqu’à la découverte de ses ossements deux mois après. Ce dernier vivait dans la région de Plein-Bois. « Lorsqu’on a rapporté sa disparition, les policiers ont pris beaucoup de temps avant de commencer les recherches. Nous sommes conscients qu’ils ont d’autres dossiers importants à gérer mais, dans les cas de disparition, la vie de la personne disparue peut être en danger. Il faut pouvoir agir promptement », regrette-t-elle. La thèse de suicide, indique notre interlocutrice, avait alors été privilégiée par les enquêteurs. Toutefois, se demande Anne-Marie perplexe, on aurait pu peut-être l’empêcher de commettre l’irréparable s’il avait été retrouvé à temps. « On ne sait pas si nos efforts auraient pu lui sauver la vie. Mais l’endroit où on a retrouvé ses ossements n’avait pas été parcouru. On aurait pu au moins retrouver son corps et non ses ossements », soutient-elle.

Moderniser le système

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"4274","attributes":{"class":"media-image wp-image-6613","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"350","height":"421","alt":"Ackmez Aumeer"}}]] Ackmez Aumeer

C’est aussi le cri de cœur des Aumeer depuis des années, soit depuis la disparation de l’un des leurs – Ackmez – en janvier 2003, alors qu’il était âgé de 9 ans. La semaine dernière, cette famille a été bouleversée par un scénario peu ordinaire. Une personne se faisant passer pour le disparu, aurait appelé chez elle prétendant être retenue en otage dans une maison dans l’est du pays. Cet appel aurait dû être filtré, tonne Jabeer Aumeer, le frère d’Ackmez. Selon lui, il serait grand temps que les enquêteurs fassent usage d’outils modernes. « Il existe toute une panoplie d’outils informatiques qui peuvent aider à retracer une personne portée manquante. Nous avons, à plusieurs reprises, reçu des appels anonymes, mais rien n’a été fait pour essayer de retracer les auteurs », confie-t-il, indigné. Pourquoi ne pas utiliser un système de filtrage pour les appels ? se demande le jeune homme. « C’est une pratique qui se fait normalement dans d’autres pays. Pourquoi pas ici ? À chaque fois, on nous demande de repasser par les mêmes procédures et cela devient contraignant à la longue, en sus de nous faire perdre du temps », tonne Jabeer Aumeer.

Avoir recours à un profiler

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"4275","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-6614","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"960","height":"626","alt":"Sanstoupet"}}]] Les Sanstoupet toujours dans le flou.

[padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1] Jeannine Sanstoupet insiste, elle, sur l’importance de la police d’établir le profil de la personne porté manquante. Cette sexagénaire, éprouvée par la maladie, ne se souvient plus de la date de la disparition de son fils Noël Christian, plus connu comme Gaspard, ni l’âge qu’il aurait eu aujourd’hui. Il avait, selon des coupures de presse, une trentaine d’années au moment de sa disparition en 2005. Si Jeannine se dit pour sa part satisfaite de l’aide qu’elle a eue de la police, elle avance toutefois que cette dernière aurait dû s’attarder un peu plus sur le profil de son fils. « Gaspard suivait un traitement à l’hôpital psychiatrique. Le jour où il a disparu, nous nous étions rendus à l’hôpital pour son traitement. Comment une personne peut-elle disparaître aussi facilement ? Je pense qu’on aurait dû s’attarder plus longuement sur son état mental et agir en conséquence », dit-elle. Les informations fusaient de toutes parts après la disparition du jeune homme ; plusieurs personnes affirmaient l’avoir aperçu. Mais à ce jour, Gaspard ne donne toujours pas signe de vie et les questions ne cessent de turlupiner la vieille dame. « Mon fils est-il toujours dans son état normal ? Est-il maître de ses décisions ? Ces questions me trottent à la tête depuis des années. Les enquêteurs ont fait de leur mieux, certes, mais leur champ d’action est quand même limité. Il faudrait avoir recours à un profiler afin d’appréhender les actions des personnes portées disparues », lance la dame.
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La police en action

Les cas de disparition sont traités avec une attention particulière, fait ressortir l’inspecteur Shiva Cooten, responsable du bureau de Presse de la Police. Ce dernier ajoute que la police met les bouchées doubles lorsqu’il s’agit d’enfants ou des personnes malades. « Lorsqu’une disparition est signalée à la police, les premiers éléments requis pour l’enquête sont une photo récente de la personne portée manquante et la déclaration des proches. Ces derniers doivent donner des descriptions, comme un signe particulier ou les vêtements que portait la personne disparue la dernière fois qu’elle a été vue », indique-t-il. Par la suite, poursuit l’inspecteur, la photo ainsi qu’une description détaillée de la personne portée manquante paraît dans la Daily Police Gazette. « Nous lançons aussi un appel à tous les postes de police du pays. Ensuite, la presse écrite et parlée diffusera l’information dans les heures qui suivent. En parallèle, des équipes sont dépêchées pour patrouiller dans différentes régions du pays, selon les habitudes et itinéraires de la personne portée manquante », précise-t-il. Cependant, l’inspecteur Shiva Cooten soutient également que plusieurs cas de disparition s’avèrent être des fugues. « Bon nombre de mineurs ou de couples font passer leur fugue pour une disparition », dit-il. [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]
   

Médias et public entrent en jeu

La presse écrite et parlée est d’un grand soutien quand il s’agit d’entamer les démarches pour retrouver une personne portée manquante, selon l’inspecteur Shiva Cooten. « Les médias jouent un rôle important dans le processus de recherche. De plus, avec la technologie, les réseaux sociaux sont d’un apport considérable, car la photo et la description de la personne portée disparue font le tour de la Toile en un clic et ciblent, ainsi, davantage de personnes », souligne notre interlocuteur. Toutefois, l’inspecteur déplore le fait que certains Mauriciens restent indifférents. « Le public a le droit moral d’aider la police à retrouver une personne disparue. Il y a toute une éducation à faire à ce niveau. C’est une bataille perdue d’avance si nous n’avons pas la collaboration de la population », dit-il. Notre interlocuteur affirme que la police considère que l’affaire est bouclée si la personne n’a pas été retrouvée après sept ans. Or, le dossier est souvent rouvert en cas d’éléments nouveaux.
 

Que dit le Code civil mauricien ?

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"4279","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-6619","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"788","height":"322","alt":"Code civil"}}]] Les points suivants sont évoqués dans le Code civil mauricien, sous le « Titre Quatrième » (Article 4 de l’Acte 25 de 1981) qui s’intitule « De l’absence et de la disparition ». « Partie 112: Lorsqu’une personne a cessé de paraître au lieu de son domicile ou de sa résidence sans que l’on en ait eu de nouvelles, le juge en Chambre peut, à la demande des parties intéressées ou du ministère public, constater qu’il y a présomption d’absence. Partie 118: Si un présumé absent reparaît ou donne de ses nouvelles, il est, sur sa demande, mis fin par le juge aux mesures prises pour sa représentation et l’administration de ses biens ; il recouvre alors les biens gérés ou acquis pour son compte durant la période de l’absence. Partie 122: Lorsqu’il se sera écoulé trois ans depuis la décision qui a constaté la présomption d’absence, l’absence pourra être déclarée par le juge en Chambre à la requête de toute personne intéressée ou du Ministère Public. II en sera de même quand, à défaut d’une telle constatation, la personne aura cessé de paraître au lieu de son domicile ou de sa résidence, sans que l’on en ait eu de nouvelles depuis plus de cinq ans. Partie 128: La décision déclarative d’absence emporte, à partir de la transcription, tous les effets que le décès établi de l’absent aurait eus. Les mesures prises pour l’administration des biens de l’absent conformément à la section première du présent chapitre prennent fin sauf décision contraire du juge en Chambre. Le conjoint de l’absent peut contracter un nouveau mariage. Partie 132: Le mariage de l’absent reste dissous, même si la décision déclarative d’absence a été annulée. »
   

Les moyens déployés ailleurs

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"4278","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-6618","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"197","alt":"Disparition"}}]]Aux États-Unis et en France, le dispositif Alerte Enlèvement est parmi les moyens les plus efficaces dans le processus de recherche. Créé en 2006, le plan Alerte Enlèvement qui est un dispositif d’alerte massive a grandement contribué à retrouver des enfants. Selon les enquêteurs, les premières 24 heures après la disparition d’un enfant sont cruciales pour sa survie. Des appels sont lancés continuellement à la radio, à la télévision et sur des sites Internet, entre autres, pour mobiliser la population à la recherche de l’enfant.
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